De gentils patients qui ne seraient que les dindons d’une véritable foire ?

par Michel J. Cuny
mardi 25 septembre 2018

Reprenons le fil de la Préface rédigée par Michel Morange(photographie jointe) pour son ouvrage Les secrets du vivant : Contre la pensée unique en biologie (La Découverte, 2012) dont il faut rappeler qu’il est le fait d’un historien des sciences tout autant que d’un professeur de biologie moléculaire.

Le cancer ayant été défini, par les autorités politiques et médicales, comme un adversaire à abattre par tous les moyens possibles, la question se trouve posée de la marge d’erreur qu’il convient d’admettre dans les différents « bombardements » subséquents dont il faut remarquer qu’ils sont souvent, pour le patient, l’unique chance de sauver sa peau… n’y ayant, à ce qu’il semble, aucune façon de procéder autrement.

Avec Michel Morange, pénétrons au coeur du dilemme :
« Les spécialistes oscillent, sans boussole, entre la recherche de médicaments spécifiques, sans effets secondaires mais à l’action souvent décevante, et des médicaments non spécifiques mais de grande efficacité, aux effets secondaires parfois moindres que ceux qui étaient redoutés.  »

On le constate avec un certain étonnement et avec, aussi, une inquiétude certaine : les à-peu-près paraissent pouvoir bénéficier d’une prime qui résulterait elle-même d’une sorte de loto… Pourquoi donc tellement peaufiner l’armement médical, s’il arrive que, de tenter l’aventure d’un tirage assez fréquent et sur des quantités suffisantes de cibles, cela permet parfois de faire mieux et à bien meilleur compte ?

Certes, cet exercice-là exige que l’obligation de résultat soit mise de côté au profit d’un intéressant processus succès-erreur de forme très élastique. Et puisqu’il s’agit d’une sorte de sport qui n’exige qu’un faible temps de préparation et de réflexion, il est certain que, pour le développer à l’échelle convenable, il faut recruter un maximum de cibles vivantes… Avis aux candidat(e)s pour des essais cliniques qui ne demandent qu’à frapper dans la masse des malheurs annoncés au titre d’un dépistage qui, comme nous le verrons, est tout ce qu’il y a de plus planétaire.

Mais, au point où nous en sommes, d’une part, des contraintes statistiques qui pèsent sur ce type d’expérimentation de fête foraine et, d’autre part, de la pauvreté réelle des diverses panoplies du Cancer Circus, autant croiser les lignes de tir. C’est Michel Morange qui en fait la constatation :
« La diminution de la mortalité associée à certaines formes de cancer résulte le plus souvent de la combinaison adaptée à un type de tumeur de thérapeutiques déjà éprouvées bien que non spécifiques : combinaison de plusieurs principes actifs dans la chimiothérapie, association entre chirurgie et/ou radiothérapie et chimiothérapie. »

C’est bien connu, et sans doute scientifiquement démontré : plus on est de fous, plus on s’amuse.

En l’occurrence, les fous en question sont même un tout petit peu criminels, tant ils ne savent pas vraiment ce qu’ils font :
« Certains des progrès viennent simplement de chimiothérapies plus agressives, rendues possibles par la mise au point de protocoles permettant d’en atténuer les effets secondaires. »

C’est quoi un « effet secondaire atténué  » ? Rien, sans doute, que ce qui ne débouchera pas sur une mort tout à fait immédiate… Tant qu’il y a de la vie – mais si, rien qu’un tout petit peu, et même si ça fait très mal -, il y a de l’espoir… pour le corps médical de faire monter un peu ses statistiques de survie après passage de tant de malheureuses et de malheureux sous les feux croisés de son ignorance…

Pas étonnant, alors, que Michel Morange en arrive à cette première conclusion qui renvoie à leur insanité tous les beaux discours sur la recherche qui viserait le cancer, alors qu’il est pourtant très clair qu’elle ne vise que la personne qui porte cette croix comme la marque de son entrée imminente dans un enfer qui, rendu à sa dimension planétaire, ne laisse plus à celui de Verdun qu’un caractère plus ou moins anecdotique :
« La diminution que l’on peut espérer du nombre de morts par cancer dans les prochaines années résultera plus de la mise en œuvre de mesures préventives, comme par exemple les restrictions apportées à l’usage de la cigarette, que de ces lents progrès thérapeutiques.  »

« Lents progrès thérapeutiques »… Et pourtant… que de promesses !…

Mais, tiens, la cigarette ?… Que vient-elle donc faire en pareille galère ?…

Clic suivant :
Cancer, oh cancer !… Mais dis-nous donc qui tu es !…


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