Dans le mot Libéralisme il y a la Liberté - troisième partie. La France : Illusion ou modèle social ?

par Didier Cozin
lundi 16 mai 2016

Selon certains les hommes ne pourraient se réaliser seuls, le salariat pour tous serait une libération, l'Etat serait nécessairement le garant de l'intérêt général, et les régimes sociaux la promesse du paradis sur terre.

La France a installé après la seconde guerre mondiale un système social protecteur qui avait une double fonction :

- permettre une reconstruction la plus rapide et efficace du pays tout en obtenant l'assentiment du Parti communiste pour cet effort (effort considérable, on travaillait alors 48 h par semaine dans les mines par exemple)

- développer une France industrielle (puis tertiaire) avec un emploi majoritairement salarié et protégé et des risques assurés par la collectivité (mais financés par les entreprises).

Ce "modèle" d'une société de masse où le travail est seulement salarié et tous les risques sont couverts par l'Etat ne tient plus la route (socialement, professionnellement ni financièrement) depuis une quarantaine d'années (avec une accélération depuis la très grave crise de 2008).

1- le système social français reste-t-il encore un modèle (que les autres pays pourraient copier) ?

Il y a clairement 2 façons d'envisager le social en France

Celui des origines (disons le milieu du XIX ème siècle quand Napoléon III prenait les premières mesures pour limiter la durée de la journée de travail ou celui des enfants)
et notre social actuel, véritable industrie lourde (fonctionnant à crédit) où ont été accumulés au fil du temps des droits illimités (droits de tirage sur la collectivité), droits divers et variés qui transforment petit à petit tout un peuple en quémandeurs (et en obligés).

Trois indices prouvant que le social à la française n'est pas (plus) un modèle :

a) aucun autre pays ne dépense autant que la France pour son social (santé comprise) avec aussi peu de résultats (une société de plus en plus inégalitaire tout en étant extrêmement dépensière parallèlement)

b) aucun pays développé ne souhaite s'inspirer de nos systèmes sociaux : notre système de retraite intenable à courte échéance avec un emploi salarié qui se désagrège, notre système d'assurance chômage qui maintient 2 millions de personnes dans le chômage de longue durée ou encore notre dispendieux système de santé qui ne sait pas faire de prévention et dont les gâchis sont avérés et connus de tous (côté privé comme public).
Ce système qui entraîne une espérance de vie en bonne santé (seul indicateur pertinent pour mesurer le confort et le bonheur de vivre dans un pays) inférieure en France à celle de pays comme la Suède (évidemment) mais aussi l'Angleterre, l'Italie ou encore l'Espagne (mais pas l'Allemagne il est vrai). cf tableau INSEE

c) aucun pays ne souhaite plus s'inspirer de nos systèmes éducation et de formation  tant ceux-ci sont devenus à la fois coûteux et inefficaces (ils apportent une très faible valeur ajoutée, faisant réussir les seuls élèves ou travailleurs les plus qualifiés)

2) Le social français est-il dans une impasse ?

Le système social français est devenu un monstre absorbant 15 % des dépenses sociales des terriens (pour moins de 1 % des habitants de la planète terre) pour des résultats oscillant entre le catastrophique (notre système scolaire ou d'assurance chômage) et le très insuffisant (notre système de santé ou de logement aidé).

On pourrait donc estimer (mais les idéologues affirmeront le contraire) que bien loin de posséder aujourd'hui un modèle social enviable (et prétendument généreux) les Français n'ont guère le choix que de remettre à plat (et au plus vite) ce système construit après-guerre, inspiré il y a 70 ans des réflexions d'un CNR qui ne connaissait ni les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ni les enjeux contemporains et les contraintes écologiques de notre planète.

Sans cette reconstruction du social (depuis l'école jusqu'au droit de tout le travail) notre pays ne pourra plus maintenir ce social en forme de bulles

La bulle sociale française non seulement pourrait éclater dès la survenance d'une nouvelle crise financière d'envergure (tous les 5 à 7 ans : 1982, 1991, 1997, 2001, 2008.. ?) mais aussi bulle qui empêche les français de s'adapter à un monde qui change radicalement (et désormais sans eux)

3) les libéraux, à la différence des planificateurs, n'ont pas de recettes tout faites

Les libéraux ne prétendent pas avoir de recettes miracles ou indolores pour retrouver un certain équilibre (économique, social et politique) mais à l'heure ou le social n'est plus devenu qu'un slogan politique ou un produit d'appel (que désormais le FN s'arroge aussi) il faut s'interroger sur des solutions sociales datées qui aujourd'hui n'interpellent plus personne dans le monde (développé).

Une très grande différence entre les libéraux et les tenants du social (et du care) à tous les étages ne tient pas dans l'insensibilité des uns (qui accepteraient que la misère envahisse notre pays) et la -prétendue- générosité des autres (qui voudraient le bien de l'humanité mais n'ont plus de solutions pour le XXI ème siècle), en fait la grande différence est la confiance que les libéraux ont dans les hommes et leur capacité à comprendre leur environnement, s'y adapter et chercher de nouvelles solutions.

Les libéraux ont confiance dans l'homme et ses capacités à changer et à s'adapter (ces capacités qui permettent à l'humanité de ne plus vivre dans les cavernes), les seconds préfèrent la récurrente et vaine confrontation (sociale mais aussi guerrière) et le recours incessant à une idéologie née aux alentours de 1848 quand la terre comptait 1 petit milliard d'habitants, pas d'Internet et guère d'autres secours que la religion.


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