De WikiLeaks à WikiShit
par Loïc Decrauze
lundi 6 décembre 2010
Le culte des fuites au nom de la transparence ressemble à une dangereuse utopie d’un monde sans secret.
Lorsqu’un Etat appelle à la dénonciation on ressent cela comme une facette à vomir du pouvoir ; lorsque cela émane d’une association privée certains se pâment devant l’initiative.
Absence salutaire dans ce bazar mis en ligne : aucun document ne venant conforter les dérives conspirationnistes comme celle des Faurisson du Onze Septembre, tout simplement parce que ces thèses ne reposent sur rien. Les coulisses diplomatiques américaines ne révèlent rien de fracassant et viennent plutôt au crédit de cette démocratie tant décriée. Allons maintenant fouiller les correspondances privées et les parcours des actants de WikiLeaks : on trouvera sans peine dans cette foule de la saloperie minable, de l’opportunisme cynique voire du criminel…
Ce site se focalise principalement sur les Etats-Unis, mais sa crédibilité ne vaut pas tripette s’il n’obtient rien sur les réseaux terroristes, sur les intégrismes divers et sur les mafias disséminées : où est l’éthique du renseignement si l’on se limite aux cibles démocratiques où les informateurs ne risquent pas réellement leur peau ?
Projetons-nous dans un siècle ou deux : un lointain descendant de WikiLeaks, que les détracteurs de la dérive pourraient baptiser WikiShit. Un peu à l’image des progrès fulgurants pour scruter l’univers, se profilera une génération de satellites observateurs associés aux innombrables données qui se cumuleront pour chaque individu. Imaginons qu’une organisation publique ou privée décide de traquer tel ou tel. Entre l’observation directe et la captation de ses traces thermiques, voire génétiques, l’IP d’un individu-cible ne le laissera pas en paix une seule seconde. Sans intérêt à l’égard de la majorité de la population, cet outil se concentrerait sur les délinquants (présumés ou réels), sur les personnalités perçues comme subversives et sur ceux occupant des postes stratégiques. Même goût pour la transparence et des moyens technologiques permettant la traçabilité totale de la cible. A qui, pour quelle finalité, cette arme sociale ? Un Big Father autrement plus puissant que le grassouillet frère d’Orwell.