De Bibracte ŕ Gergovie, un devoir de vérité...

par Emile Mourey
jeudi 1er décembre 2016

À MM et Mmes les élus de ma région chalonnaise et autres, responsables culturels et autres, afin qu'ils se manifestent pour que vérité soit faite.

Oppidum de beaucoup le plus important du pays éduen, cité plusieurs fois par César, citadelle fortifiée pour Strabon, Bibracte ne s'est jamais trouvée au mont Beuvray mais en Bourgogne du Sud, à Mont-Saint-Vincent. Il est possible que sa fondation remonte au début du premier millénaire avant notre ère et qu'elle ait été le fait de Troyens après la chute de Troie. J'ai publié plusieurs ouvrages qui m'ont demandé des années de travail. Agoravox a bien voulu m'ouvrir son site. Je ne laisse planer aucun doute sur cette relocalisation que je propose. Les textes antiques sont clairs et sans équivoque à condition de les traduire correctement. Il en est de même pour Gergovie. La véritable Gergovie se trouve au Crest, au sud de Clermont-Ferrand. Elle a inspiré Platon pour son Atlantide.

Après le temps des railleries et des moqueries, un soutien majoritaire s'est manifesté en faveur de mes remises en question, suffisamment pour que les responsables de l'archéologie s'expriment, M. Vincent Guichard pour le mont Beuvray, M. Matthieu Poux pour Corent. Il appartient aux responsables culturels et politiques, régionaux et nationaux, de veiller à ce que ces questions soient tranchées avant de continuer à distribuer l'argent public. Candidat désigné pour briguer la présidence de la République, M. François Fillon vient d'affirmer cette exigence : un devoir de vérité. Commencer par une reconnaissance de nos deux principales capitales gauloises ne serait-ce pas, pour la crédibilité politique, le geste symbolique de la renaissance souhaitée ?

L'affaire est d'importance. Ou bien nous ne sommes pauvres que d'un patrimoine gaulois de villes en bois disparues à l'image du mont Beuvray, ou bien nous sommes riches d'un très important patrimoine bâti qui ne demande qu'à être redécouvert et mis en valeur. D'un côté, une quasi absence de touristes étrangers intéressés par une histoire antique de villes en bois disparues, de l'autre de très grandes possibilités touristiques. Pour l'avenir de leur profession, les archéologues se trouvent devant un choix : où continuer dans le cadre d'un ministère de la Culture condamné à la diète et aux licenciements, où un nouveau départ dans un grand ministère producteur de richesses, regroupant le patrimoine ancien, le tourisme et l'archéologie, avec un but avoué : faire de notre pays le plus visité au monde, avec pour tous, d'importantes retombées économiques prévisibles ; l'archéologue doit être aussi un guide et un promoteur.

Nous dormons en effet sur un trésor que nous ne savons pas exploiter. Je prends un seul exemple qui ne date que d'hier suite à une question que m'a posée un commentateur au sujet de quelques chapiteaux dits romans. Voici la réponse que je lui ai faite...

Lions affrontés ou adossés à Saint Julien de Tours : culture ancienne d'inspiration cananéenne, voire sumérienne, dans la suite de ceux de Bibracte/Mont-Saint-Vincent et de Gourdon. Art celtique, oui. Les lions sont les guerriers celtes. Ils sont au ciel, stylisés ; une façon d'honorer la mémoire des Anciens. À Coutances, symbolisés en aigles, ils boivent dans le ciboire liturgique du ciel le vin de la seconde vie.

Blesle, mais c’est absolument fabuleux ! La fresque du cul de four n’est pas d’origine et n'a que peu d'intérêt. En revanche, les chapiteaux, d'époque, sont de véritables livres qu'il s'agit de déchiffrer. Le mouton/bélier évoque l'homme pieux levant la patte gauche en signe de soumisson à la volonté divine, comme le chien fidèle bien dressé. Le justicier aux cinq bracelets, maître de la vie et de la mort, va l'assommer suivant le rite tandis que le léviathan, symbole de l’enfer et de la mort définitive le guette. À noter que dans le pur rite juif, le mouton n’est pas assommé mais égorgé. Nous sommes ici dans un judéo-druidisme arverne, ancien et évolué... relativement évolué . On retrouve ce symbolisme dans le linteau de Perrecy-les-Forges, avec les sacrificateurs dont un porteur du gourdin, mais là, le fidèle s’offre volontairement au sacrifice pour ouvrir aux autres la porte du ciel - sacrifice humain ou simple symbolisme ? Bien sûr, on va m'objecter qu'il s'agit de la passion du Christ. Allons donc ! Une passion qui se termine sous le couteau des druides ? Il s'agit là d'un judéo-druidisme éduen ancien. Un véritable trésor qu'il faut montrer au monde entier pour qu'il réfléchisse. Un trésor, je cite "qui se désagrège à vue d'oeil En raison d’importantes infiltrations, les sculptures du tympan sous le porche de l’église se désagrègent à vue d’œil. Il y a urgence à intervenir." Et pendant ce temps-là, au mont Beuvray, le ministère de la Culture subventionne pour que des archéologues s'amusent à faire des trous qu'on rebouche ensuite.

Au Ier siècle avant J.-C., Strabon écrit qu’en Gaule, on tuait les victimes à coups de flèches, ou bien on les crucifiait dans les temples. Diodore de Sicile affirme que lorsqu’il s’agissait de délibérer sur une chose importante, les druides immolaient un homme en le frappant avec un coutelas par le travers du dos. Après qu’il fut tombé, ils pronostiquaient l’avenir en observant les palpitations de ses membres et l’écoulement de son sang. Pomponius Méla précise que, de son temps, on s’abstenait en Gaule d’immoler des hommes, mais qu’on ne refusait cependant pas ceux qui se dévouaient. On sait par Origène que pour Celse, il y avait beaucoup de rapports et de conformité entre la religion des juifs et celle des druides. Mais c’est le poète Lucain qui nous donne la clé de notre histoire. Les Gaulois, écrit-il, ne veulent aller ni dans les tristes royaumes du dieu des profondeurs, ni dans les silencieux séjours de l’Erèbe. Ils disent que le corps-âme vit dans l’autre monde (orbe alio).

Toujours à Blesle. Figée dans l'acte maternel et trônant, la Terre nourricière aux formes généreuses, les yeux aveugles perdus dans l'infini du ciel, nourrit la cité de Gergovie, indistinctement dans ce qu'elle a de bon (la Salamandre au sein droit) et dans ce qu'elle a de mauvais (le Serpent au sein gauche). La montagne de la Serre est symbolisée à droite par la Salamandre, née d'une volonté divine souterraine bonne, car reliée au ciel par le cercle magique en forme de collier/torque, signe d'alliance, tandis qu'à gauche, figure le symbole du refus de Dieu, les bras croisés, portant au cou la bourse de l'avare, image de l'attachement aux biens terrestres ; de lui naît le serpent mauvais qui, lui aussi, a réussi à s'incarner dans le profil caractéristique du plateau de la Serre. Coiffée du turban solaire, les cheveux rayonnants répandus sur les épaules, comme habillée par le seul astre du jour, dans une posture hiératique, jambes ouvertes, la Terre s'offre à la fécondation du ciel. Le sexe ouvert en fleur de lotus, elle reçoit les germes de la vie que déversent sur le sol les eaux du ciel dans le ruissellement invisible des corniches du chapiteau... oeuvre d'un Michel-Ange inconnu et méconnu vivant aux temps antiques.

À Lavardin, judéo-druidisme apparemment plus récent, pré-chrétien, nous sommes dans le symbolisme éduen de Gourdon, un peu avant la guerre des Gaules peut-être, avant les évangiles probablement ou, en tous cas, avant qu'ils soient reconnus. Le personnage représenté n'est qu'une espérance. Il ne s'agit pas de Jésus de Nazareth. Inspiré de la vision d’Ezéchiel dans la mandorle du ciel, il s'agit d'une espérance en la venue d'un nouveau David. Dans son auréole de gloire, le nouveau roi David descend du ciel, plus précisément de l'ancienne Jérusalem ou d'une nouvelle Jérusalem, je ne sais pas, j'hésite. Baptême juif essénien, huile sainte ou eau, esprit qui descend, le message est clair, comment se fait-il qu'on ne le comprenne pas ? (photos http://www.art-roman.net/). Ici, à Lavardin, le nouveau David semble sortir du temple (non représenté)... libéré de ses chaînes... quelles chaînes ?... celles d'un pouvoir qui opprime ? À Gourdon, au pied de Mont-Saint-Vincent/Bibracte, il sort du tombeau.

Voilà ce qu'il faut expliquer aux touristes : la fabuleuse évolution d'une pensée née en Gaule ; et ceci n'est qu'un aperçu.

Malheureusement, les archéologues du mont Beuvray et de Corent vivent dans une bulle impénétrable. L'esprit conditionné par une archéologie ancienne mal comprise, l'esprit reconditionné par une nouvelle archéologie prétendue scientifique, dans une curieuse utopie mondialiste parfois antinationale, ces archéologues bénéficient du soutien d'une presse aveugle dont le seul souci est de faire du papier en exploitant des sujets à la mode. Toujours renaissante comme l'hydre de Lerne, la polémique d'Alésia en est la preuve.

Peu visité et pourtant, c'est bien au mont Lassois que l'archéologie retrouve tout son sens, et cela grâce à des équipes d'archéologues suisses et autrichiennes.

Pour les partisans du mont Beuvray, si j'en crois la réponse d'un commentateur à mon dernier article, le rempart du mont Lassois ne serait qu'un blocage de pierre, c’est à dire (grossièrement) un tas de cailloux entouré de deux murs de parements en pierre et bois. Mais bien sûr, il ne faut pas enlever au mont Beuvray sa croyance en une civilisation de construction en pierre apportée par les Romains au Ier siècle avant JC.

Ce que je lis dans le blog consacré aux fouilles du mont Lassois est tout autre : un fossé qui longeait les gigantesques remparts protégeant le site... fossé alimenté par des canaux qui y conduisent l'eau de la Seine... remparts, qui étaient composés de pierres et de marne, sorte d'argile qui en séchant devient dure comme le fer... traces d'un nouvel édifice à abside aussi grand que celui dit de la Princesse de Vix... traces d'un mur... lieu extraordinaire de la période hallstattienne (premier âge du fer, -1300 à -400 avant Jésus Christ), un des plus impressionnants et des plus intéressants d'Europe. Cette ville princière devait être véritablement exceptionnelle pour être protégée de cette façon...

Une civilisation proto-urbaine qui n'apparaîtrait au mont Beuvray qu'au IIème siècle avant JC, et seulement en bois, non, ce n'est pas possible. Un cratère de Vix, soi-disant présent d'un marchand grec, qui ne serait venu atterrir au pied du mont Lassois qu'après un parcours en char à boeufs de plusieurs centaines de kilomètres, mais c'est absolument irréaliste. La vérité, c'est que le cratère de Vix, vers l'an - 510, est un superbe objet de propagande offert par la cité de Gergovie au roi lingon du mont Lassois pour sceller une alliance matrimoniale. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/fabuleuse-decouverte-d-une-tombe-164481

Il n'y a pas de trou dans l'évolution de la Gaule. Ainsi s'explique Gergovie, au Crest, aux temps du dieu Poséïdon. Ainsi s'explique dès les temps antiques, les chapiteaux que j'ai évoqués au début de mon article. Ainsi se révèle l'existence méconnue de véritables temples gaulois de pierre sculptée.

Des fouilles archéologiques au centre ville de Chalon-sur-Saône, antique Cabillo, dont on ne tire aucun enseignement.

Prescrite par la Drac Bourgogne Franche-Comté depuis 2014, une fouille archéologique au pied de la cathédrale Saint-Vincent a révélé une occupation continue depuis les II-III ème siècle... sans plus. Paradoxe assez amusant, il aurait suffi au représentant de la Drac de monter sur la colline voisine où j'aurais pu lui montrer, lors des journées du patrimoine, tout ce qu'il faut savoir sur le site fouillé, et cela, à partir de documents uniques conservés par-delà les âges, non pas en terre, mais dans des collections privées. Il s'agit principalement d'une étonnante plaque en fer moulé, apparemment de cheminée, qui représente le projet de la construction, à Chalon, d'un grand temple qui ne peut-être que cette cathédrale. L'identification de l'empereur qui trône ne laisse planer aucun doute tant il ressemble à ses médailles. Il s'agit de l'empereur Salonin, un empereur de façade agé d'à peine quinze ans peut-être. Postumus ayant pris le pouvoir, il s'est représenté en Hercule sur une médaille, dans un temple majestueux à colonnes qui pourrait symboliser le monument, deshabillé de ses murs extérieurs.

Des fouilles archéologiques sur le site de Taisey, antique Cabillodunum, qu'on se refuse à faire.

À Taisey, sur la colline qui domine Chalon-sur-Saône, là où se dresse une tour ancienne, dans le parc d'un château du XVIIème siècle, la légende court depuis longtemps qu'un trésor s'y trouverait enfoui. Et c'est bien par un miraculeux hasard qu'en fauchant quelques herbes folles, j'ai heurté une pierre sculptée qui effleurait à peine du sol, révélant un fossé de défense. Il m'a été ensuite assez facile, à l'aide de l'ancien cadastre, de retrouver le plan de l'ancienne forteresse. Fabuleuse découverte et pourtant fort mal reçue.

Tasiacum, de Thesaurus trésor, bourg de Taisey, répond à toutes les conditions pour être l'Alésia, métropole de la Celtique, dont Diodore de Sicile évoque la fondation par Héraklès. Il s'agit, bien sûr, de l'Héraklès phénicien, autrement dit d'une colonisation phénicienne partie de Tyr. Après un long périple, Héraklès revenait d'Espagne. En toute logique, le héros a remonté le cours du Rhône, puis celui de la Saône jusqu'à l'endroit où elle bifurque. Il a trouvé là, sur la colline de Taisey dominant la Saône, en surveillance de la voie terrestre qui la longe, une position centrale, favorable pour l'emplacement d'une capitale.

À l'époque de l'âge du bronze, Chypre était aux mains des Phéniciens et s'appelait Alashiya. Point de départ logique des voies de l'étain et point de retour, il n'est pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre qu'elle a donné son nom à certaines stations. Le marchand naviguait jusqu'à Marseille, remontait le Rhône et la Saône, s'arrêtait à Cabillodunum - l'Alésia de Diodore de Sicile - remontait jusqu'à Aluze, autre Alésia, puis s'engageait dans la vallée luxuriante de la Cossane pour rejoindre par la Brenne, Alise-Sainte-Reine, l'Alésia des Mandubiens, lieu de la bataille de César... et ainsi de suite jusqu'à la (Grande) Bretagne et à ses mines d'étain. 

Vers 500 av.J.C., Hécatée de Millet est le premier historien à parler des Celtes. Evoquant notre région "barbare", il ne cite que trois villes : Narbonne, Marseille qu’il situe en Ligurie et, au-delà de Marseille, Nuerax, habitée par les Celtes. Au bout du couloir Rhône/Saône, Nuerax - nue arx- la nouvelle forteresse, ce ne peut être que celle qui se dressait sur la colline de Taisey et dont il ne reste plus qu'une tour. 

Au Ier siècle avant J.C., Strabon caractérise le pays éduen en qualifiant Cabillynum de cité et Bibracte/Mt-St-Vincent de forteresse. Cabillynum, alias Cabillodunum, ce ne peut être que Taisey, Tasiacum, et en aucun cas la ville de Chalon des bords de Saône qui n'a été entourée d'un rempart qu'au III ème siècle.

À MM et Mmes les élus et responsables locaux de ma région chalonnaise, culturels et autres, afin qu'ils se manifestent pour la restauration de la vérité historique, et pour la valorisation de notre patrimoine antique, dans la vision d'un projet de développement d'un tourisme porteur de création d'emplois et d'enrichissement collectif.

E. Mourey, château de Taisey, 1er décembre 2016

Photos E. Mourey, art.roman.net et romanes.com


Lire l'article complet, et les commentaires