De l’infra-humanité du banquier véreux

par Disjecta
jeudi 18 février 2010

Piste pour mettre fin au cercle vicié de l’Histoire humaine.

On retrouve petit à petit le rythme d’un scandale financier par jour qui avait prévalu pendant les mois de septembre et d’octobre 2008. L’économie était alors au bord du collapse intégral. Un an-et-demi après, les principales banques ont "renoué" avec les profits records et leur intention de distribuer de substantiels bonus.
Toute personne à peu près douée de raison sait que tous les chiffres donnés par les banques sont du vent, une vaste escroquerie rendue possible par la magnanimité (moins pudiquement, on peut parler de complicité) des gouvernements qui ont déversé à flots de gigantesques sommes d’argent sans exiger le moindre début de commencement d’embryon de contreparties. Aujourd’hui, on voit nos pitoyables et "soi-disant" puissants (faire semblant de) quémander pour revenir à la norme du Glass Steagall Act, instauré à la suite de la crise de 1929, et qui cloisonnait strictement les activités des banques de dépôt et des banques d’investissement. Pour éviter que quelques demeurés cupides aillent faire joue-joue avec l’épargne avant de tout faire s’écrouler. Aboli en 1999, il n’aura pas fallu dix ans pour qu’on se retrouve avec une crise de l’ampleur de 1929. Difficile de croire que cette abrogation fut totalement innocente. A moins de supposer que nos "élites" soient un gros tas d’ahuris sans aucune culture historique et économique (ce qui serait franchement peu aimable). A Davos, le message des banquiers fut grosso modo : "On se battra jusqu’à la mort pour que vous ne touchiez pas à notre (gros) pactole."
 
Tout cela est connu. Mais il y a une question qui mérite d’être posée (parmi bien d’autres). Comment les traders, les banquiers, les spéculateurs et autres néo-libéraux ont-ils pu atteindre un tel niveau d’infra-humanité ? (Evidemment, cette question suppose que l’on considère l’humanité comme globalement raisonnable, consciente et douée de façon générale d’une éthique minimum. On arguera qu’au vue de l’Histoire humaine, ce présupposé pose déjà quelques problèmes.)
Comment certaines personnes, pourtant éduquées et souvent dans ce que l’on a coutume d’appeler les établissements d’excellence, en sont-elles arrivées à un tel niveau de cupidité, à un état de bêtise aussi permanent et absolu ? Qu’est-ce que leurs professeurs (et leurs parents) ont oublié de leur inculquer et qui les voit aujourd’hui se répandre dans le cynisme le plus extravagant sans sembler s’en rendre compte, ou du moins sans toujours supposer à quel point leur attitude n’appelle, chez l’être normalement pourvu en neurones, que le dégoût et la révolte ? Qu’est-ce qui permet d’aboutir par exemple à ce qu’une personne comme Didier Lombard, PDG de France Télécom, se persuade que le suicide fasse parmi son personnel l’objet d’une "mode", comme par exemple le scoubidou, le bandana, le pin’s, ou donc pour Lombard, se défenestrer, s’ouvrir les veines, avaler des barbituriques, se pendre ?
Evidemment, question subsidiaire, qu’est-ce qu’on attend pour enfermer au plus vite en HP ces fous dangereux dont la capacité prédatrice et la force destructrice ne sont plus à prouver ?
 
En vérité, ces aliénés en puissance ne sont que la survivance d’une classe aristocrate parasite que la révolution française n’avait pas su mettre à bas, que l’on appelle plutôt aujourd’hui la "haute bourgeoisie". Car le cynisme et la cupidité des banquiers sont bien les caractéristiques éternelles de cette classe qui se terre entre autres dans l’Ouest parisien et dont il est bien difficile de cerner à quel autre but, sinon d’amasser continuellement le plus d’argent et de pouvoir, ils vouent leurs vies. Contre vents et marées, cette classe a réussi à tenir debout, passant successivement l’épreuve de la révolution, de la république, du front populaire, du Conseil National de la Résistance, sans cesse renaissante comme l’ortie dont on n’a pas pris garde d’arracher la racine. Seuls des événements d’une magnitude sociale et historique aussi forte qu’une guerre ou une révolution - qui les voient plus cupides et collabos que jamais - sont susceptibles d’amoindrir, au moins pour un temps, leurs prétentions et leur insatiabilité. Mais les bouleversements qui résultent de ces événements, dans toute leur violence, ne sont généralement encaissés que par les plus faibles d’une société. C’est le tribut que le peuple doit payer pour une énième fois remettre au pas une classe au parasitisme sans cesse renouvelée. Tel Prométhée se faisant chaque jour dévorer le foie que la nuit avait permis de régénérer. Et c’est un tribut que l’on hésite longtemps à payer, tant on sait ce qu’il va supposer de souffrances et d’horreurs. Il n’existe qu’un moyen d’échapper à cette fatalité : venir définitivement à bout de cette classe des profiteurs et des cupides, non pas en élimer temporairement les griffes, mais bien les couper une bonne fois pour toutes, pour que celles-ci ne viennent pas à nouveau enserrer toujours plus fort jusqu’à l’étouffer, la société des hommes.
 
 

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