Crise : Pourquoi rien n’a changé ?

par Rage
jeudi 6 août 2009

Après plusieurs mois de silence et d’observation, j’ai décidé de synthétiser dans un article unique les raisons qui m’amènent à penser que, même le nez dans le mur, rien n’arrêtera la cupidité profonde d’une minorité qui définie le système.

La mécanique est trop forte, les contre-pouvoirs trop minces, les défis à relever trop importants.

Il ne s’agit pas de résignation, mais de lucidité : en l’état actuel des choses, ce que certains dénomment comme étant la crise ne sera qu’une occasion ratée de changer radicalement de cap avant qu’il ne soit trop tard. Le syndrôme du Titanic : c’est bien de cela dont il s’agit.

I. Une crise pour rien

Déclenchée dès 2007 puis révélée au grand jour suite à la faillite de la banque d’affaire Lehman Brothers, la crise issue du délire des prêts hypothécaires Subprimes, n’a finalement eu aucune conséquence majeure de modification des pratiques au sommet des hiérarchies.

Le G20 n’a acté d’aucune décision déterminante. Les banques, après avoir bénéficié du renflouement sympathique d’Etats dont les dettes ont explosé, n’ont absolument pas changé leurs pratiques. La distribution de Bonus continue, mais pire encore, le système bancaire s’est sans aucun doute renforcé de nouvelles protections pour manier des masses financières colossales au détriment de l’économie réelle.

Sur le terrain, bien sûr, les activités économiques "traditionnelles", dont les plus fragiles c’est à dire les activités industrielles, ont trinqué. Les directions ont profité du prétexte pour délester du personnel et délocaliser. Les conséquences, après quelques mois "tampons", ont été dès début 2009 une forte remontée du chômage, une récession et un effort des finances publiques d’autant plus important en dépenses que les rentrées d’argent ont été moindres.

Le bilan est sans appel : pour l’Etat français, le déficit annuel est passé de 42G€ en 2007 à 75G€ en 2008 et une estimation avoisinant les 110G€ en 2009, soit près du triplement en moins de 2 ans.

Parallèlement, les institutions bancaires, non contentes d’avoir été sauvées d’une faillite causée par leur avidité sans limites, peuvent aujourd’hui se congratuler d’avoir obtenue une bouée de sauvetage sans contre-partie aucune : ni régulation, ni modification des gouvernances, ni changements des règles du jeu. Et cela, à l’ensemble de l’échelle Européenne, voire au delà.

Le cas de l’Islande, plus encore que le cas Irlandais, est symptomatique d’un Titanic qui, en plein naufrage, se croit encore insubmersible.

Le fameux modèle Islandais, construit sur du virtuel (la croissance du pays - comme d’autres - n’était générée que par les bénéfices issues des transactions boursières, donc sur de la valeur "financière" sans réelle connexion avec une activité concrète de production ou de service) a été balayé en quelques mois, révélant alors les connivences, cooptations et délits en tous genres tels que les emprunts sans conditions octroyés aux cadres dirigeants et personnalités des grandes institutions financières ou publiques du pays.

Une sorte de départ chapeau d’initiés, à la Forgeard ou Madoff, en sachant pertinemment que le bateau allait sombrer et qu’il faudrait des dizaines d’années avant de retrouver le chemin de leurs pillages. Une société Islandaise surendettée sur plusieurs générations au bénéfices d’une minorité qui est finalement parti avec les coffres-forts du pays, mais aussi des Anglais, bien mal leur ayant pris de croire dans un système aussi fictif (ce que l’on appelle du reste un superbe vecteur de contagion de la crise).

Le bilan est là aussi sans appel, avec des récessions à deux chiffres et autres révoltes qui se réveillent parmi ceux qui vont payer pour ces excès.

Face à ces réalités, on aurait pu s’attendre à des prises de position fortes pour freiner puis stopper les délires à l’œuvre. Non content d’avoir adoubé ce système, la gouvernance mondiale démontre son incapacité totale à affronter le monde de l’argent.

Pire encore, elle s’y soumet, posant alors les États comme les puits sans fond où l’on peut s’endetter pour financer les "excentricités folles" d’une minorité qui abuse à ne plus s’en rassasier de règles du jeu inexistantes là où elles devraient être les plus coercitives.

Le Congrès Américain comme beaucoup d’autres institutions, privées ou publiques, sont vampirisées par l’argent : plus les dettes des Etats augmentent, plus les prêteurs sont en position de force, même s’il s’agit de prêteurs renfloués à grands renforts d’argent public. Goldman Sachs, la Fed, la BCE : tous se tiennent pour maintenir le pillage à l’ordre du jour.

Les banques et les banquiers tiennent ce monde par la peau des couilles, c’est pourtant clair.

Le G20 n’a rien apporté, si ce n’est la confirmation qu’il est impossible, seul, d’imposer à des banques multinationales de respecter des règles. Pire encore, ceux-là mêmes qui seraient censés leur en donner, jouent leur carte de carrière et visent des places de prestige pour bénéficier des subsides des lois qu’ils auront créées et dont ils connaîtront les failles.

Dommage en effet que l’économie réelle soit sacrifiée sur l’autel de la finance et de la cupidité sans fin.

En France, rien n’a changé également, si ce n’est en pire, puisqu’au lieu de tirer des enseignements sur ce qui constitue une alerte avant crash, il a été décidé de maintenir des règles type bouclier fiscal, niches fiscales mais en plus de les compléter avec d’autres mécanismes encore plus inégalitaires comme la loi Scellier, l’investissement dans les PME pour liquider l’ISF etc... le tout permettant à moins de 1% des plus riches de voir arriver un chèque d’environ 350K€ de la part des impôts au mois de septembre. On aura ensuite beau jeu de vous raconter qu’une hausse de 5€ des prestations vieillesses c’est beaucoup...

Le politique est lui-même en otage : aujourd’hui il n’a plus aucune prise sur des institutions qui pèsent à elles seules autant que leur PIB et peuvent l’évincer à tout instant. La cupidité à un prix : la dépendance au milieu de l’argent.

Dans cette gestion économique de haut vol (c’est le cas de le dire), on s’est même demandé comment ne pas abuser encore un peu plus, du cadeau de la TVA aux restaurateurs en passant par le report de dettes passées à Bruxelles sur le dos des contribuables ou même encore à la vente à prix d’or des bijoux de famille (autoroutes, immeubles, entreprises publiques) : tout y passe !

Bien entendu, le train du vie du régime, comme avant 1789, lui reste royal et somptuaire : maintenant qu’il sait comment endormir la plèbe (cela s’appelle les médias) il peut continuer à "dépenser sans compter".

Tout repose donc sur les 45% de contribuables imposables et sur la TVA. Autant prévenir d’emblée : la crise, ce sont sur ces 2 facteurs qu’elle va se payer plein pot, surtout qu’en 2010, les chômeurs d’aujourd’hui seront en fin de droit et que "l’embellie de la reprise" est une fiction pour maintenir les esprits dans l’espoir.

Les seules reprises à attendre, sont celles des excès financiers (qui généreront des reprises de taux de croissance... ) et celles des impôts. Et autant vous dire que la suppression de la TP sur le volet investissement ne va pas alléger la facture des ménages qui, concrètement, perdent chaque année en pouvoir d’achat (ce qui les sauve actuellement étant l’entraide familiale et les transmissions de patrimoine).

 

II. Un système d’inégalités croissantes

Dans ce panorama réjouissant, les défis à relever sont immenses.

L’environnement, en soit, est déjà un défi colossale que nous serons sans doute jamais à même de relever tant l’indexation du taux de croissance est lié au rythme de bétonnement de la planète. Une contradiction qu’il sera difficile de résoudre sans véritablement se pencher sur le but de nos vies : consommer sans compter ou bien vivre avec d’autres valeurs plus humaines et plus qualitatives que la course au score sur un compte en banque ?

La lutte contre les inégalités, est un défi encore plus colossal à mon sens, et tout aussi important.

Du point de vu des élites, noyées dans des sommes d’argent générant toujours plus de rentes, se pencher sur les inégalités revient à mettre le nez dans la masse informe de prolétaires qui, puisqu’ils ne sont pas arrivées à être riches, doivent bien d’une façon ou d’une autre mériter leur médiocre train de vie. On omettra dans l’analyse de préciser que le fait de payer la majorité dans des canaux de rémunérations compris (en France) entre 1000 et 3000€/nets/mois conduit mécaniquement - en plus de prestations sociales qui tirent les classes moyennes vers le bas - à comprimer une majorité des citoyens dans une masse de "médiocres", masse comprimant encore plus bas les classes en difficultés qui ne subsistent que par d’autres voies de rémunération.

Bref, une minorité contrôle totalement la redistribution des richesses et ne souhaite pas les partager, le tout en habillant ce choix de "compétitivité", "mérite" et autres justifications de bon aloi.

Effectivement, ils ont raison : quand un trader ou bien un "avocat de cabinet conseil" réalise en un mois ce qu’un salarié de base (cadre ou pas d’ailleurs) gagne en une vie, on imagine très bien qu’il y a une justification rationnelle et raisonnée...

Ce principe, purement délirant, revient à devoir se poser une question clé : puisqu’il n’existe actuellement aucune règle mathématique liant effort/mérite et rémunération, ne serait-il pas grand temps de lisser les écarts et donc d’appliquer des mécanismes de compression des hautes rémunérations pour une meilleure redistribution ? Celle-là même permettant ensuite de réinjecter les crédits dans le système, générant croissance et hausse du niveau de vie globale ?

Malheureusement ce concept est aujourd’hui écrasé.

Les mécanismes de concentration à l’œuvre sont beaucoup trop puissants pour être arrêtés sans une convergence forte de plusieurs autorités nationales, elles-mêmes de plus en plus dépendantes lors de leur élection des jeux de pouvoir à l’œuvre, autant dire que cela semble compromis.

Par ailleurs, l’individualisation des sociétés, conséquence directe de l’égoïsme parfois arrogant des plus aisés et du renfermement sur soi afin de se protéger d’un système prédateur, conduit à ne plus savoir croire dans un mouvement collectif de rééquilibrage de la donne.

En d’autres termes, l’immense majorité des citoyens vit avec des moyens extrêmement limités qui ne donnent pas le droit à l’erreur et ne sait plus comment revendiquer son droit à exprimer ses difficultés. La crise du PS provient d’ailleurs de cette incapacité à relayer les cris et attentes des moins aisés et classes moyennes autour d’idées fortes constituant un projet fédérateur.

Les citoyens se retrouvent alors face à eux-mêmes, conscient ou non de ces réalités, payant pour les erreurs des autres parce qu’ils n’ont pas le choix, subissant parce qu’ils en ont pris l’habitude, les assauts répétés d’une gouvernance cherchant à rogner sur les progrès du passé. Autrefois les gens se battaient pour avoir mieux, maintenant ils se battent pour conserver ce qu’ils ont acquis.

Loin de moi l’idée de défendre les "acquis sociaux", faut-il encore savoir de quels acquis il s’agit et à qui ils profitent. Car si les raids actuellement menés sur les plus faibles peuvent satisfaire certains esprits libéraux, il serait bon également, en toute libéralité, de briser les acquis de position, de rente, de lignée ou de pouvoir que certains s’arrogent comme étant un dû inaliénable. En clair, il semble vital de commencer là où les plus gros excès en volume sont commis.

En quelques décennies, plus que jamais auparavant, les inégalités se sont creusées et accrues au point de conduire la société, en France et ailleurs, à se rapprocher d’un modèle d’Ancien Régime où l’élite détient tout et détermine tout au détriment d’une masse incapable de prendre son destin en main ou de comprendre sa piètre condition. La seule chose qui ait changée entre temps, étant les avancées technologiques et sociologiques permettant de consoler le plus pauvre de sa condition parce qu’il détient un écran plat et quelques jours de congés par an (quand il lui reste un emploi).

 

III. Les banques et le politique d’abord

Le système peut changer, reste à savoir qui le veut et qui peut conduire ce changement.

A l’heure actuelle, certains leviers cruciaux me semblent incontournables si l’on souhaite réellement agir pour la majorité. Reste à savoir s’il est encore possible d’agir, si les rapports de force à l’œuvre ne conduisent pas, inéluctablement, à l’impasse de pouvoir oligarques hard ou light, qui détermineront avec les moyens dont ils disposent, toujours des règles du jeu favorisant leur "monde".

Cela peut sembler abstrait, mais ceci est très réel.

La privatisation de l’éducation, la détermination de filières d’élites, la cooptation, le langage, le cercle de relations, la consécration autour de valeurs communes, le mépris des plus faibles, la soumission au plus fort... toutes ces caractéristiques conduisent une partie de la société à s’auto-sélectionner pour reproduire, encore et encore, un modèle de domination qui consiste à exploiter la faiblesse des autres, plus nombreux mais moins organisés, pour en tirer un bénéfice de situation.

Là où une génération pouvait jadis l’assurer à sa lignée (droit du sang), les générations au pouvoir cherchent, quel qu’en soit le prix, à rétablir cette souveraineté par d’autres biais.

Parallèlement, la recherche du bouc-émissaire, la sanction de la faute, la poursuite de l’excès mineure, l’évincement de toutes classes ou catégories rebelles, constituent le pendant visible d’une stratégie clairement établie dont l’objectif est de "chasser et compliquer" la vie du faible pour mieux consacrer l’énergie du fort à concentrer toujours plus de richesses.

La loi "HADOPI" en est un parfait exemple : on chasse le "pirate" parce qu’il porte atteinte à la rente de situation de majors, le tout sous un habillage médiatique de "juste rémunération des artistes". Mais qu’en pensent-ils eux ? Est-ce que leur rémunération est toujours "juste" ?

La remontée du "niveau de l’eau" par la hausse vertigineuse de tarifs comme celui du gaz ou de l’électricité est également une conséquence d’une stratégie de "rente" qui s’appuie sur le fait de faire payer aux "captifs" les prises de risques notamment pour des rachats d’actifs ou d’activités douteuses dont le bénéfice ne sera jamais redistribué à ceux qui paient in fine.

Ce "transfert du risque" est tout aussi lisible via des dispositions qui renforcent les "forts" comme Bouygues ou Vinci sur les marchés de travaux et affaiblissent les faibles, en leur faisant assumer via sous-traitance ou "statut d’auto-entrepreneur" les risques sur les délais ou sur les accidents de chantier.

Cet échantillon de disposition, parmi tout un éventail, n’est qu’un extrait dont la conséquence finale est de conduire à l’accroissement des inégalités, le renforcement des forts et l’affaiblissement des moyens et des faibles.

Au niveau mondial, la finance procède de même, jouissant à n’en plus pouvoir de sa position pour "presser le citron" jusqu’au bout, quitte à demander au serveur d’autres citrons même s’ils n’existent pas.

Ces réalités sont lisibles, compréhensibles, visibles.

Si on veut les voir, si on veut les affronter, on peut le faire.

Les outils existent, ils sont principalement d’ordre public, mais ils peuvent aussi être privés si le principe de concurrence n’est pas biaisé pour devenir entente.

Les leviers les plus forts résident dans la fiscalité, dans le rétablissement d’un impôt sur les revenus progressif et non émietté, dans l’affectation des impôts locaux à des échelons dotés de compétences claires, dans la répartition des efforts rationnelle entres les entreprises et les particuliers, mais aussi entre les entreprises en effectuant le même travail de rétablissement de progressivité de l’impôt pour les entreprises.

Il faut pour cela casser, briser, effacer des règles sédimentées dans le temps dont les plus puissants usent et abusent pour se soustraire à l’impôt, voire pour en bénéficier.

D’autres leviers, organisationnels et légaux, comme l’organisation du travail, la répartition des bénéfices, les règles de rémunération des organes de direction, tout cela peut et doit être réécrit.

Les banques doivent elles aussi avoir des comptes à rendre et être sous contrôle d’une autorité supranationale, d’individus qui ne pourront pas aller vendre leurs services à ces mêmes firmes qu’ils auront ou iront contrôler. Il semble plus que jamais nécessaire d’abattre les cloisons opaques qui entourent le monde de la finance, des banques et des assurances. Les Etats eux-mêmes en étant dépendant des établissements bancaires ont signé en bas à droite l’hégémonie d’un système qui vampirise toutes les ressources pour la satisfaction de la cupidité de certains.

Les Bonus en sont la face émergée, mais qu’y a-t-il encore d’autre à découvrir ? Des retraites chapeaux en passant par les prêts à taux nuls non échéancés ? Qui sait ?

On vit dans un système où le détail est contrôlé mais où l’essentiel est laissé hors de porté du regard.

 

IV. Les règles du jeu doivent changer

L’environnement ne doit plus venir également en support publicitaire d’opportunité, mais doit être pensé en amont et mis en priorité pour tous les projets. Cela signifie également de ne plus céder à tous les lobbies en place, et notamment celui du pétrole, alors même que les ressources seront nécessairement consumées plus vites que prévues.

Là où le gouvernement s’attelle à amonceler de nouvelles "réformes" inégalitaires, il est vital de faire le ménage juridique sur des piles de lois dont on sait que la profusion conduit à un libéralisme sans contre-pouvoir. L’idée de liberté n’est pas contradictoire avec celle d’égalité. Elle ne doit pas néanmoins occulter que toute liberté a des limites, et qu’il n’existe pas de libertés pour 6 milliards d’individus sans règles à respecter.

Je ne suis pas optimiste pour l’avenir proche car l’aveuglement et l’incompétence sont bien trop ancrés au pouvoir pour que le monde puisse changer avant qu’une crise, bien pire, ne déferle.

Je ne suis pas optimiste parce que les systèmes sont verrouillés de l’intérieur, que les techniques à disposition des pouvoirs en place et de l’ordre établi ne permettent plus de dialoguer sans engager le rapport de force, que l’influence des égoïsmes et de la médiocrité tend à refouler toute intellectualité et esprit collectif des sphères de décisions.

Je pense enfin que les hommes se trompent en mettant l’argent au dessus de tout le reste.

En oubliant de placer l’homme au centre du jeu (ce que l’on appelle l’humanisme) nous allons, forcément, droit vers des crises bien plus graves.

Il paraît que nous ne savons réagir qu’une fois le nez dans le caca : faut-il encore qu’il soit encore possible d’infléchir les cours du destin. Autrefois l’aristocratie avait encore le mérite d’être cultivé : aujourd’hui les milliardaires sont des imbéciles aux dents longues et à la progéniture sans repères... autant dire qu’il sera difficile d’infléchir les tendances à l’œuvre à court terme.

Néanmoins, nous avons toujours la possibilité, à moyen ou long terme de réagir.

Les outils existent, les gens existent, les idéaux sont là et n’ont pas encore été réalisés.

Plus concrètement, plutôt que de laisser une jeunesse livrée à elle même et au chômage, nous avons aussi la possibilité de la former, de lui proposer des fonctions et perspectives gratifiantes. Nous avons la possibilité de donner aux "séniors" la possibilité d’exprimer leur expérience pour la mettre au service du progrès collectif. Nous avons aussi la possibilité de ne plus tout accepter en fermant les yeux et en espérant, dans le secret dans nos sphères individuels, que demain sera moins pire qu’aujourd’hui.

Si nous cessons de nous détester, montés les uns contres autres à se regarder les avantages et autres privilèges, si nous levons les yeux pour constater que nous avons trop longtemps détourné notre regard de l’essentiel, à savoir la qualité de vie, peut-être que nous pourrons espérer améliorer notre quotidien. Je sais, certains ne croient pas dans ce type de discours mièvre et sympathique. Ils préfèrent consommer leur réalité finalement pas si mal et se contempler dans leur réussite propre qui finalement se fiche bien de la détresse du voisin, ou même de la grand-mère qui crève lors d’une canicule. Bien sûr, rien ne les oblige à penser qu’ils puissent espérer vivre mieux en essayant, un instant, de ne plus courir sans arrêts dans le jeu qui consume leur vie pour produire des euros.

Mais pour ma part, je pense que l’humanité arrive à un tournant de son existence : non seulement parce que son poids sur Terre devient un danger pour elle-même, mais également parce que les modèles que nous poursuivons nous conduisent irrémédiablement à des crises, plus dures, plus injustes, plus inégales et plus violentes qu’on ne l’imagine.

Certains diront alors, qu’ils ne savaient pas. Pourtant ils savent, et en jouent dans la course à l’immédiateté.


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