De la liberté d’expression et de diffusion sans les GAFAMS : quelles solutions ?

par uleskiserge
mercredi 8 juillet 2020

 

       Si la liberté d’expression est si mal défendue c’est que nous sommes très peu nombreux à en avoir besoin puisque la vaste majorité des individus a tendance à penser comme il leur est demandé de le faire.

Faut bien dire que penser demande un vrai effort ; penser va à l'encontre de l’homme dit « moderne » depuis que les médias s’en chargent à toutes les heures du jour et de la nuit. Penser est devenu pénible, épuisant. On évite, on résiste autant qu'on peut, on freine des quatre fers, tellement ça ne nous ressemble pas ou plus ; et c'est sans doute la raison pour laquelle, penser c'est penser à rebrousse-poil, toujours ! Et personne ne vous remerciera pour l'avoir fait car alors, vous serez leur mauvaise conscience à tous puisque penser c'est penser contre tous ceux qui ont jeté l’éponge et qui ont renoncé à cet effort, le plus souvent à leur insu ; et ça en fait du monde : tous ceux qui pensent avoir de bonnes raisons d’ignorer qu’ils ont renoncé à penser.

On pourra le regretter puisque ceux qui font un usage étendu de cette « liberté d’expression » sont les derniers à pouvoir la défendre faute de moyens et de réseaux d’influence ; en effet, ceux qui ont les moyens de la censure sont sans commune mesure bien plus à même d’obtenir gain de cause, et ce en toute impunité et confidentialité, alors que la liberté d’expression devrait protéger ceux qui en ont le plus besoin ; précisément ceux qui dérangent, choquent et scandalisent.

A noter aussi le fait suivant : rares sont les intervenants et les militants qui sévissent sur Internet qui ont compris (à l'exception des censeurs) combien la diversité des points de vue permet seule de prendre conscience de la complexité des enjeux et de la nécessité de l’expression de cette complexité qui a pour corollaire : la protection et la diffusion des opinions les plus téméraires, les plus polémistes. Vraiment : de prendre connaissance de tout ce qui se pense, de tout ce qui est pensé est aujourd’hui une exigence absolue.

        Rappelons-le une nouvelle fois : la liberté d’expression ainsi que la diffusion de cette expression sont souvent remises en cause dans l'indifférence générale car très peu de nos concitoyens y ont recours, soit par crainte (la liberté est anxiogène) soit par ignorance : « Comment ça ? Tout ce qui nous est donné à comprendre n’est pas tout ce qu’il faut savoir ? » ; peu nombreux la défendent puisqu’il n’est pas donné au premier venu de déranger, de choquer et de scandaliser ; sans oublier ceux qui ne se risquent que trop rarement à dire la vérité alors que sans liberté d’expression (liberté dans le sens « être à l’abri de toute sanction ») , aucune vérité ne peut être énoncée. C’est le règne du mensonge par omission et du mensonge tout court qui sévit alors. D’autant plus que liberté d'expression, la liberté d'information... c'est ici et maintenant dans une démocratie qui fonctionne et sûrement pas dix ans après les faits car, à enquêter sans péril, sans coup férir, on informe sans gloire.

Certes l’arrivée d’Internet nous a permis de réaliser que le talent, le courage et cette soif toujours inextinguible de savoir et de compréhension ont le vide en horreur ; c’est Internet qui comblera ce vide abyssal même s'il semblerait que l'on ne puisse plus faire confiance aux GAFAMS pour en assurer la pérennité.

 

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        Liberté, liberté, liberté… qu’est-ce que la liberté d’expression ?

Depuis la nuit des temps, la liberté d'expression des uns a toujours trouvé asile chez la dictature des autres (une démonstration ICI). Car la vraie question est la suivante : qui dénonce qui, quoi et où. Pour cette raison, telle dictature n'est pas plus ni moins une dictature que telle démocratie : tout dépend de ce qu'on y dénonce dans chacun des deux systèmes de gouvernement. Quant aux sanctions contre ceux qui se risqueraient à faire un usage étendu du droit à l'expression d'une opinion, depuis trente ans, les dites démocraties n’ont vraiment rien à envier à tous les régimes autoritaires de par le monde, ni cette Europe au service d'une mondialisation sans honneur et sans courage en faveur d'une politique étrangère abjecte.

Mais alors, qu'est-ce donc que la liberté d'expression ? 

La liberté d’expression c’est un droit accordé à chacun d'entre nous par tous les autres qui ont alors pour préoccupation qu’un tel ou une telle puisse en faire un usage dont personne ne pourra restreindre la portée, excepté la loi pour peu que celle-ci consacre ce droit à une expression polémiste et parfois blessante mais toujours subversive.

Pour cette raison, la défense de la liberté d’expression est un vrai engagement et un vrai sacrifice car défendre la liberté d’expression c’est fatalement accepter que puisse être vu, lu et entendu tout ce qu’on n’aurait jamais souhaité voir, entendre et lire.

Il n'y a pas de liberté, il n'y a que des preuves de tolérance ; la liberté de parole de l'un est la garantie de la liberté de parole de tous. Et si chacun a la mauvaise habitude de déplorer la censure dont il est la victime sans se soucier de la censure de leurs congénères (ennemis idéologiques ?)... alors que comme on vient de le voir, toutes les têtes bien faites savent que la liberté des uns est une garantie de la liberté de tous les autres et vice versa… c’est que cette notion de tolérance et « sacrifice » est absente chez ceux qui n’ont qu’un regret face à la censure : leur incapacité à pouvoir l’exercer sur ceux dont ils ne partagent pas les opinions.

       Qu'il soit permis de rappeler que la société, ce n'est pas simplement l'économie et la répartition de richesses. Ce qui fait société relève aussi de notre capacité à tous de dire et d'entendre la vérité.

Nul doute... le véritable enjeu aujourd’hui, c’est la défense de la liberté d’expression et le soutien qu'il faut apporter à tous ceux qui font vivre cette liberté en lui assignant chaque jour de nouveaux défis, en repoussant toujours plus loin ses limites jusqu'au trouble, jusqu'au malaise, pour mieux ouvrir en deux, tel un éclair le ciel d'une pensée qui ne s'autorise plus rien, terrée et morte de trouille.

Mais alors, est-ce à dire qu'il y aurait un ange-gardien de la liberté qui veille sur nous ? Car, s'il n'y a pas de liberté d'expression sans liberté de diffusion et de publication (là encore : merci au Net !), Internet c'est aussi la balle qu'un système verrouillé à double tour est encore capable de se tirer dans le pied, et ce à notre plus grande satisfaction même si, avec la fermeture des comptes Youtube de l'essayiste Alain Soral (2) et du satiriste Dieudonné (3) on ne peut plus ignorer la nécessité de faire appel à des canaux de diffusion totalement indépendants des GAFAMS propriétaires de Twitter, Youtube et Facebook. 

 

 

1 - Penser c’est s’affranchir ; c’est servir un intérêt supérieur : celui de la justice. Penser, c’est penser fatalement... juste... parce que... altruiste. Penser, c’est entrer en dissidence et en résistance contre soi-même et contre tous les autres. Aussi... tout compte fait, et en comptant bien, il vaut mieux penser aussi avec l’intelligence des autres qu’avec la sienne seule car le plus souvent, c’est notre intelligence qui nous empêche de penser... si par penser, on entend se méfier comme de la peste de ce qu’on pense... qui va rarement plus loin que ce que l'on est, ce qui fait, au total, pas grand monde, reconnaissons-le !

Et puis aussi : dites-moi ce que vous allez vous autoriser à penser et je vous dirai si votre pensée est un raisonnement ou une simple opinion, une opinion fatalement intéressée, fatalement partisane et donc, un avis de plus parmi des milliers d’autres.

 

2 - Procès après procès, condamnation après condamnation, banni des médias, difficile néanmoins de se passer du courage, de l’intelligence et du talent d’Alain Soral !

Il est celui qui, aujourd’hui en France avec l’aide de Rousseau, de Marx, de György Lukács, de Lucien Goldmann et de Michel Clouscard, développe les analyses les plus courageuses, les plus pertinentes et les plus talentueuses sur la société française (d’aucuns écriront : "... sur ce qui est arrivé à la France...") de la fin de la Seconde guerre mondiale à nos jours ; et ce dans de nombreux domaines : l’économie, la politique, le social et le culturel.

 

3 - Procès après procès, Dieudonné demeure assurément le plus grand satiriste-activiste de la scène francophone depuis DADA, les surréalistes, Alphonse Allais, Jarry... et plus tôt, bien plus tôt encore : Molière et les moralistes du 17è et 18è siècles.

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P.S : il est important de tester la sincérité de l’engagement de ceux qui, sur internet, s’affichent comme « médias indépendants » tout en revendiquant un engagement sans limite pour la vérité des faits vrais : Agoravox affichant un tel engagement, il s’est très vite avéré à la fois nécessaire et tentant d’en tester et la permanence et le dynamisme... plus que pour tout autre site sans doute. 


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