Des confessions... à perpétuité

par Jean J. MOUROT
mardi 14 novembre 2023

À l’occasion de la réactivation de la vigilance contre l’antisémitisme, on a vu se multiplier les références à la « confession » des Français dans l’intention louable de fondre dans le creuset national les Français « de confession juive », ceux « de confession musulmane » ou encore de « confession chrétienne ». Les Français seraient-ils donc tous assignés à une « confession » ?

En principe, la « confession » est une affaire privée même si elle peut s’exprimer publiquement tant qu’elle ne porte pas atteinte à l’ordre public. Concernant l’antisémitisme, la notion de « confession juive » pose problème, car l’hostilité à l’égard des Juifs n’a plus grand-chose de religieux, ne serait-ce que du fait que bien des « Juifs » vivent en dehors de toute pratique religieuse et qu’un bon nombre sont tout bonnement agnostiques ou athées, comme bien des « chrétiens » et des « musulmans ».

 Historiquement, l’antisémitisme « occidental » tire son origine du fait que les évangiles rendent les Juifs d’il y a 2000 ans coupables de la condamnation à mort de leur contemporain, le Juif Jésus. Cet antisémitisme chrétien a sévi pendant des siècles et a constitué le terreau de l’antisémitisme moderne particulièrement dévastateur au tournant du XIX° et du XX° siècle.

 Les Juifs, éternels errants chassés de Palestine, se sont progressivement implantés un peu partout dans le monde, souvent persécutés, moins pour leur « confession » que pour leur différence ; ces exilés ne survivant que par la fidélité à une histoire et à une culture. Je me souviens de l’antisémitisme d’atmosphère qui sévissait dans ma première enfance, dans les années trente où l’on se déguisait avec un « nez de juif », où l’on plaisantait avec la circoncision, sans animosité et sans que personne n’imagine ce qui allait se produire quelques années plus tard.

 Ce peuple sans terre a, pour survivre, développé une solidarité communautaire que lui ont envié les jaloux qui ne voulaient voir chez eux que les Rotschild ou les Perere.

 La Shoah a fait se substituer la compassion à la jalousie. Il n’empêche que j’ai entendu, dans ma troupe de scouts des années cinquante, un de mes camarades, enfant de la bonne bourgeoisie catholique de Rouen, regretter qu’Hitler n’ait pas « fini le travail » en n’ayant pas réussi à exterminer tous les Juifs.

 L’antisémitisme musulman est plus récent et ses origines sont complexes. Les Juifs ont longtemps été protégés par leur statut de « dhimmi  » jusqu’à ce qu’on trouve çà et là des justifications à leur persécution.

 Il est certain que la création de l’état d’Israël et les conditions dans lesquelles le « foyer national juif » est devenu un état « sûr de lui et dominateur », selon les termes de de Gaulle ont fait flamber un antisionisme devenu trop facilement le cache-sexe d’un antisémitisme exportable dans nos banlieues.

 Si l’on veut réellement lutter contre l’antisémitisme, il faut cesser d’en faire un affrontement de religions. Les Juifs de France qui se reconnaissent comme tels ne sont pas forcément des Français « de confession juive ». Ils ont avant tout des Français, indépendamment de leurs convictions religieuses ou philosophique – lesquelles, de toute façon, ne menacent personne, contrairement à celles de ceux qui voudraient islamiser notre société et faire passer leur foi avant la loi.


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