Décrets de dernière minute... en matière d’éducation
par rosemar
lundi 14 mai 2012
Le gouvernement s'apprête à partir et à déménager mais jusqu'au dernier moment des décrets d'application de réformes sont mis en oeuvre. Ainsi le texte sur l'évaluation des enseignants a été signé lundi 7 mai par N. Sarkozy, au lendemain des élections. Ce décret vivement contesté par les syndicats visait à réformer le système de notation des professeurs
Jugée archaique par Luc Chatel, l'évaluation était confiée jusqu'alors essentiellement à des inspecteurs de l'éducation nationale, anciens enseignants eux mêmes. Les inspections étaient donc réalisées tous les 6 ou 7 ans. Ce système était, certes, imparfait car les inspecteurs, coupés progressivement de la réalité de l'enseignement n'étaient pas toujours à même de juger des qualités pédagogiques d'un enseignant... Pour autant, ils étaient censés détenir un certain savoir et une certaine culture puisqu'ils inspectaient les professeurs dans leur propre discipline..
Le décret signé par N. Sarkozy ce lundi, au lendemain de sa défaite, avait pour but d'instaurer une nouvelle évaluation confiée uniquement aux chefs d'établissement, ce projet de loi avait provoqué un tollé car un proviseur ou un directeur n'a pas les compétences nécessaires pour maîtriser toutes les disciplines diverses enseignées dans un lycée ou un collège. Le système d'évaluation déjà imparfait risquait de devenir encore plus arbitraire et injuste...
C'était pourtant, là, selon Luc Chatel, ancien de l'Oréal, une mesure de "modernisation " indispensable...
Il s'agissait on le voit, d' introduire un management inspiré du privé. Et cela passait par une évaluation des performances individuelles, avec fixation d’objectifs et progression de carrière en fonction des résultats.
On perçoit là toute l'absurdité et l'incohérence de ces signatures de dernier moment, d'autant que ce décret aussitôt après sa publication va être abrogé par le nouveau gouvernement, c'est ce qu'a annoncé Vincent Peillon, conseiller éducation de F. Hollande. Il s'agit, dit -il d’« un passage en force inacceptable » juste après le second tour de la présidentielle et « d’une nouvelle illustration du mépris du dialogue social » affiché par le gouvernement sortant. Voilà un décret-éclair, aussitôt publié, aussitôt abrogé...
Il est heureux que ce décret ne soit pas appliqué : il ouvrait la voie à un système de notation totalement absurde où la décision relevait uniquement du chef d'établissement, porte ouverte à toutes sortes de favoritisme. Un lycée ne doit pas devenir une entreprise privée où le chef d'établissement aurait tous les droits : noter les professeurs, les recruter, voire même les licencier...