CUBA, FIDEL CASTRO Invictis cras victoribus

par Pierre JC Allard
vendredi 6 janvier 2017

Invictis cras victoribus…  En hommage à Fidel et aux Cubains, je ne vois pas mieux que de donner une nouvelle vie à cette phrase, condamnée jadis à l’oblitération pour ses mauvaises fréquentations, mais qui colle si bien à la situation de Cuba aujourd’hui… ‘Hommage de ceux qui demain vaincront à ceux qui n’ont pas été vaincus’.

Je vous écrit de La Havane. J’ai beaucoup parlé de Cuba sur ce site, mais je me suis pas hâté de venir y commenter la mort de Fidel ; je voulais d’abord voir de mes yeux, avant de me commettre d’un épilogue J’ai vu.

J’ai vu d’abord un peuple sincèrement éploré. Les 4 millions d’endeuillés que j’avais prédit il y a des années ont bien été là… mais ils n’ont pas défilé devant un cercueil ; c’est sa dépouille qui est allée vers eux, tout le long de cette route vers Santiago où ils se sont massés. Il faudra beaucoup de travail à la propagande Yankee – ‘ontet des millions d’images à trafiquer - pour que l’Histoire retienne la fable d’une foule en liesse applaudissant la chute d’un cruel tyran… C‘est « lui » qui a gagné…

Comme c’est lui qui aura gagné, quand les chacals verront qu’il n’y a ni corps embaumé à profaner, ni statue à déboulonner, ni monument à détruire, ni même un rue à re-nommer… Juste une œuvre INDESTRUCTIBLE. Les hyènes ne riront pas.

Elles ne souriront même plus, quand, ayant planté le fanion du capitalisme sur les ruines de Cuba et rebâti à leurs frais une économie à la mesure de l’individualisme et d’un égoïsme qui constituent leur vision de l’évolution, les hyènes verront que ceux qui reprennent des forces, quand est réanimé ce pays en dormance,.... ce sont ces « hommes nouveaux » à qui le castrisme a appris la solidarité et qui n'auront que mépris pour l'insignifiance et la superficialité qu’exportent les USA.

Fidel mort invaincu, je crois que les Cubains seront aussi les vainqueurs de demain. Les Cubains seront le modèle, l’exemple pour tous les peuples opprimés, mais surtout pour toute l’Amérique latine qui assumera avec DIGNITÉ sa place dans l’Amérique biculturelle qui, inévitablement, se créera bientôt d’un pôle à l’autre… et elle le fera en s’inspirant d’un maitre-à-penser : Fidel

Victoire morale ? Soit, mais par-delà la fierté gratuite d’avoir échappé à une bête méchante et féroce comme l’Amérique impériale – et la gratification d’avoir tenu le haut du pavé moral pendant si longtemps – les Cubains retireront-il un bénéfice concret de ce long martyre de l’embargo qu’on leur a fait subir ? OUI. Car ils ont maintenant en main un atout-maître. On a eu à Cuba la sagacité de miser prioritairement, avant quiconque, sur l’éducation et le développement de la « ressource humaine ». Celle qui, bien plus que le pétrole, sera la clef des économies de demain.

Les Cubains ont investi sur les ressources humaines et sur la compétence – surtout dans le secteur de la santé - ce qui sera le « produit d’exportation » le plus en demande dans le monde pour tout l’avenir prévisible. Donnez 3 ans à Cuba après la fin d’un embargo,.. et l’argent qui va venir, ajouté à l’éducation comme le salpêtre au soufre, produira des effets étonnants… Cuba deviendra le pays où il sera le plus rentable d’investir. Ils s’enrichiront.  Castro aura, encore une fois, vu plus vite, plus juste et plus loin… 

Castro n’est donc pas seulement un héros romantique, faisant une paire mythique avec l’irremplaçable Che, comme Castor et Pollux ; il est surtout l’archétypal « invaincu » dont avait bien besoin notre époque, parmi tous les héros dits prométhéens, mais éphémères qu’on nous propose aujourd’hui… Les Cubains seront des gagnants…

Cela dit, j’ai vu sur place le courage… mais vu aussi que Cuba est exsangue, les Cubains à bout de souffle et que le moment est venu qu’à Cuba on sorte de la vision sacrificielle. CETTE VISION N’EST PLUS NÉCESSAIRE : l’embryon de l’homme nouveau engendré à Cuba est viable. On peut désormais donner du bien-être aux Cubains sans craindre que les efforts investis aient été vains. Il faudrait qu’on le fasse. Tout de suite.

Pierre JC Allard

P.s Les communications ici sont ardues. Si cet article est publié, il faudra 3 jours pour que je puisse commencer à répondre aux commentaires.

 


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