De la démesure de l’ego, et de l’entêtement pour les méthodes qui faillissent

par Whackangel
lundi 22 septembre 2014

« Un fou est une personne qui recommence sans cesse les mêmes action, qui se comporte sans cesse de la même manière, en espérant obtenir un résultat différent. »

Nous avons eu le droit, ces dernières semaines et d’autant plus ces derniers jours, aux douces réminiscences suscitées par le retour de M. Sarkozy aux premières pages des médias, jusqu’au grand retour sur le plateau du JT de France 2, ce dimanche 21 septembre 2014.

Je me souviendrais toujours de cette petite phrase, début 2012, presque prononcée sur le ton d’un gamin de 8 ans un peu mauvais joueur, un peu maître-chanteur en herbe : « Si je ne gagne pas cette fois-ci, je me retire de la vie politique ». Je m’en souviendrais surtout parce que dès lors, je savais qu’il ne tiendrait pas parole. Un cheval de course est toujours fait pour courir, même s’il perd chacune de ses compétitions. Visiblement, lui aussi s’en souvient, puisqu’il arrange sa communication au gré des circonstances : le pays est dans un état tellement désastreux depuis qu’il a quitté la chaire suprême qu’il n’a de choix – c’en est presque à contrecœur !- que de revenir. C’est lui, la solution de tous les maux, le remède au mal qui éreinte le pays.

On aura difficilement vu égo plus développé.

Au risque de choquer quelques bien-pensants, quand j’entends « Sauver la France », je pense à Charles Martel, à Jeanne d’Arc, à De Gaulle, à Pasteur si l’on veut être moins dramatique mais tout aussi efficace dans le geste. Je ne pense pas à Nicolas Sarkozy. Je ne tomberais pas dans le marronnier facile qui veut porter à penser que son retour en politique lui permettrait d’étouffer les quelques affaires où se trouve son nom, qu’il soit tout en haut de la page de garde comme au milieu d’un des multiples feuillets du dossier. Ces casseroles ne sont un secret pour personne, tentons plutôt de nous concentrer sur le concret : les engagements de Monsieur Sarkozy, qu’il dissémine au gré des interviews.

Rassembler une droite divisée, et refonder un parti unifié. En gros, reprendre de façon analogue la voie de sortie du RPR qui s’est « dissout » dans l’UMP, voilà pile douze ans : le 21 septembre 2014 (à titre de comparaison, le RPR aura vécu 26 ans). Belle symbolique. Cela signifie tout de même que la tentative de faire oublier le marasme du RPR aux français aura fonctionné grâce à l’UMP, mais que ce nouveau parti aura quand même réussi à répéter les mêmes erreurs, et se retrouver, moins de douze ans plus tard, dans une situation similaire, voire pire. Et notre sauveur de proposer de recommencer tout à zéro.

Proposer un programme d’opposition constructif, pour alimenter le débat démocratique en France. Soit. On aura rarement vu plus constructif que le débat démocratique de deux représentants du peuple au sein de l’hémicycle, pourvu qu’ils soient de bords politiques opposés : attitude plus attendue de la part, encore une fois, de gamins de huit ans dans la cour de récréation qu’à l’Assemblée Nationale. Le débat démocratique ne doit pas être réduit aux seuls députés, sénateurs ou journalistes, ces derniers n’ayant visiblement qu’une culture politique et rhétorique limitée à la seule obligation de générer de l’audimat.

Enfin, dernière proposition retenue, la « réintroduction » du référendum dans « le fonctionnement de nos institutions ». C’est bien évidemment la proposition qui m’intéresse le plus, étant personnellement convaincu de la portée démocratique de l’exercice… jusqu’en 2005 : malgré un refus d’une majorité de français de ratifier le projet de loi pour la constitution européenne, le pouvoir en place n’a pas tenu compte du souhait exprimé démocratiquement par le peuple. Deuxième point, notre nouveau démocrate (qui décidément enchaîne les titres, après celui de sauveur de la France et de réunificateur de la Droite) voudrait nous faire croire qu’il a été frappé par cette idée magnifique : non. Il l’a déjà « promis » en 2007, et, voyez mon sourire goguenard, il n’a jamais mis à exécution sa promesse pendant son mandat. Peut-on vraiment passer cinq ans sans soumettre une seule décision au choix éclairé du peuple ? Visiblement, oui. Le référendum est en réalité une épée à double tranchant que tout politique digne de ce nom redoute, à juste titre. S’il est une loi qui doit être appliquée ou non, et qu’on laisse cette décision au bon vouloir de la nation, il se présente alors deux cas de figure : ou le résultat ne conviendra pas au politique qui souhaitait cette loi (comme ça se serait très certainement passé si la loi Taubira et sur le Mariage pour Tous avaient été soumises à un référendum), ou alors le politique ne tiendrait pas en compte le résultat et agirait comme s’il n’y avait jamais eu de décision de la part du peuple : le cas 2005. Considérant l’état du pays, le référendum est effectivement une solution viable, mais tellement dangereuse pour le pouvoir en place (que beaucoup voient comme premier responsable dudit état) que ce dernier n’aurait aucun bénéfice à tirer de cet exercice démocratique.

Il semble évident que, malgré la désapprobation grandissante des français pour revoir la figure de M. Sarkozy sur les panneaux municipaux, (presque autant que pour Hollande, c’est dire !) celui-ci ne démordra pas. Il utilisera la même méthode que ses illustres opposants (dont l’actuel Premier Ministre) : agiter l’épouvantail FN, à la fois honte et horreur de la démocratie (sauf pour 25% du pays, mais c’est un autre débat). On en revient toujours au même point : plutôt UMP (qui change bientôt de nom) ou PS que le FN. Pour désamorcer cette situation, on voit Madame Le Pen (qui a plus hérité d’un parti plutôt que d’une réelle expérience politique) assouplir au maximum les angles pour mieux jouer dans la cour des grands, tout en cherchant à les discréditer au mieux (pas dur, en même temps, comme exercice !) alors qu’elle répète les mêmes erreurs de fond : chercher à ratisser large plutôt de de consolider ses positions.

Les principales options ont fait leur temps, pas leurs preuves, loin de là. Pourquoi donc se cantonner aux seuls choix de la grande droite ou de la grande gauche, sans considérer les plus petits partis ? Ceux-ci sont moins méritant médiatiquement, mais proposent peut-être une autre vision de la France que celle du « droit dans le mur », qui réfléchissent aux effets de la politique européenne qui limitent nos actions au plan national avec les différents articles de son traité, qui proposent d’autres méthodes pour relancer l’économie ou en tout cas limiter les dommages causés par les crises, et qui, quoi qu’il en soit, cherchent à proposer des réponses concrètes aux vrais problèmes des français : la criminalité qui touche de plus en plus de familles, l’accès aux soins de plus en plus difficile, l’assurance d’une source de revenus pour vivre avec décence, détails qui ne semblent pas toucher les futurs candidats à la présidentielle de 2017.

Dois-je d’ailleurs seulement rappeler que nous sommes qu’en 2014 ?

 

@Theo_tessa


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