« décroissez ou divisez »

par speich
samedi 21 février 2015

En 1950, la population mondiale était de 2,5 milliards d'individus. Elle a plus que doublé en cinquante ans (6,46 milliards en 2000) et on estime qu’elle pourrait atteindre les 10 milliards aux alentours de 2050.

« Décroissez ou divisez »

Marie Sophie est intelligente. Sortant de la messe avec ses six enfants, elle explique à son ainé qui l’interroge à ce sujet, que les témoins de Jehova refusent toute transfusion sanguine parce qu’ils ont pris à la lettre un texte saint qui interdit l’absorption de sang humain. Elle ajoute que l’objectif initial était très certainement d’éradiquer toute forme d’anthropophagie.

Quoi qu’il en soit, elle trouve inconcevable toute pratique religieuse pouvant mettre en danger la vie de ses enfants. D’ailleurs, Marie Sophie ne pratique pas la contraception et milite dans une association de lutte contre l’avortement. Elle respecte en tout point le précepte : « croissez et multipliez ». Or, lorsqu’il fut écrit, celui-ci s’adressait à une humanité comptant environ cent soixante-dix millions d’individus éparpillés sur une planète aussi vierge que sauvage. En 1950, la population mondiale était de 2,5 milliards d’humains. Elle a plus que doublé en cinquante ans (6,46 milliards en 2000) et on estime qu’elle pourrait atteindre les 10 milliards aux alentours de 2050. Il faut espérer que comme Marie Sophie et ses enfants, tous ces gens se nourrissent à satiété et aient accès aux biens manufacturés assurant leur confort. Donc, effectivement, la multiplication devra s’accompagner d’une croissance (de l’agriculture intensive, de l’activité industrielle, etc…).

Une question devrait s’imposer à Marie Sophie et à tous ceux qui comme elle « croissent et multiplient » sans compter (pour des raisons religieuses ou autres) : quel avenir auront leurs si nombreux arrières-arrières petits enfants dans un monde surpeuplé par une espèce qui phagocyte allègrement sa propre biosphère ? Nous pouvons bien sur nous raconter des histoires : compter sur le génie humain pour trouver des solutions à ce défi, pourquoi ne pas coloniser Mars par exemple ? L’essentiel pour un mythomane est de croire à ses propres mensonges pour ne pas percevoir la réalité qui l’accable.

Bien sûr le sujet est douloureux. Si nous revendiquions fièrement notre « humanité », l’animal n’est pas loin, et l’instinct d’une espèce est de se reproduire quoi qu’il arrive. Le besoin d’enfanter est dans nos gènes et il y a de fortes chances que cet article et les conclusions qu’il impose vous mettent mal à l’aise. Néanmoins les chiffres sont incontestables ; non plus que l’état avancé de pollution de notre planète. Or si ce dernier problème semble faire parler et réagir (un peu !), le premier reste un « tabou absolu » que nul politique au sein d’une démocratie n’oserait aborder, sous peine de suicide électoral.

Je ne prétends pas qu’il existe des solutions simples et « indolores ». Il est évident que toute mesure de limitation des naissances pose des problèmes d’ordre éthique, social, économique …Mais voyez les actes barbares que génèrent notre cupidité, nos passions et notre ferveur religieuse ; et imaginez ce que nous ferons quand nous aurons tous faim ! Si nous ne décroissons pas avec raison, il est certain que nous nous diviserons dans des guerres sanglantes pour les territoires ou les maigres ressources qui nous resteront ! Mais que restera-t-il de la Terre pour nos survivants si la régulation de l’espèce doit se faire à grand coup de missiles ?


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