Démocratie française : entre crépuscule funeste et bacchanale cynique

par Christophe Claudel
vendredi 10 mars 2023

Hier sur le réseau professionnel LinkedIn, un PDG s’émouvait de l’image pitoyable donnée par Macron lors de sa visite officielle en Afrique. De ces festoiements exhibitionnistes en compagnie de people locaux, alors que la France d’en-bas occupe la rue depuis un mois pour faire valoir ses droits, crier sa colère et son mal-être, et faire reculer cette réforme des retraites ultra impopulaire qui vire au fiasco parlementaire et au casse-pipe pour la Macronie.

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Ou comment la société du spectacle tourne à cette bouffonnerie funèbre où s’excitent et caracolent sur le bûcher des vanités des fossoyeurs grimaçants d’une démocratie exténuée.

« Notre Président s’amuse et se donne en spectacle, voire se ridiculise, nos députés dérapent, la France souffre et se discrédite… Que nous arrive-t-il ??? »[i]Oui, que nous arrive-t-il ?

La France, tout simplement, comme la plupart des « démocraties » occidentales, n’est plus dirigée par des « élus », issus du monde politique, portés par de solides convictions, l’amour de leur pays, le désir de servir leurs concitoyens, l’intérêt général ou le bien commun.

Mais par des opportunistes « délégués », repérés, adoubés, promus et financés par une Caste qui n’a d’autre ambition que de les utiliser pour servir ses propres intérêts.[ii]

Les candidats aux postes de responsabilité ne sont, en France comme ailleurs en Occident, plus désignés par le peuple souverain, selon un processus démocratique devenu aujourd’hui une pure mascarade.

Ces jeunes professionnels issus de « la société civile« , souvent de lobbies économiques ou financiers selon diverses collusions d’intérêts, sont cooptés sous les ors du Pouvoir parce qu’ils sont efficaces et dévoués, parfois brillants, capables de mettre en œuvre des politiques utiles au système.


Politiques dont ils ne sont jamais les inspirateurs ni les maîtres d’ouvrage puisque, comme on l’a vu avec la politique sanitaire mise en place de façon identique au même moment dans 65 États par McKinsey pendant la crise du Covid, ce sont des cabinets privés qui désormais se substituent à l’appareil d’Etat pour définir les orientations stratégiques, et les appliquer au sein des ministères concernés. Y compris dans les domaines régaliens, comme la sécurité ou la défense nationale.

Ces soi-disant « chefs d’Etats« , ou d’institutions mondialistes, la plupart de leurs ministres et leurs remplaçants potentiels, sont tout le contraire d’authentiques hommes d’Etat, avec une vraie vision, un sens aigu de l’Etat, de l’intérêt général, conscient de leur rôle, tenus par leur statut et leur fonction d’honorer le pays et le peuple qu’ils sont censés représenter, d’honorer leur fonction par une attitude constante de retenue, de dignité, d’honorabilité, sinon de hauteur, notamment lors de visites d’Etat à l’étranger.

Ces pseudos dirigeants ne sont en vérité que de simples acteurs. Comme Volodymyr Zelensky, qui a fait ses classes comme clown de téléréalité avant d’être propulsé par la CIA et les oligarques ukrainiens qui l’ont soutenu Président fantoche d’un Etat fantoche, sans aucune expérience politique préalable.

Ou comme Macron : une exception dans toute l’Histoire républicaine.

Inconnu du grand public quelques mois avant son élection, dépourvu de toute expérience politique de terrain, de tout engagement autre que purement formel dans un parti, pur produit de la technocratie et de la méritocratie, récitant une doxa néolibérale apprise à Sciences Po et l’ENA, appliquée à l’Inspection des Finances, puis comme dirigeant de la Banque Rothschild, biberonné par des bonnes fées mondialistes comme Jacques Attali, Bernard Arnault ou Peter Brabeck, le PDG de Nestlé, propulsé à 34 ans au sommet de l’Etat en tant que secrétaire général de l’Elysée pour souffler à l’oreille de François Hollande la politique économique de la France, puis nommé Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique au sein du gouvernement Valls, en charge de de négocier de juteux contrats de rachat et de fusion au profit de multinationales américaines. Puis chef d’un parti fantoche créé de toutes pièces par McKinsey, sans vrais adhérents, candidat « surprise » à la magistrature suprême soutenu par un aréopage impressionnant de sponsors venus du monde économique et financier, par la totalité des médias subventionnés qui ont fait campagne pour lui, notamment les chaînes du service public, sans aucun programme concret mais équipé de discours rodés et d’un catalogue créé par McKinsey sur le modèle d’un enquête consommateurs. Aucune vision, aucun parti pour le soutenir, juste un achat d’impulsion programmé par les officines du marketing politique.

Aucune légitimité républicaine, aucun projet pour la France sinon celui de la dépecer pour l’offrir en pièces détachées à ses mentors, aucune éthique, aucun enracinement dans la France réelle… Juste un candidat pschitttt gonflé par la plus grande opération de propagande politique et médiatique jamais orchestrée sous la Ve.

Et pourtant cet homme-là nous a été présenté au terme d’un scénario planifié comme un jeune messie au verbe creux mais séduisant, débarqué d’on ne sait où pour sauver la République du péril imminent de « l’extrême droite ». Avec comme challenger une satanique échappée de son manoir hanté de Montretout, propulsée elle aussi par les médias pour servir de repoussoir utile et de marchepied au jeune prodige.

On pourrait multiplier les exemples à l’infini. Tous ces acteurs sont choisis, formés et coachés pour jouer un script. Ce sont des emballages, des illusionnistes, des coquilles vides, des marionnettes manipulées par la Caste, érigées en mirages désirables, selon une logique d’identification des consommateurs à un « produit ».

Et surtout, selon des critères de conformité, de loyauté et d’utilité envers leurs mécènes, d’habileté à conduire des réformes en passant à travers les orages de l’opinion, de capacité à séduire, manipuler, mentir et incarner un consensus totalement factice fabriqué par les médias et les agences de sondages, selon les canons éprouvés de l’ingénierie sociale chers à Noam Chomsky[iii].

Mais ce sont aussi le plus souvent des profils malléables, souvent narcissiques, cyniques, sociopathes, sans colonne vertébrale éthique, mais au contraire des êtres dévorés d’ambitions, déterminés, vénaux, sensibles aux flatteries mais résistants aux critiques, et redoutables pervers manipulateurs.[iv]

Macron, Biden, Trudeau, van der Leyen, Scholtz, Sunak, Aspern, et avant eux Clinton, Merkel ou Sarkozy, font partie de ces « Global leaders », ces scouts du mondialisme nommés par la Secte de Davos et son gourou Klaus Schwab, appelés à constituer l’élite dirigeante des Etats-nations promis à disparition. Des procurateurs-exterminateurs envoyés dans les provinces de l’Empire mondialisé pour soumettre les peuples réfractaires au nouvel ordre concocté pour sauver la planète et assurer leur bonheur malgré eux.

 


[i] Jean-Emmanuel Devienne, PDG de DASCO sur LinkedIn le 9/3/2023
https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7039552178239238144/

[ii] Cf. Valérie Bugault : Les raisons cachées du désordre mondial, Tomes 1 et 2 (Sigest, 2019)

[iii] Noam Chomsky : La fabrication du consentement : De la propagande médiatique (2008)

[iv] Cf. notamment ces deux enquêtes sur Emmanuel Macron :
– Juan Branco : Crépuscule (Points, 2019)
– Marc Endeweld : Le grand manipulateur (Seuil, 2016)
Et pour les pathologies du pouvoir : Ariane Bilheran : Psychopathologie de l’autorité (Dunod, 2020)


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