Crise agricole : Partie 2 Existe-t-il des solutions ?

par exosphene
lundi 26 février 2024

Peut-être est-il temps de changer l'approche du problème pour s'ouvrir à des solutions de bon sens.

Un peu d’objectivité sur la réalité du contexte général

En pareilles circonstances de crise et devant un problème qui semble être insoluble, il est temps de changer l’approche des questions. Peut-être serait-il utile de regarder cette stratégie agricole dans le contexte global où elle se déroule. Il n’est pas inintéressant de regarder du côté de l’Ukraine et des produits que l’on importe à des tarifs défiants toute concurrence pour « soutenir l’effort de guerre ».

Sans entrer sur le fond ni la forme du conflit Russo-Ukrainien, qui mérite à lui seul un traitement tout particulier pour en apprécier la substance, je me cantonnerai à en considérer une approche globale pour situer la crise qui en résulte. Cette Ukraine, est le produit de l’effondrement de l’empire soviétique et du puzzle ethnique qui la constitue. Libérée de l’autorité idéologique qui la maintenait unifiée, doit se réinventer une identité. Et c’est bien là que commence le problème car il n’y a jamais eu vraiment de volonté entre ces communautés, d’effacer les rancœurs populaires, pour fédérer un sentiment d’unité nationale. L’occident n’aura pas eu à souffler bien longtemps sur les braises du passé pour raviver le feu des haines séculaires.

Au vu du traitement pour le moins partisan des informations de nos médias de grand chemin, il devient urgent de reconsidérer le point de vue Européiste, fondamentalement épidermique à toute autre forme d’approche, tant il la perçoit comme une entrave à son développement qui passe par la destruction des états-nations. Cependant les perspectives de ce conflit au regard des aides qui l’alimentent, s’avèrent totalement contre-productives tant sur le terrain que sur le plan économique. Même si nos médias ne le disent encore que du bout des lèvres il est évident, pour de nombreux experts internationaux que l’Ukraine, compte tenu de l’évolution du contexte géopolitique et du regard que posent aujourd’hui ses soutiens au vu de leurs intérêts, est d’ores et déjà en incapacité logistique de regagner les territoires perdus et qu’elle sera forcée de se plier à une négociation pour sa survie dans les pires conditions sous la menace de la coupure du robinet des aides.

Il est évident qu’entretenir le conflit Russo-Ukrainien ne nous est d’aucune utilité, n’en déplaise à notre génie de l’économie toujours persuadé que sa stratégie va couler l’économie russe (les projections économiques prévoient pour la Russie une croissance de 3,6% du PIB, la zone UE 0,8%). Il serait peut-être temps d’arrêter les frais en optant pour une solution diplomatique beaucoup plus constructive. Parce que les sanctions contre la Russie nous ont coûté un pognon de dingue. Pour le pognon le problème est bientôt résolu, une bonne partie des Français en étant à faire les fonds de tiroirs, par contre le dingue on l’a toujours. Et nos agriculteurs sont en premières lignes pour ne pas dire dans sa ligne de mire dans son délire d’économie de guerre, alors qu’ils ont avant tant besoin qu’on leur fiche la paix pour pouvoir vivre de leur travail.

Peut-on imaginer des solutions nationales contrevenant aux directives de l’UE ?

Considérant cette réalité « vérifiable dans les faits » de ce contexte, il serait temps de regarder les choses en face. Si l’on peut craquer des milliards pour soutenir un pays qui ne fait ni partie de l’UE ni de l’OTAN, plutôt que dépenser de l’argent dans un conflit qui ne nous concerne pas, pourquoi ne l’utiliserait-on pas pour aider ceux qui nous nourrissent tous les jours ? C’est-à-dire nos agriculteurs et parer ainsi à la criticité de l’urgence qui les menace, mais surtout, au véritable problème de fond qui s’ouvre à nous : La préservation de notre indépendance alimentaire. Tant sur le plan quantitatif que qualitatif.

Imaginons que l’on consacre juste 1 milliard à l’agriculture. * (Petit rappel : Sans même taper dans le budget de l’état dédié aux affaires militaires il est peut-être utile de se souvenir que la cour des comptes estime que l’évasion fiscale en France est de l’ordre de 100 Milliards/an, avec la bénédiction de l’inaction de l’UE sur cette question). Sachant qu’on a 389800 exploitations agricoles

1 milliard / 389800 = 2565 € / an / exploitation soit 214 € /mois / exploitation

Alors plutôt que de promouvoir une économie de guerre en fournissant des armes, ne serait-il pas plus intelligent d’investir dans une économie de paix en garantissant la potentialité nécessaire à notre indépendance alimentaire. Pourquoi ne donnerait-on pas un fixe mensuel à chaque exploitant au titre d’un statut d’utilité publique et stratégique afin de préserver l’indépendance alimentaire de la France ? Au nom de quoi l’UE pourrait-elle s’y opposer si ce n’est au nom d’un principe similaire a celui du marché de l’électricité qui fait exploser nos factures et nous fait claquer nos dents. L’agriculture fait aussi partie de cette guerre de l’énergie, il y a une chose qu’il ne faut jamais oublier, le première source d’énergie indispensable à l’homme est ce qu’il mange. Voyez ce qu’il en coûte de perdre notre indépendance énergétique au niveau électrique, imaginez ce que cela donnera au niveau alimentaire. 

En mesures d’urgences : Ce genre de proposition me parait plus à même de répondre à la colère et au désespoir qui justement soulèvent cette réalité stratégique. Et que l’on ne vienne pas me dire que ce n’est pas possible, si on peut le faire pour une guerre qui ne nous regarde pas en Ukraine, on peut tout aussi bien le faire pour nos agriculteurs. 

Après, c’est évident qu’il y a du ménage à faire en termes de redistribution des primes de la PAC et sur les clauses des accords de marchés. Mais avant d’attaquer ces questions, il y a une évidence qui se dégage, si l’agriculture peut servir de variable d’ajustement économique, elle ne doit en aucun cas pouvoir outrepasser une marge de manœuvre raisonnable et elle se doit d’être définie, de sorte qu’elle ne puisse jamais devenir un outil subversif de pression contre sa population en jouant de textes visant à détourner la qualité et la quantité des produits nécessaires à son indépendance alimentaire, et cela doit être inscrit impérativement dans notre Constitution Française. Au risque de voir un jour un Holodomor, au nom d’un changement de modèle décrété par Bruxelles pour, favoriser l’implantation de fermes à protéines où l’on élève les insectes, et des industries fabriquant de la viande synthétique. Car, le risque est grand de voir des multinationales s’approprier les terres, faute de repreneurs et s’en servir pour cultiver des produits d’exportation en pourrissant les sols de produits toxiques, mais surtout, en n’ayant aucune obligation à permettre aux populations locales de subvenir à leurs propres besoins alimentaires. Actuellement aucune disposition légale n’interdit cette possibilité dans notre constitution !!!

C’est pourquoi il n’est pas absurde d’imaginer la création d’un fonds de garanties Agriculteurs Statutaires pour défendre notre indépendance alimentaire et préserver nos ressources naturelles, notamment l’eau. La question étant de savoir qu’elle est le montant judicieux à lui accorder et les mesures pertinentes à y adjoindre pour en garantir le principe, comme interdire la vente des terrains agricoles estimés essentiels à notre indépendance alimentaire, à toutes personnes non statutaires ou encore définir une limitation de surface agricole par exploitations, pour garantir la pérennité de la multiplicité des exploitations et des compétences et ainsi, éviter les situations de monopole avec le risque systémique qu’elles représentent.

A l’heure du choix : Robustesse ou Performance

Il y a bien d’autres choses à imaginer pour sécuriser un tel système sur le plan technique, mais mon propos va dans le sens d’une vue globale qui dépasse largement le secteur agricole. Elle nous invite à se poser la question d’équilibrer la dynamique de performance à celle de la robustesse. C’est la question que cristallise, sur le fond, le conflit Ukrainien dans sa réalité du terrain où, la technicité, la complexité du matériel occidental posent beaucoup trop de problème de compatibilité, d’adaptabilité, d’accessibilité, d’approvisionnement, de personnel qualifié et se heurtent à la robustesse du système de défense russe plus réaliste, mieux adapté grâce à l’homogénéité conceptuelle de ces systèmes, bien coordonnés et où sa logistique d’approvisionnement a montré une capacité réactionnelle impressionnante pour tenir un front de plus de 1000 Km qui dure dans le temps. En même situation la France avec son unique capacité ne tiendrait pas plus de 2 semaines pourquoi ? Parce que les états se sont spécialisés dans telle ou telle production et sont interdépendants. Il suffit qu’un élément de la chaîne tombe en panne et c’est toute la chaîne d’approvisionnement qui s’arrête. Tout système performant est par nature fragile et se base sur la notion de compétition a contrario d’un système robuste qui se nourrit du principe de complémentarité. Ce sont fondamentalement ces deux principes, performance contre complémentarité qui s’opposent dans TOUTE l’actualité de notre temps.

Les guerres ont toujours été des catalyseurs de progrès, tout simplement parce qu’elles invitent à aller à l’essentiel : SURVIVRE. Les russes ont fait un bond technologique économique et diplomatique considérable depuis le début de ce conflit, mais nous, l’UE, quel bond nous a-t-elle apporté ? A part découvrir que l’UE est à l’image de l’Ukraine, une fausse réalité conceptuelle qui n’a pas d’identité propre et dont le leadership est tenu par des personnes qui profitent des divergences d’intérêts des états qui la composent pour les opposer afin de les soumettre à une nouvelle idéologie « mondialiste », avec exactement les mêmes méthodes aussi folles que mortifères utilisées par les nazis ou les soviétiques pour imposer leur modèle.

Ceux qui sont ESSENTIELS, sont ceux qui produisent ce que nous mangeons, ce ne sont pas les distributeurs ni les politiques mais nos AGRICULTEURS !!! Tout système est conditionné par la possibilité de pouvoir satisfaire son besoin en énergie, si cette condition n’est pas remplie il n’est d’aucune utilité. Craignez ces eugénistes qui n’hésitent pas à traiter leurs congénères d’inutiles, ne leur laissez jamais la possibilité de vous y réduire. Ils ne vous veulent pas du bien, ils ne veulent que le leur.


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