‘’Démilitariser’’ la fête Nationale

par Daniel MARTIN
samedi 12 juillet 2014

Faut-il encore célébrer une fête Nationale et a-t-elle encore un sens ?

 Par définition, la fête Nationale commémore un événement historique, politique ou culturel lié à l'histoire du Pays auquel la nation s’identifie. Pour ce qui concerne notre pays cette fête commémore l'avènement de la république par la révolution qui mit fin à la monarchie absolue et aux privilèges qu’elle détenait. De ce point de vue, considérer cet évènement comme référence pour célébrer une fête Nationale en France n’a rien de choquant, d’ailleurs, la plupart des pays ont adopté la tradition d'une ‘’ fête Nationale’’ et soulignent cette fête par des célébrations diverses. Le problème réside dans le choix de la date, du rôle et de la place attribué à l’armée.

On ne fête pas le 14 Juillet 1789 prise de la Bastille, mais le 14 Juillet 1790 fête de la fédération

 Contrairement à l’imagerie populaire, le 14 Juillet ne célèbre pas la prise de la Bastille, bien que cette date prête volontairement à ambiguïté, dés lors qu’il s’agit du jour symbolique entraînant la fin de la monarchie absolue, suivi de la fin de la société d'ordres et des privilèges … Soucieux de redorer le blason de l'armée après sa défaite de 1870 à Sedan, lorsque le 21 mai 1880, le député Benjamin Raspail dépose la loi faisant du 14 juillet la fête nationale annuelle, c’est en commémoration du 14 juillet 1790, (fête de la Fédération, jour d'union nationale). Le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) ayant été une journée jugée sanglante, c’est la Fête de la fédération qui emporta les suffrages. C'est finalement le 14 juillet 1790 seul qui est commémoré et qui fera une large place à l'armée. La loi, signée par 64 députés, est adoptée par l'Assemblée le 8 juin et par le Sénat le 29 juin. Elle est promulguée le 6 juillet 1880. Au cours de cette période le débat préalable portant sur le choix de la date de célébration de la fête nationale avait également porté sur les dates du 4 août ou du 26 août

Par le choix du 14 Juillet, la fête Nationale est devenue une fête guerrière à la gloire de l’armée

 La fête nationale du 14 juillet est devenue de facto une fête à la gloire de l’armée, symbole d’une France guerrière au service de l’oligarchie financière et chimico- pétrolière mondiale, pour lesquelles elle permet de s’accaparer à bon compte les réserves de certains pays, dont les interventions meurtrières et destructrices lors de l’intervention militaire en Libye par SARKOZY, ainsi que la volonté souvent exprimée par François HOLLANDE, qui après l'intervention au Mali et en centre Afrique, n'a cessé de vouloir en découdre avec le gouvernement Syrien et Iranien en témoignent.

 Vouloir supprimer la date du 14 Juillet comme fête Nationale n’est-ce pas choquant et scandaleux ?

 Vouloir supprimer le défilé Militaire du 14 juillet peut paraître comme scandaleusement déplacé au moment où les sociétés européennes sont traversées par une crise écologique majeure dont découlent de profondes crises culturelles, institutionnelles et économiques, notamment financières et qu’en France dans une ambiance de funérarium, la société glisse dangereusement vers les tentacules d’un parti politique aux dérives extrémistes et populistes, j'indiquerai que, sauf à faire diversion pour détourner l'attention du ''bon peuple'' pendant quelques instants par des parades à bruits de bottes, les prestations d'un défilé militaires ne contribueront pas à résoudre les problèmes écologiques et sociétaux d’aucune manière…

Ils peuvent tout au plus, pendant le temps que durent les défilés militaires, faire oublier les tribulations du nouveau découpage des Régions, la politique de HOLLANDE et du Gouvernement, les déboires quotidien de l’UMP, de SARKOZY et son amende de 363 615 € infligée par la CNCCFP (commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques) pour laquelle il appartenait au candidat de la rembourser et non aux membres de son parti, ce qui a provoqué l’ouverture d’une enquête le 2 juillet dernier sur le motif « d’abus de confiance  ». Où encore la nouvelle affaire le concernant dévoilée par Marianne le 8 Juillet…(http://www.marianne.net/Sarkozy-le-Falcon-d-Afflelou-et-la-coke-_a240011.html) pour laquelle la juge Christine SAUNIER- RUELLAN cherche à savoir qui a payé un déplacement privé de l’ancien chef de l’Etat lors d’une conférence au Moyen-Orient en décembre 2012 ( l’avion était un Falcon 50 appartenant à Alain AFFLELOU)

Célébrer la fête Nationale qui symbolise la fin de la monarchie absolue et la fin de la société d'ordres et des privilèges le 26 Août et non le 14 Juillet…

 Il y a déjà longtemps de cela que Théodore MONOD réclamait la suppression du 14 Juillet pour transférer cette date de célébration soit au 4 août (jour de l’abolition des privilèges), soit au 26 août (déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen), avec une préférence pour cette date, il proposait également de remplacer la Marseillaise, chant qu’il jugeait violent et raciste par un nouvel hymne national.

 Pour ma part, je pense que la date du 26 Août 1789 est celle qui devrait être retenue comme fête Nationale (festive et chômée). C’est ce jour là où furent rédigés les derniers articles de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, texte fondamental de la révolution Française qui énonce un ensemble de Droits naturels individuels avec les conditions de leur mise en œuvre et qui est devenue depuis une référence universelle.

 L’armée pourrait fort bien conserver le 14 Juillet pour une journée de fêtes internes avec portes ouvertes

Il est évident que je ne suis pas un chantre de l'antimilitarisme et que vu l'évolution de la crise écologique avec des affrontements qui se dessinent pour s'accaparer ou protéger les dernières réserves d'énergies fossiles si nous ne rectifions pas la trajectoire, nous ne saurions nous passer d'une défense militaire, mais il convient toutefois, tout en lui donnant des moyens d'intervention de la cantonner dans le rôle qui est le sien, ni plus ni moins... Rien n’interdirait, par ailleurs, à l’armée de maintenir la date du 14 juillet pour faire de ce jour là une fête interne à ses services avec portes ouvertes au public. Il faut simplement ‘’Démilitariser’’ la fête Nationale pour en faire, par le choix de la date symbolique du 26 août, des initiatives diverses et festives dédiées à toutes et tous les’’ mort(e)s pour rien’’, les victimes des génocides, du colonialisme y compris celui moderne de l’axe New York, Riad, Tel Aviv, de la françafrique, du sexisme, du racisme, de toutes les discriminations, de cette guerre sans fin du chacun pour soi à laquelle il serait temps de mettre fin…Une célébration festive le 26 Août, digne d'une fête nationale des Droits de l'Homme et du citoyen !

 


Lire l'article complet, et les commentaires