Crime de pensée

par Rémy Mahoudeaux
samedi 24 décembre 2022

Comment ne pas évoquer George Orwell et sa dystopie 1984 où la déviance de la pensée est traquée, rééduquée puis sanctionnée avec la plus grande cruauté ? Une femme, Isabel Vaughan-Spruce, a été arrêtée à Birmingham le 20 décembre dernier1. Elle s’est tenue silencieusement, sans signe distinctif, à proximité d’un centre hospitalier où se pratiquent des avortements. Elle a admis avoir prié dans l’intimité de son esprit. Dénoncée, la police l’a embarquée, interrogée, fouillée, inculpée. Il faut dire que la municipalité de Birmingham a décidé de créer des « zones de censure » où il est interdit d’agir ou de tenter d’agir pour approuver ou désapprouver l’avortement, que ce soit en parole, par écrit, en priant ou via des conseil. Sa remise en liberté conditionnelle a été assortie entre autres d’une interdiction de contacter un prêtre notoirement investi dans le mouvement pro-vie. Ce n’est pas le premier incident de ce genre en Angleterre. D’autres municipalités ont aussi inventé ces territoires où la liberté de penser et de prier ne serait plus garantie, et où des policiers chassent ceux qui prient plutôt que des malfrats. Pire, des parlementaires envisagent d’étendre à l’ensemble des territoires anglais et gallois ces créations de zones de censure. Jusqu’à 150 mètres autour des centres d’avortement, il serait interdit d’influencer, de conseiller, d’informer, de simplement stationner ou d’exprimer une opinion devenue interdite. Ils admettent cependant qu’ils pourraient être déboutés par la très controversée CEDH.

L’avortement n’est peut-être ici, à bien y réfléchir, que le sujet qui déclenche le plus d’hystérie. Les états occidentaux énoncent les doxas sanitaires, géopolitiques ou sociétales, et orchestrent à grand coup de pathos les « lynchages » des dissidents via les médias sociaux ou non, ou plus sournoisement criminalisent ces dissidents via des lois et règlements qui feraient rougir de honte le moindre démocrate.

Ne croyons pas qu’en France nous soyons exempts de critiques. Pour mémoire en 2013, il y a avait ce quidam en pull décontracté à capuche siglé la Manif pour Tous, arrêté et écopant d’un Procès-Verbal à cause de sa tenue à proximité du Sénat2, ou alors cette anecdote où le policier préfère contrôler un porteur de ce même hautement vêtement subversif (mais d’un mouvement résolument pacifique) qu’un présumé séditieux arborant fièrement un bonnet rouge3.

Dans un monde où une majorité soumise à la doxa voit éclore des vocations de délateurs, de kapos et d’autres collabos, les mots de François-René de Chateaubriand peuvent nous inciter à mesurer nos réactions : « Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux ».

Est-il encore permis de dénoncer le monde totalitaire qui se prépare avec ce qu’il sera permis de penser et ce qui sera litigieux ou interdit ? En fait qu’importe que ce soit interdit ou non. Il vient un moment où seule la dissidence ouverte, franche, avouée et assumée est honorable. J’emmerde tous les laïcards qui voudraient m’interdire de penser, de témoigner ou de prier où je veux, quand je veux, si je veux. Et Joyeux Noël ! 

(Cliché © adf.uk 2022 réutilisable gratuitement en impresion ou en ligne seulement dans le contexte de cette histoire)

 

1https://adf.uk/woman-charged-for-thoughtcrime/ | https://www.foxnews.com/media/pro-life-activist-arrested-praying-silently-near-abortion-facility

2https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/04/08/01016-20130408ARTFIG00579-proces-verbaux-en-serie-pour-le-port-du-sweat-shirt-de-la-manif-pour-tous.php

3https://www.bvoltaire.fr/salon-beige-gagne-cassation-desesperer-de-justice-nest-obligatoire/


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