De « L’ORDRE DU JOUR », Prix Goncourt

par J.MAY
jeudi 9 novembre 2017

S’agissant de la critique du dernier prix Goncourt, décerné à Éric Vuillard pour son roman historique « L’ORDRE DU JOUR », les chroniqueurs de la presse mainstream qui relatent le contenu de l’ouvrage, sont contraints d’évoquer le compromis et les compromissions de la grande industrie et de la finance allemandes avec Hitler à partir de 1933.

Ils se gardent apparemment d’insister sur le « virage » intervenu dans l’expression hitlérienne du national-socialisme, passé à partir de 1933 du national-socialisme antérieur à un nationalisme ne conservant de socialiste que l’appellation du parti (National sozialistische Deutsche Arbeiter partei).

L’épisode évoqué par Eric Vuillard évoque en quelque sorte le pacte conclu entre les milieux d’affaires, la finance, et Hitler pour faciliter et préparer une conquête du pouvoir par ce dernier, conquête sinon pacifique, du moins « légale », et surtout pour évacuer du programme nazi les réformes sociales susceptibles de « contrarier » les grands industriels.

L’organisation paramilitaire du parti nazi, la Sturmabteilung, connue sous l’abréviation de S.A, dirigée par Ernst Röhm, avait depuis 1926 constitué pour Hitler une troupe de choc dans sa politique d’intimidation civique et de terreur visant à une prise de pouvoir basée sur la violence.

Mais désormais les milieux conservateurs avaient besoin de « paix civile », et l’armée régulière de la République de Weimar, la Reichswehr, désirait retrouver un rôle de garante de l’ordre intérieur.

Milieux d’affaires et grands industriels, appuyés par les conservateurs se sont donc accordés pour aider Hitler dans son ascension, moyennant entre autres, l’élimination de l’aile plus ou moins « socialiste » du parti nazi et de son bras amé, la Sturmabteilung.

La « nuit des Longs Couteaux » (fin juin 1934), épisode historique déterminant, marque le point de rupture entre Hitler et ses compagnons de route antérieurs, les populistes partisans d’une révolution sociale autant que nationale.

À propos de cet épisode il est permis de relever quelques légères similitudes entre le changement de ligne idéologique survenu en 1933 au sein du parti national-socialiste allemand et les évolutions intervenues récemment au sein du Front National en France, lequel Front national comporte une aile nettement libérale-identitaire et une aile (amoindrie par le départ de Philippot) à connotation « sociale-populiste », ceci dit tout en précisant, comme il se doit, qu'une telle comparaison comporte des limites, notamment en ce qui concerne le recours à la violence et les péripéties du changement.

 


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