De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (19)

par morice
mardi 6 octobre 2009

L’Iran, mais aussi de l’autre côté de la planète, le Honduras, avec un coup d’état de l’armée, comme il peut s’en produire régulièrement depuis plus de cinquante ans en Amérique du Sud et en Amérique Centrale, qui a toujours été la chasse gardée de « l’empire yankee ». Le 29 juin dernier, des troupes dirigées par Romeo Vásquez investissaient le palais présidentiel, capturaient le président et le conduisaient sur la base militaire de Soto Cano pour l’expulser brutalement vers le Costa-Rica. L’homme tentera bien de revenir via l’aéroport de Toncontin début juillet, mais l’armée l’en empêchera. Tous les observateurs ont vu derrière le coup d’état manifeste la main de la CIA, malgré les dénégations de l’administration de Barack Obama. En fait, le coup d’état avait été réalisé par des hommes tous formés jadis à Fort Benning, incontournable endroit pour apprendre les mauvais coups. Retour sur la situation Hondurienne et le rôle majeur joué dans cette mascarade par une autre base militaire, pivot de tout le débat actuel dans le pays.

L’Iran d’un côté et l’Amérique du Sud qui se rappelle aussi à nos bons souvenirs au Honduras, dans un coup d’état de militaires qui sent fort le coup monté de l’extérieur : tout est parti des forts mauvaises relations entre le président Zelaya et le général en chef des armées Velasquez, les militaires ayant refusé de distribuer les urnes du scrutin annoncé sur le deuxième mandat souhaité par Zelaya (*1). Un chef des armées démissionné qui reste en place et qui finit par se décider à renverser le président élu, voilà qui rappelle les meilleures heures de la CIA ! Car vous ne le croirez peut-être pas, mais Velasquez.... provient lui aussi de Fort Benning ! (*2) L’aviation Hondurienne aussi a son chef issu de la School of America (*3) : bref, au visu des différents curriculums, on aura du mal à ne pas imaginer que la CIA n’y a pas fourré son nez, dans le pétrin vénézuelien. Tous les comploteurs du pays sont passés par le "bonne école", celle des tortionnaires américains. Et au Honduras, Zelaya n’est pas non plus l’oie blanche qu’il voudrait bien être ou tenter de faire croire.
 
Car au Honduras, c’est aussi un fait historique : les exactions dans le pays ont commencé tôt, en 1979, avec la création du "Groupe 14", devenu rapidement Special Investigations Branch (DIES), rebaptisé Intelligence Battalion 3-16, en 1984. Une milice devenue véritable institution militaire, chargée de capturer, de torturer et d’abattre les opposants au régime, et placée sous les ordres directs du sinistre général Gustavo Alvarez Martínez, tout droit sorti de l’école militaire argentine. Un général que rencontrait régulièrement John Negroponte (ambassadeur de 1981 à 1985 et plus tard nommé administrateur de l’Irak !), l’autre âme damnée des américains (on ne dénoncera jamais assez ses méfaits je pense). Averti des exactions du fameux Battalion 3-16, Negroponte n’a jamais émis ni la moindre remarque ni le moindre reproche (*4).
 
Quand Manuel Zelaya Ordoñez and Hortensia Rosales Sarmiento (plus communément appelé Manuel Zelaya) prend le pouvoir en 2006, on se rappelle tout de suite la période trouble de ces terribles exactions : en 1975, on avait trouvé 15 corps de paysans, de religieux franciscains (dont le père Ivan Betancourt, un colombien et le père Casimiro, alias Michael Jerome Zypher, un américain) et d’étudiants dans la propriété de son père, grand propriétaire terrien. L’affaire du massacre de Horcones avait marqué tous les esprits d’alors, car son père avait été blanchi par la justice de l’époque, alors que les traces de balles relevées menaient indubitablement à sa 22 long rifle. On arrêta huit lampistes qui furent amnistiés en 1980. La CIA s’était visiblement rangée du côté du père de Zelaya. Le futur président avait alors 22 ans, et des suspicions à son égard avaient eu cours, relevées lors de la campagne électorale par son principal adversaire Porfirio Lobo. Lorsqu’il hérite du pouvoir en 2006, elles resurgissent, car Zelaya s’entoure comme par hasard des anciens tortionnaires du Battalion 3-16 : pas moins de sept d’entre eux feront en effet partie de son administration : Billy Joya, Alvaro Romero, Erick Sánchez, Onofre Oyuela Oyuela, Napoleón Nassar Herrera, Vicente Rafael Canales Nuñez, Salomón Escoto Salinas et René Maradianga Panchamé. Parmi ceux-ci, Joya et Herrera sortaient directement de la fameuse School of the Americas... on y revient donc encore une fois, à Fort Benning !
 
Negroponte avait été à l’origine de la création de la base aérienne d’El Aguacate (*5) , car il avait aussi déclaré un jour que " l’amérique centrale était la place la plus importante pour les USA ahourd’hui " (*6). Negroponte avait en fait été nommé pour remplacer Jack Binns, qui s’apprêtait à dénoncer les escadrons de la mort honduriens (*7) notamment ceux qui avaient assassiné l’archevêque Romero, torturé et jeté vivant d’un hélicoptère... L’homme à poigne n’avait pas été choisi au hasard par Reagan : à son arrivée en 1981, l’armée hondurienne bénéficiait de 3.9 millions de dollars et en avait 77.4 millions en 1984 (*8). Le Honduras, entre la Colombie et la Floride sur le trajet de la drogue entre les deux pays était un point névralgique pour la CIA !
 
Negroponte fut nommé ambassadeur en Irak par Bush en 2004, avant d’avoir été pressenti en 2001 pour être celui des Etats-Unis à l’ONU. Or, justement, en 2001, lors de recherches sur la base d’El l Aguacate, fermée en 1994, on venait juste de découvrir un charnier....de 185 corps, dont celui de deux américains disparus... et celui du pilote d’avion des contras, Francisco Guzmán, abattu par les sandinistes (*9). Nommé à l’ONU en plein après 11 septembre, la nouvelle n’avait ébranlé personne ou presque... en 1985 pourtant, un rapport d’Amnesty l’avait déjà mis en cause pour la disparition d’un activiste, Manfredo Velasquez enlevé en septembre 1981 (10). Plusieurs autres enlèvements et disparition avaient suivi. En 1988, un procès a enfin lieu dans le pays, où un ancien sergent de l’armée, Florencio Caballero, avait dévoilé les liens entre les milices tueuses et la CIA (11). Parmi les personnes interrogées, un prêtre américain, Jim (James) Carney , disparu en 1983, que Caballero avouera avoir assassiné (12) ! 
 
En 1996, c’est un rapport de la CIA qui décrit les techniques utilisées par les escadrons de la mort (11) : tout le monde y voyait une tentative maladroite pour tenter de disculper Negroponte, qui ne pouvait pas ne pas être au courant, faisant lui-même partie de la CIA... le 13 septembre 2001, malgré la découverte du charnier d’El Aguacate, Negroponte était nommé par le Foreign Relations Committee ambassadeur-administrateur de l’Irak par 14 voix contre 3 .... on sait ce qu’il advint du pays, où un bon nombre de milices et d’escadrons de la mort refleurirent juste après comme par enchantement (14), dès l’arrivée de Negroponte : on ne se refait pas semble-t-il.
 
Parmi les restes trouvés à EL Aguacate dès 1982, ceux de Nelson Mackay Chavarria, 37 ans à l’époque, torturé et abattu par le Battalion 316, entraîné par la CIA (15), grâce au responsable local, (16) Donald Winters, devenu proche d’Alvarez, puisque ce dernier fut choisi pour être le parrain de sa fille adoptive. Les techniques de tortures furent clairement décrites par ceux qui en réchappèrent : électricité et suffocation, à l’aide de bonnets comme ceux pris en photo à Abou Ghraib (17). Sur le corps de Mackay, on retrouva des traces d’un insecticide puissant qu’on lui avait fait ingérer (18). Selon les témoignages, aucun américain ne torturait sur place, laissant faire les escadrons de la mort, mais en leur apportant tout le matériel nécessaire, notamment des magnétophones pour enregistrer les témoignages ou des caméras pour les filmer : aujourd’hui encore, les enregistrements des tortures sont monnaie courante à la CIA comme on a pu le voir récemment (19). L’ayant appris, l’ambassadeur Binns câbla à Washington qu’il souhaitait des éclaircissements sur le comportement des troupes d’Alvaez et les suspicions sur la disparition de personnes, dont celle de Tomas Nativi, un professeur d’université : il ne fut jamais entendu, et au contraire, on le remplaça... Par Negroponte (20). En mars 1981, Reagan augmenta encore au contraire les effectifs de la CIA au Honduras et demanda même le recours aux tortureurs Argentins (21), chaudement recommandés... par la CIA ! Alvarez ira bien trop loin, provoquant même le rejet de la part de ses collègues généraux dont le général Lopez qui commencèrent à se plaindre de ses excès : en mars 1984, il fut brutalement démis de ses fonctions par le président du Honduras, lassé par les campagnes des activistes sur les tortures pratiquées (22).
 
La tragique fin d’Alvarez résume à elle seule tous les errements de l’époque et fait un lien avec ce qui peut encore se passer aujourd’hui dans certains états américains. Alvarez fut expulsé par ses propres collègues vers le ... Costa Rica (une habitude chez eux ?), puis partit s’installer en Floride.... à Miami, comme... pasteur évangéliste ! Devenu prophète visionnaire, il eut un jour une "révélation" lui "ordonnant" de retourner au Honduras, ce qu’il fit en 1988. Le 25 janvier 1989, cinq hommes habillés de bleu et portant des casques entourèrent sa voiture et la criblèrent de balles. On releva 18 impacts sur son corps. En mourant, Alvarez eut cette phrase " pourquoi me font-ils ça " ? En 1995, on découvrait (enfin) qu’un officier de haut rang de l’armée du Honduras, Julio Roberto Alpirez, était un agent de la CIA, payé par la CIA (23) et que c’était lui l’assassin de MacCkay.
 
Alors dans tout ce gâchis, ces coups tordus et ses assassinats d’opposants, comment ne pas voir dans le coup d’état Hondurien la main de la CIA ? Celle d’une entreprise n’appréciant pas trop le glissement de Zelaya de ces derniers mois vers des gens comme Chavez, l’épouvantail de l’extrême droite Hondurienne si représentée au sein de l’armée ? Et comment ne pas trouver logique la situation en Irak d’après 2004, ou beaucoup avaient commencé à s’interroger sur des attentats étranges, et notamment ceux où on retrouvait des plaques de moteurs de voitures neuves américaines ? Mais de tout cela nous allons parler un peu plus loin, si vous le voulez bien. Negroponte a hanté pendant des années le Honduras alors qu’il n’y est resté que quatre années. En Irak, il n’a fait qu’un cours séjour d’une année. Il est resté à la tête de la DNI jusqu’en 2007, l’organisme qui chapeaute la... CIA. Imaginons simplement les dégâts qu’il a pu commettre avec un budget de 40 milliards de dollars à son service...
 
Et au Honduras, que vient-il donc de se passer. Eh bien tout simplement un coup d’état, mais d’un genre inédit nous rappelle intelligemment Le Monde qui cite lui-même la Prensa : "Il ne s’agit pas d’un coup d’Etat militaire classique du siècle précédent où les militaires destituaient un gouvernement démocratiques, prenaient tous les leviers du pouvoir, supprimaient les garanties constitutionnelles et imposaient une dictature sanguinaire", veut croire le quotidien. Pour lui, la volonté du président Zelaya de modifier la Constitution pour pouvoir être réélu était à sa manière une entorse à la démocratie." Le hic étant la méthode expéditive utilisée par les militaires, Zelaya ayant été cueilli en pyjama dans son palais et promptement emmené à l’aéroport pour être expulsé du pays. En fait c’est la dérive progressive de Zelaya qui a fini par le condamner, note un quotidien mexicain car selon lui, "son parcours depuis le libéralisme vers la gauche anticapitaliste ne pouvait manquer de lui attirer les foudres de"l’oligarchie et de la bourgeoisie hondurienne". Les américains ont-ils été effrayés d"un rapprochement possible avec Chavez ? Très certainement, et dans ce cas ils devaient craindre pour leur présence militaire dans le pays. Selon Christophe Ventura, ça ne fait en effet aucun pli : "L’armée hondurienne est très liée à l’armée américaine, c’est une armée très réactionnaire, le corps d’officiers est très à droite, largement formé par les américains et organiquement lié à l’oligarchie hondurienne. Par ailleurs, historiquement l’armée hondurienne est la base arrière des USA dans sa lutte contre les sandinistes au Nicaragua et les USA ont encore une base là bas."
 
La raison principale du coup d’état est peut être tout bonnement à chercher ailleurs : "bien qu’élu par la droite, il avait aussitôt déclaré après son élection que les traités de libre commerce avec les Etats-Unis n’avaient apporté aucun bénéfice au pays et qu’en conséquence, il proposait de se rapprocher du président vénézuélien Hugo Chavez en adhérant à l’Alliance bolivarienne." Les grands groupes américains installés au Honduras depuis cinquante ans ont très certainement joué eux aussi un rôle important. A la façon clairement décrite par John Perkins, dans son célèbre "Confessions of an Economic Hit Man" écrit il y a vingt ans maintenant (24).
 
C’est bien possible, mais la plus grande raison reste à mon sens le cas de la base militaire de Palmerola, à Soto Cano, celle qui avait tant servi à Olivier North au temps des Contras, et que Zelaya avait aussi menacée. En voulant en faire un aérodrome... civil : Le 31 mai 2008, en effet, Manuel Zelaya avait annoncé que Soto Cano serait utilisé pour des vols commerciaux internationaux, au grand dam des miliaires. Toncontin, long de seulement 1 665 m en piste 01 et de 1 870 m en piste 19 , est bien trop dangereux.... et d’une approche bien trop délicate ! !! A chaque atterrissage on risque la catastrophe ! Pour ce faire, la construction du terminal aérien civil prévu avait été financée par des fonds de l’ALBA, la "Bolivarian Alternative for the Americas", un organisme économique chargé de contrebalancer l’hégémonie US en Amérique du Sud, et qui regroupe la Bolivie, Cuba, La République Dominicaine, le, Honduras, le Nicaragua et .. le Vénézuela. Or, c’est une évidence qu’il s’agît là du premier contrepouvoir économique créé dans cette partie du monde, et qui remet en cause toute la stratégie US en Amérique du Sud et Centrale.
 
La base de Palmerola redonnée aux civils ? Inacceptable, pour les militaires honduriens aussi bien que pour les militaires US ! S’il fallait chercher une origine à ce coup d’état, c’est bien là qu’il se situe. La plupart des comploteurs provenait de la base aérienne ! C’est très clairement dit en dix points ici. Paris valait bien une messe, le Honduras se contentera de Palmerola. Le crédit forcé, comme moyen de pression politique. Les crédits alloués aux achats de matériel militaire, notamment, parfois même disproportionnés. Reagan, ainsi, en 1987 insistait lourdement pour que le Honduras achète 12 chasseurs F-5E à la place de Migs, en arrosant aux passage quelques militaires bien placés (25). L’ensemble représentait 75 millions de dollars. C’est ainsi que Gustavo Alvarez Martinez avait reçu 50 000 dollars pour son intense lobbying. Et évidemment, dans le cas de figure Hondurien, le premier à être monté au créneau pour rejeter la proposition du transfert aux civils de la base de Palmerola fut.... John Negroponte, bien sûr ! (26), qui prit aussitôt l’avion pour Tegucigalpa pour y rencontrer Roberto Micheletti, le président du parlement hondurien pressenti comme président par intérim, et ferme opposant à Zelaya. S’il faut chercher un responsable américain au coup d’état du Honduras, il est tout trouvé.
 
Aux toutes dernières nouvelles, Zelaya, revenu caché dans "des tracteurs et un coffre de voiture" est à nouveau dans le pays, réfugié à l’ambassade du Brésil, d’où il nargue les militaires qui éprouvent du mal à repousser ses supporters. Zelaya, fin politique, ayant l’ONU dans sa poche (27). Le Monde ne peut donc que titrer "le bras de fer se continue au Honduras".... où aucun accord n’est en vue, fin septembre, entre la junte militaire et le président évincé.
 
 
(1) "The crisis in Honduras began when the military refused to distribute ballot boxes for the opinion poll in a new Constitution. President Zelaya fired the head of the Joint Chiefs of Staff, Romeo Orlando Vasquez Velasquez, who refused to step down. The heads of all branches of the Honduran armed forces quit in solidarity with Vasquez. Vasquez, however, refused to step down, bolstered by support in Congress and a Supreme Court ruling that reinstated him. Vasquez remains in control of the armed forces." 
 
(2) "Vasquez, along with other military leaders, graduated from the United States’ infamous School of the Americas (SOA). According to a School of the Americas Watch database compiled from information obtained from the US government, Vasquez studied in the SOA at least twice : once in 1976 and again in 1984".
 
(3) "The head of the Air Force, Gen. Luis Javier Prince Suazo, studied in the School of the Americas in 1996. The Air Force has been a central protagonist in the Honduran crisis. When the military refused to distribute the ballot boxes for the opinion poll, the ballot boxes were stored on an Air Force base until citizens accompanied by Zelaya rescued them. Zelaya reports that after soldiers kidnapped him, they took him to an Air Force base, where he was put on a plane and sent to Costa Rica."
 
(4) "Negroponte’s cables reflect no protest, or even discussion of these issues during his many meetings with General Alvarez, his deputies and Honduran President Robert Suazo. Nor do the released cables contain any reporting to Washington on the human rights abuses that were taking place.
(5) "He supervised the construction of the El Aguacate air base where Honduran and Argentinean graduates of the School of the Americas trained the Contras in torture and other methods of counterinsurgency warfare, so that they could conduct their illegal and immoral war against Nicaragua. This base was also a torture and detention center in itself. In 2001 the base was dug up and found to contain the bodies of 185 people including two Americans. John Negroponte, also, collaborated with Battalion 316, which was a Honduran death squad responsible for the disappearances and deaths of hundreds of people. John Negroponte was later made ambassador to Iraq in 2004 and afterward held a cabinet level post, newly created by then President George W. Bush called Director of National Intelligence. One can only wonder what havoc Ambassador John Negroponte created in Iraq. All the deadly bombings and religious violence between Sunnis and Shias have his fingerprints all over them. Divide and Conquer ! "
 
(6) ""Central America is the most important place in the world for the United States today." 
 
(7) Jack Binns, Negroponte’s predecessor as ambassador appointed by Jimmy Carter, complained about the blatant human rights abuses in Honduras and briefed him as he took office. He later reported that Salvadoran nuns who fled to Honduras after the assassination of Archbishop Oscar Romero had been tortured by the Honduran secret police and thrown out of helicopters alive – a speciality of the Argentine military officers employed in Honduras during Negroponte’s stint. One official, Rick Chidester, claims Negroponte ordered him to remove all mention of torture and execution from his report on human rights in Honduras.
 
(8) After winning the 1980 election, President Ronald Reagan needed someone reliable in Honduras to replace Jack R. Binns, a Carter administration holdover. The new ambassador would coordinate a huge increase in military assistance, from $3.9 million in 1980 to $77.4 million in 1984. Negroponte had hawkish credentials : A former aide to Henry A. Kissinger, he had criticized his patron for making too many concessions to the North Vietnamese in the previous decade.
 
(9) Many other Honduran victims of the US led war in Central America ended up at the El Aguacate airstrip, whose creation was supervised by Negroponte, and where dissidents were detained and tortured – 185 corpses were dug up there in 2001. When George W. Bush appointed Negroponte as US ambassador to the UN, members of Honduran death squads who had previously been granted asylum in the US were deported. It was feared they testify about Negroponte’s role in human rights abuses while ambassador to Honduras.

(10) According to a November 1985 CIA report, which has since been partly declassified, the kidnapping was the work of the Honduran Anti-Communist Liberation Army, or ELACH. A 1997 CIA study identified ELACH as a "death squad" with close ties to a special security unit reporting to Alvarez. 

(11) A former Honduran Army sergeant, Florencio Caballero, testified in earlier proceedings that he was a member of an army death squad. He detailed his involvement in interrogating civilians and said the prisoners were all killed. Mr. Caballero said he was trained by the C.I.A. to be an interrogator, which American officials concede is true. Mr. Caballero said in an interview last year that he tried to hide his death squad activities from his C.I.A. advisers in Honduras, but American officials say the C.I.A. and the American Embassy in Honduras were well aware of the slaying

(12) Besides running political death squads, the Honduran Army has also executed dozens of suspected leftist rebels caught in army sweeps in recent years, including an American priest, Jim Carney, who was interrogated and then killed in 1983, according to two Honduran soldiers and American officials. Mr. Caballero said he personally interrogated Father Carney before the priest was killed.

(13) "A CIA working group set up in 1996 to look into the U.S. role in Honduras found that "the Honduran military committed most of the hundreds of human rights abuses reported in Honduras" between 1980 and 1984. The report added that "death squads" linked to the military had used tactics such as "killings, kidnapping and torture" to deal with people suspected of supporting leftist guerrillas. U.S. "intelligence collection and reporting requirements on human rights abuses [in Honduras] were subordinated to higher priorities," the CIA working group reported, according to a summary released to the Senate Foreign Relations Committee in 2001, before confirmation hearings on Negroponte’s nomination to become U.S. ambassador to the United Nations".

(14) "When Negroponte was ambassador in Honduras his building in Tegucigalpa became one of the nerve centres of the CIA in Latin America with a tenfold increase in staff. In Baghdad, he will have a similar role".

(15) "The CIA was instrumental in training and equipping Battalion 316. Members were flown to a secret location in the United States for training in surveillance and interrogation, and later were given CIA training at Honduran bases."
 
(16)" By 1983, when Alvarez’s oppressive methods were well known to the U.S. Embassy, the Reagan administration awarded him the Legion of Merit for "encouraging the success of democratic processes in Honduras." His friendship with Donald Winters, the CIA station chief in Honduras, was so close that when Winters adopted a child, he asked Alvarez to be the girl’s godfather."
 
(17) "They started with 110 volts," said Miguel Carias, an architectural draftsman who was held captive with Nelson Mackay for a week in 1982. "Then they went up to 220. Each time they shocked me, I could feel my body jump and my mouth filled with a metal taste." Former members of Battalion 316, interviewed in Canada where they are living in exile, described how prisoners were nearly suffocated with a rubber mask wrapped tightly around their faces. The mask was called "la capucha," or "the hood." Women were fondled and raped, the torturers said.
 
(18 "Farmers who found Mackay’s body in 1982 and later buried it reported that his hands and feet were tied with rope and a noose was around his neck. A black liquid spilled from his mouth. The farmers recognized the substance as "criolina," a thick, black liquid rubbed on cattle to kill ticks and mites."
 
(19 "The Americans ... brought the equipment," he said. "They gave the training in the United States, and they brought agents here to provide some training in Honduras. "They said, ’You need someone to tap phones, you need someone to transcribe the tapes, you need surveillance groups.’ They brought in special cameras that were inside thermoses. They taught interrogation techniques".
 
(20 "The U.S. ambassador was shocked. In an urgent cable to superiors in Washington, he described the conversation : "Alvarez stressed theme that democracies and West are soft, perhaps too soft to resist Communist subversion. The Argentines, he said, had met the threat effectively, identifying - and taking care of - the subversives. Their method, he opined, is the only effective way of meeting the challenge. "When it comes to subversion, [Alvarez] would opt for tough, vigorous and Extra-Legal Action," Binns warned. Four months later, Binns was outraged to learn of the violent abduction and disappearance of Tomas Nativi, a 33-year-old university professor and alleged subversive. Nativi was dragged from his bed on June 11, 1981, by six men wearing black ski masks, according to witnesses and a 1993 Honduran government report".
 
(21) "By March 9, 1981 - after less than two months in office - Reagan signed a presidential "finding" that ordered the expansion of covert operations authorized by the Carter administration, to "provide all forms of training, equipment, and related assistance to cooperating governments throughout Central America in order counter foreign-sponsored subversion and terrorism." On Dec. 1, 1981, he ordered the CIA to work primarily through "non-Americans" against the Sandinistas in Nicaragua and leftist insurgents in El Salvador. The "non-Americans" were to include Argentines, paid for by the CIA, Enders said in an interview last month. He said there did not seem to be any alternative to using the Argentines, despite their poor record on human rights."
 
(22) "Gen. Walter Lopez, currently one of Honduras’ three vice presidents, recalled in an interview : "(Alvarez)was dangerous. He was pushing our country to do something we did not want to do. We were willing to be trained professionally, but only to defend our country. Not for so-called undercover operations." On March 31, 1984, Alvarez’s military career came to a sudden and unexpected end".
 
(23)" It was disclosed this year that a Guatemalan army officer linked to two high-profile killings was a paid CIA agent. One of the victims was an American innkeeper in Guatemala, the other a leftist guerrilla married to a Baltimore-born lawyer." CIA officials allegedly knew that the Guatemalan, Col. Julio Roberto Alpirez, was involved in the killings, but concealed the — information.
 
(24) "Perkins writes that his economic projections cooked the books Enron-style to convince foreign governments to accept billions of dollars of loans from the World Bank and other institutions to build dams, airports, electric grids, and other infrastructure he knew they couldn’t afford. The loans were given on condition that construction and engineering contracts went to U.S. companies. Often, the money would simply be transferred from one bank account in Washington, D.C., to another one in New York or San Francisco. The deals were smoothed over with bribes for foreign officials, but it was the taxpayers in the foreign countries who had to pay back the loans. When their governments couldn’t do so, as was often the case, the U.S. or its henchmen at the World Bank or International Monetary Fund would step in and essentially place the country in trusteeship, dictating everything from its spending budget to security agreements and even its United Nations votes. It was, Perkins writes, a clever way for the U.S. to expand its "empire" at the expense of Third World citizens. "
 
(25) Congressional concern over the close United States relationship with Honduras was heightened by a report Sunday in The Washington Post that Gustavo Alvarez Martinez, who was ousted as head of the Honduran armed forces in early 1984, received more than $50,000 for Defense Department consulting work in the last two years.
 
(26) "Throwing fuel on the fire Assistant Secretary of State John Negroponte, a former U.S. ambassador to Honduras, said that Honduras could not transform Palmerola into a civilian airport .from one day to the next.. In Tegucigalpa, Negroponte met with Zelaya to discuss Palmerola. Speaking later on Honduran radio the U.S. diplomat said that before Zelaya could embark on his plans for Palmerola the airport would have to receive international certification for new incoming flights. According to Spanish news agency EFE Negroponte also took advantage of his Tegucigalpa trip to sit down and meet with the President of the Honduran Parliament and future coup leader Roberto Micheletti [the news account however did not state what the two discussed".

(27) "Selon lui, l’ambassade "a fait l’objet d’actes de harcèlement et d’intimidation de la part des autorités de facto (...) en violation des obligations découlant de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques". M. Amorim a indiqué que M. Zelaya, chassé de son pays par un coup d’Etat en juin, était rentré afin de chercher "par des moyens pacifiques" une sortie de crise et qu’il n’avait "aucune raison" de douter de sa bonne foi. Mais, a-t-il ajouté, "le gouvernement brésilien est gravement préoccupé de la possibilité que les auteurs du coup d’Etat au Honduras remettent en cause l’inviolabilité de l’ambassade afin d’arrêter par la force le président Zelaya".

 

Documents joints à cet article


Lire l'article complet, et les commentaires