Des bruits de Guerre Froide au fond de l’eau, en Suède...
par morice
mardi 21 octobre 2014
La nouvelle de la semaine nous vient du nord, de la mer Baltique. Là-bas, des bateaux militaires suédois (dont les plus modernes) sont de sortie, depuis quelques jours, en alerte et sillonnent l'endroit à la recherche... d'un prétendu sous-marin russe qui se serait retrouvé en difficultés. Voilà qui n'est pas sans nous rappeler les visites des côtes suédoises dans les années soixante. Des visites toutes attribuées à des sous-marins soviétiques, dont un exemplaire s'échouera sur la côte... avant qu'on ne découvre, trahi par les traces qu'il avait laissées, l'existence d'un engin secret américain. Un sous-marin nucléaire de taille réduite muni de roues pour circuler sur les fonds marins... Aujourd'hui, ce sont d'autres symptomes qui laissent envisager à nouveau des visites russes. Et parmi ces symptomes, un drôle de comportement d'un navire d'apparence anodine...
A quoi s'amusent les russes en mer Baltique, voilà la question principale. Mais on va voir aussi que l'étude attentive de ce qui vient de se passer et plein d'enseignements sur des attitudes plus anciennes de la marine russe, jamais avare pour ce qui est de surprendre ces adversaires potentiels. Vladimir Poutine bombe le torse un peu partout en ce moment, et ces amiraux sont incités à faire de même, en multipliant les opérations de diversion ou de surveillance. La scène se passe la semaine dernière, nous apprend NBC, reprenant l'agence Reuters, avec le déploiement de navires ; ainsi que des hélicoptères suédois, tous capteurs acoustiques ouverts, prêts à détecter le moindre écho émanant des fonds marins.
La raison d'un tel déploiement de forces officiellement, c'est la détection d'une "activité sous-marine étrangère" selon la Marine suédoise. Plus exactement, il s'agît de l'interception intempestive d'un message de détresse sous-marin, en direction de Kaliningrad, survenu le 14 octobre dernier. Un message tout d'abord évoquant des "problèmes techniques" à bord d'un vaisseau sous-marin dont la description est encore incertaine. Puis d'un message en clair, celui qui aurait été capté par le navire océanographique suédois. Pour les suédois, en effet, de l'aide avait été demandée, à laquelle un navire russe plutôt inattendu avait semble-t-il tenté de répondre. Quatorze heures après l'emission du second message, le vendredi 17 octobre, un témoin visuel installé sur la péninsule de Kanholmsfjärden, avait en effet aperçu un engin suspect émerger, un mini sous-marin davantage qu'un sous-marin ordinaire (mais le doute subsiste), semble-t-il, d'après sa description. Les détecteurs suédois avaient alors déjà localisé l'engin à la proximité de Kanholmsfjärden. On ignorait, à ce moment-là, que l'objet sorti des eaux avait été photographié.
Un énorme tanker ancré habituellement à Novorossiysk, haut lieu de la mafia militaire liée de près à Vladimir Poutine, et resté à quai ou en chantier pendant cinq mois, cela prête à toutes les interprétations sur les modifications discrètes qu'il aurait pu y subir pour devenir "l'assistant" privilégié d'un engin sous-marin, en effet...
Reste encore une hypothèse, mais ne cadrant pas avec les appels au secours sous-marins. Celle d'un transport d'élément placé sous la coque du pétrolier et perdu par lui en mer (d'où ses ronds dans l'eau pour tenter de le localiser !), façon "Marco la Torpille", histoire tout aussi abracadabrantesque dont je vous avais parlé ici aussi. En revanche, l'emport d'un mini sous-marin discrètement accolé à la coque du Concord, ça se tient davantage en effet. Serait-ce cela qu'il aurait perdu durant son trajet ? En tout cas, ces mésaventures nordiques ne sont pas sans rappeler la mésaventure soviétique du 27 octobre 1981, dans laquelle un sous-marin de type "Whiskey" s'était échoué sur les rochers de la côte suédoise, faisant le ravissement des titreurs de journaux avec les "whiskey on the rocks" venus... naturellement à l'esprit.
Reste enfin les recherches suédoises toujours en cours, localisées à Kanholmsfjärden, donc. 200 hommes, des hélicoptères et des vedettes rapides appelés en renfort résoudront-ils le mystère de l'engin russe tombé en panne ? Qu'est-il advenu de ce dernier et de son équipage ? A ce jour, un autre navire le sait : le fameux pétrolier d'assistance militaire déguisée, qui semble avoir réappris à signaler sa position, évoluant ce 19 octobre vers le 225° (vers le Sud-Ouest donc), à 10,7 km/h de moyenne, ayant (enfin) quitté la zone dans lequel il avait fait ses ronds dans l'eau. Aux dernières nouvelles, la presse suédoise montrait dans la soirée de dimanche une photo d'amateur, révélant effectivement la silouette d'un sous-marin du type de recherches, au kiosque noir ou de couleur foncée surmontant un corps central de couleur blanche aperçu à Kanholmsfjärden.
Sous-marin de recherche, engin militaire, ou de secours ? Les débats restent ouverts. Comme reste ouvert le rôle exact et étonnnant du pétrolier accompagnateur de l'engin défaillant... On a parlé récemment à propos de l'Ukraine du retour de la Guerre Froide, avec sa kyrielle d'opérations d'espionnage. L'une d'entre elles vient de refaire surface, c'est le mot, à un endroit que l'on n'attendait plus...
dcoument : l'enquête russe à dormir debout sur le (second) piratage présumé de l'Artic Sea lors de son arrivée à Malte...
http://en.sledcom.ru/actual/47063/?print
on peut relire :
http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-146556