D’un « gros porc » à l’autre

par VICTOR Ayoli
lundi 16 octobre 2017

Pendant qu’on nous bourre le mou avec les exactions d’un gros porc étasunien violeur d’actrices, un autre gros porc, toujours étasunien, est en passe de déchirer la principale réussite internationale de son prédécesseur : le traité concernant le nucléaire iranien.

"Pétrole O Akbar"

Une loi oblige le président américain à dire au Congrès, tous les 90 jours, si l’Iran respecte le texte et si la levée des sanctions qui l’accompagne est bien dans l’intérêt national des États-Unis. En cas de « non-certification » par le président – ce qui est le cas - la loi donne au Congrès 60 jours pour décider de réimposer ou non des sanctions. Trump fait la preuve qu’il ne s’intéresse pas au fond des dossiers. Il envoie la balle dans le camp du Congrès.

L’accord sur le nucléaire iranien, conclu en 2015 avec la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Allemagne, la Russie et les États-Unis, vise à garantir le caractère strictement pacifique et civil du programme nucléaire iranien en échange d’une levée progressive des sanctions. Tous les contrôles internationaux attestent que l’Iran se tient à ces accords. Pourtant Trump, contre l’avis de ses propres experts, estime, lui, que « l’Iran ne respecte pas l’esprit des accords ». A quoi joue-t-il ? Quel intérêt représente-t-il ? On a du mal à débrouiller les idées germant dans les quelques neurones du président yankee. Mais on peut y subodorer la pression de multinationales étasuniennes…

Il ne faut pas oublier qu’il y a des intérêts économiques importants. L’Iran est un pays de 80 millions d’habitants, trois fois plus vaste que la France, fortement urbanisé. Ce pays a besoin de développer ses autoroutes, ports, aéroports, hôtels, etc. Mais aussi ses infrastructures en matière de distribution d’eau, d’électricité, de télécommunication. Sur ces marchés, les entreprises européennes – françaises, italiennes, allemandes – se taillent la part du lion. Au détriment des entreprises étasuniennes. Dès lors, en remettant en cause ces accords et donc en réactivant les sanctions contre l’Iran, les États-Unis saccageraient les efforts des entreprises européennes de s’implanter en Iran, ceci à travers leur système de chantage : « tu travailles avec l’Iran ? Tu ne travailleras plus avec les États-Unis ». Quant aux grandes banques européennes qui pourraient revenir en Iran, toujours traumatisées par l’affaire BNP Paribas, à juste raison, elles ont peur des réactions de Trump.

Ainsi, vraisemblablement pour de basses raisons de guerre économique, Trump risque de déclencher un foutoir encore pire qu’il n’est actuellement au Moyen-Orient. Si les États-Unis réactivent les sanctions, les autres pays – pour les raisons de chantage économique vues plus haut – freineront voire annuleront leur pénétration en Iran. Et ce pays – se percevant légitimement trahi - reprendra sa course à la Bombe. Avec pour corollaire une course parallèle à la Bombe en Turquie et en Arabie saoudite. Bonjour les agréables perspectives…

L’Iran est donc désigné comme « l’ennemi principal » par les États-Unis alors que ce pays n’a plus fomenté d’actions belliqueuses envers le monde occidental depuis longtemps. Bien sûr on est loin d’une démocratie, mais la théocratie au pouvoir passe par les urnes et elle évolue. On est loin des outrances de Mahmoud Ahmadinejad. Le peuple iranien est éduqué, ouvert et revendique avec une légitime fierté un passé aussi riche et glorieux que nos propres racines gréco-romaines.

Le monde occidental, sous le joug des États-Unis, se trompe d’ennemi. Qui est responsable des attentats ? L’Iran chiite ? Non, ce sont des groupuscules terroristes sunnites – Daech, Al Quaeda, Boko Haram, Sheeba, Al Nostra, etc. - soutenus financièrement, militairement et idéologiquement par l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Koweit et toutes les pétrodictatures du Golfe. Or, où a été le président Trump dès son élection ? En Arabie saoudite…

Notre ennemi a plusieurs incarnations. D’abord les organisations terroristes déclarées qui pourchassent, égorgent, décapitent, crucifient les « mécréants », les « apostats », les « mauvais musulmans », bien sûr, mais aussi des États « amis », reconnus, dotés d’armées régulières équipées par les fleurons de notre industrie d’armement, de moyens financiers gigantesques issus des hydrocarbures (monarchies du Golfe), et même du feu atomique (Pakistan). Cette hostilité est également incarnée, relayée et même cautionnée - sous couvert de droit à la liberté religieuse - jusqu’au sein de nos sociétés ouvertes ou des Nations unies, par des organisations et associations subversives appuyées partout dans le monde par ces mêmes États. Elle trouve dans nos sociétés ouvertes des alliés, des « idiots utiles » qui, obnubilés par leur haine de la société qui les nourrit, se conduisent comme des collabos.

Aveuglement ou complicité ? Les deux mon général. Qui subit les sanctions économiques ? L’Arabie saoudite, dictature moyenâgeuse d’où sont venus les tueurs des tours de New York, qui diffuse partout dans le monde la doctrine mortifère wahabite-salafiste, qui soutient, arme et finance les mouvements terroristes qui assassinent dans nos rues ? La Turquie, qui à la suite d’un « coup d'État » douteux, embastille les journalistes, emprisonne toute opposition, bombarde les Kurdes vainqueurs de Daech et diffuse dans nos pays l’idéologie salafiste ? Non. Les sanctions sont contre l’Iran et… la Russie !

Allah et Pétrole o akbar !

 

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