De La Hoya au panthéon du noble art

par Johan Livernette
lundi 8 décembre 2008

Oscar De La Hoya est mort. Pugilistiquement parlant, un soir de décembre, lors du combat de trop, celui qui guette tout boxeur en fin de carrière, après avoir ressuscité en mai 2006 face à Mayorga puis avoir « vaincu » le génial Floyd Mayweather Jr.
Manny Pacquiao allait trop vite. Le cœur meurtri, le corps usé, Oscar serra sa garde, se camouflant derrière pour qu’on aperçoive un peu moins son infériorité du moment, comme tout homme fier cherchant à masquer ses faiblesses.

Ses plus fidèles supporters, ses plus sincères partisans n’ont jamais autant souffert. Et pourtant, Oscar n’a jamais été aussi beau que lors de ces septième et huitième reprises. L’œil gauche tuméfié, le visage cabossé, le regard noir attendant patiemment la fin du calvaire, l’homme face à sa vulnérabilité. La photo peut choquer le grand public submergé d’images glorifiantes le classant définitivement « playboy latino-américain chanteur de charme » alors qu’il fut surtout un grand et méritant combattant au palmarès exceptionnel, un gaucher évoluant en droitier au bras-avant fulgurant. 
 
Il est paradoxal de constater la grandeur d’un champion le jour où il est le plus dominé sur le ring. Le Golden Boy souffrait et on souffrait avec lui. Dans son coin, pas un mot de sa part. Aucune intention de se plaindre. Pas une once d’excuse dans le naufrage. Et puis, fier mais raisonnable, Oscar s’en alla saluer la performance sportive de son adversaire.

 
Question : à quoi reconnait-on un grand champion ? Réponse : à ce qu’il a laissé derrière lui, à son œuvre globale, à son comportement dans la défaite aussi.

On retiendra son sacre aux J.O. de Barcelone en 92 peu après le décès de sa mère. Puis ses deux succès sur l’empereur Chavez, une passation de pouvoir classique entre vieux briscard et jeune loup. Et enfin ses multiples championnats du monde -souvent gagnés, parfois volés par les juges- face à des champions comme Molina, Paez, Gonzales, Whitaker, Quartey, Trinidad, Vargas, Gatti, Sturm, Mosley, Mayorga, Hopkins, Mayweather Jr…
 
On savait Oscar De La Hoya grand boxeur. On le découvre progressivement grand Monsieur. Car au-delà du sportif de haut niveau, il y a l’homme. L’Humain putain, l’Humain ! Le sport n’est pas qu’une question de victoire et de défaite. Jean-Claude Bouttier l’a bien compris. D’autres ne l’ont pas tout à fait saisi !

Pas de polémique stérile avec Oscar De La Hoya, une sorte d’anti-Mohamed Ali dans ce registre. Juste ce besoin de prouver, de se prouver à soi-même, de prouver aux autres, d’apporter du bonheur au public, d’apporter à son sport… pour finalement rentrer dans le club fermé des boxeurs de légende et désormais des promoteurs confirmés.
 
Malgré les millions de dollars amassés, les titres mondiaux obtenus dans six catégories différentes (record absolu), la réussite, la gloire, Oscar De La Hoya est allé se faire mal une énième fois. Au bout de ses rêves, de ses ultimes défis. Mais on ne peut pas être et avoir été. La rengaine est classique, le poids des ans terrible. De La Hoya avait lui-même reconnu que son corps ne répondait plus comme avant. Il lui faut maintenant tourner une page pour en prolonger une autre, extra-sportive celle-ci, en tant que promoteur de Golden Boy Promotions. Merci pour tout Monsieur De La Hoya.

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