De quoi l’affaire Griveaux est-elle le nom ?

par Breton8329
dimanche 16 février 2020

On ne saurait dire si le « beau monde » s’indigne ou s’inquiète de l’affaire Griveaux. Après un Hollande volage, un Mitterrand polygame, un Cohn-Bendit faisant l’éloge de la pédophilie, un Castaner amateur de boites chaudes, un Fillon père la vertu faux cul, etc. (ad nauseam) ces affaires permettent aux contribuables d’entrevoir une réalité bien différente de celle qui leur est présentée pour capter leurs votes. Le problème peut être lu à trois niveaux.

Premièrement, au niveau fonctionnel, cette affaire montre que la démocratie représentative et la presse en tant que contre pouvoir ont vécu. Les électeurs votent pour des « images » élaborées scientifiquement par des cabinets d’ingénierie sociale avant d’être vendues par les médias « mainstream ». Pour ces gens, l’affaire Griveaux est un accident professionnel car elle réaligne l’image et la réalité, et annule le couteux travail qu’ils ont effectué sur les perceptions, en manipulant les grosses ficelles de Paris Match, du Journal Télévisé, des matinale, etc.

Deuxièmement, au niveau structurel, cette affaire ne peut être détachée d’une réflexion plus profonde sur la réalité du pouvoir. L’alchimie électorale qui a permis l’émergence de Griveaux, de Macron et de tous ces représentants politiques très (trop ?) éloignés des français moyens, ne sert pas les intérêts du plus grand nombre mais ceux de fortunes qui façonnent la France, l’Europe, le monde, et qui utilisent nos dirigeants comme des contremaitres. Ces gens n’ont jamais été aussi riches, malgré une crise économique permanente. Pour eux, l’avis des citoyens, contribuables, travailleurs est une matière mole qui se travaille, un investissement qui rapporte plusieurs fois la mise à long terme. Mais en s’appuyant sur la démocratie représentative pour atteindre leurs objectifs, ces gens prennent le risque qu’un de leur contremaitre agisse de façon autonome. Ils ont donc intérêt à recruter soigneusement leurs poulains.

Troisièmement, au niveau anthropologique, cette affaire devrait inciter les français à s’interroger sur la nature et les caractéristiques de son « élite ». Une majorité de français pensent encore que les « élites » sont compétentes mais davantage intéressées par l’argent que par l’intérêt général. Ce n’est pas forcément le cas. Certains gagneraient davantage et seraient moins exposés en travaillant pour une entité privée. L’incitation à la trahison, ici des intérêts du plus grand nombre, s’appuie toujours sur des méthodes éprouvées. Les espions, par exemple, utilisent l’acronyme MICE pour résumer les méthodes de recrutement : M pour « Money », I pou « Ideology », C pour « Coercion » et E pour « Ego ». Nul doute que certains politiques sont mus par l’idéologie, convaincus qu’il faut changer le monde, que ce soit pour des raisons d’écologie, de surpopulation, de géopolitique, etc. et que cela passe par le sacrifice du confort et de la liberté des gens qui les ont élus. Mais ce levier sera plus puissant lorsqu’il sera renforcé par une forme de coercition, qui pourra s’appuyer sur un décalage entre l’image réelle et la réalité. Il sera d’autant plus fort que l’image réelle sera éloignée des règles morales usuelles, voire légales. La fraude fiscale, par exemple, donne énormément de pouvoir aux banquiers puisqu’ils sont, à un certain niveau, forcément au courant des mouvements de capitaux. Finalement, l’oligarchie n’a-t-elle pas intérêt à favoriser des contremaitres qui présentent de grosses vulnérabilités, des problèmes fiscaux, des problèmes de mœurs, des problèmes de malversations, d’abus… ? (toute ressemblance avec des faits récents serait purement fortuite).

Enfin, puisqu’il faut bien conclure, hasardons-nous sur la conjecture. Il se peut que la chasse d’eau ait été tirée sur le contremaitre Griveaux par les maitres, ou par les employés, nous ne le sauront probablement jamais. Porte parole d’un gouvernement qui n’a jamais exprimé la moindre compassion envers les manifestants éborgnés en raison des ordres du pouvoir qu’il incarnait, nul doute que beaucoup de français attendaient avec impatience sa chute. Encombrant candidat, dépourvu de la moindre chance d’emporter la mairie de Paris, son manque d’objectivité en faisait un poids mort pour LREM et sans doute aussi pour Macron qui ne pouvait se séparer ouvertement d’un aussi fidèle serviteur - qu’auraient pensé les autres ? Son départ ouvre la voie à Villani, le vrai candidat LREM. Il lui reste à se réconcilier avec Macron.

Une dernière chose : qu’elles aient été produites par Griveaux lui-même ou qu’elles aient été capturées à son insu par une caméra non désactivée sur un smart phone mal protégé, l’existence de ces images en dit long sur la conscience qu’ont nos politiques du monde numérique qu’ils entendent régenter alors qu’ils n’y comprennent rien. La France est dirigée par des « marquis poudrés », formés selon des méthodes du XIXème siècle. L’énarchie qui dirige la France et qui s'est lancée à l'assaut des GAFA est totalement dépendante de systèmes, réseaux, internet, smartphone, ordinateurs, etc. auxquels elle ne comprend rien. Après la guerre économique, le monde est rentré dans une guerre de l’information et la France est très mal partie pour gagner cette guerre. En tous cas, personne ne regrettera le départ de Griveaux en tant que personnage public, même si la caste des contremaitres feint de s'indigner, tout en mesurant les perspectives qu'ouvrent ce départ. Ceux qui pensent que le rideau a été ouvert par la plèbe tenteront peut être de le fermer davantage, à grand coup de lois liberticides mal ficelées. Mais il n'est pas certain que l'oligarchie accepte de brider son épée de Damoclès. 

Il reste désormais à Griveaux à réaligner son image réelle avec celle qu’il offrait à sa famille. Souhaitons lui bonne chance.


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