De quoi l’écologie est-elle le nom
par Le Baptiste
jeudi 6 février 2020
On parle beaucoup d’environnement ces derniers temps, d’environnement et d’écologie, c’est à la mode. Les gens sérieux vous diront que c’est sans doute à la mode, grand bien nous en fasse, mais que cela est bien davantage qu’une mode. S’ils sont encore plus sérieux, ils rajouteront que l’on n’en fait pas assez, que la terre est en péril et qu’il faut, sous peine d’apocalypse, entamer notre quart de tour, faire pénitence afin de ne pas manquer le virage. Notre salut est à ce prix.
Apocalypse, salut, pénitence, oui, je connais ces mots là, vous les connaissez aussi. Cet hygiénisme moral qui sévit en Occident provient d’une sécularisation de l’Evangile, procédé qui lui enlève sa substance mais pas son exigence. Plus encore qu'une sécularisation, c'est d'une inversion qu'il s'agit, j'y reviendrai plus loin.
A vrai dire, le XVIIe siècle était « écolo » au sens que l’on donne à ce mot, c’est-à-dire faible impact des sociétés humaines sur leur environnement. Mais comme l’humanité ne reviendra pas à la bougie pas plus qu’à une démographie de 500 millions, elle ne peut avancer qu’au détriment de la nature.
Aujourd’hui la domination de l’homme semble telle qu’il pense devoir protéger la nature de lui-même. On appelle cela géo-ingénierie. La géo-ingénierie fait penser à la chirurgie esthétique, où à chaque opération la personne croit améliorer son profil quand elle ne fait que l’aggraver. Autrement dit quand l’homme essaye de corriger ses dégâts sur la nature, il les empire, inéluctablement. Voilà en quoi l’écologie est une absurdité, qui se présente comme un remède quand elle est un symptôme. Symptôme d’une anthropologie qui se mord la queue, ne produisant des solutions que pour accélérer la dévoration, sans le savoir.
1968 2007
Pour tous ceux qui croient à l’écologie et aux progrès, une seule question subsiste : le progrès peut-il résorber les perturbations qu’il induit ? Autrement dit l’ouroboros est-il soluble ? L’ouroboros pas plus que la quadrature du cercle n’est soluble. L’humanité ne renoncera pas à ses prouesses techniques et au confort qu’elles permettent, elle creusera toujours plus avant son sillon. Alors vous verrez dans ces babylones, ces villes, tous ces corps étêtés chercher des réponses à autant de questions sans issue. Le diable s’étonne toujours et s’amuse de voir avec quelle facilité il fait de chaque être humain sa pute ou son pantin. L’histoire de l’humanité est pour lui un long ricanement.
- Ouroboros
Il n’est nulle question de faire le procès de la technique et il ne le sera jamais. La technique a toujours été l’allié de l’homme, elle lui a permis de se protéger d’une nature homicide et omnipotente. Le règne de la nature est celui de la nécessité : l’individu vivant au jour le jour, au crochet de sa subsistance dans un état de perpétuelle alerte. La technique dans une certaine mesure a liberé l’homme de sa soumission à la nature pour lui dégager un temps et une tranquillité qu’il ne connaissait pas. C’est lorsque cette oisiveté nouvelle est utilisée à des fins uniquement hédonistes que le dévoiement s’opère, ou encore de faire de la technique une fin en soi. On en arrive alors à cette humanité paumée, apatride, qui ne va de l’avant que pour justifier son égotisme. Et elle le justifie toujours au détriment d’autrui.
C'est d'ailleurs pourquoi il est presque naturel de voir les plus aisés et les plus hauts revenus, c’est-à-dire ceux ayant le plus fort pouvoir de consommation, monter au créneau contre les nuisances et autres gabegies du capitalisme. Ils défendent leur train de vie, et ils le défendent comme le diable s’en défendrait, en accusant autrui de ses propres turpitudes. L’inversion est la signature éternelle, incontournable de l’antéchrist. Quand le Christ porte le péché des autres, le diable les charge de ses vices ; deux attitudes parfaitement opposées, dont chacun sait laquelle est la plus courante.
Alors de quoi l’écologie est-elle le nom. Elle n’est que le symptôme d’une anthropologie en bout de piste, qui se cherche des combats illusoires pour ne surtout pas voir le seul qui est à mener : l’amour, l’amour de soi et du prochain.