Des marrons pour les journalistes

par siatom
jeudi 20 novembre 2014

Quand ils sont en manque d'inspiration, les journalistes aiment à ressortir des sujets-bateaux peu fatigants pour meubler une période creuse ou traiter par la médecine douce une flémmingite aigüe.

Le marronnier le plus simple à reproduire, c'est celui qui traite d'un dossier cent fois rebattu qui permet la technique du copier-coller avec néanmoins quelques recherches préalables dans les rubriques nécrologiques lorsqu'il s'agit d'énumérer la liste de "ces francs maçons qui nous gouvernent".

Il y a de cela quelques années un député UMP de l'Orne Alain Lambert avait déclaré à propos des niches fiscales "Les niches fiscales sont à la fiscalité ce que le marronnier est au journaliste, c'est-à-dire un sujet dont on parle quand on a vraiment rien d'autre à traiter".

Le moment est donc venu pour nous d'évoquer, puisque l'imagination nous fait cruellement défaut, la niche fiscale des professionnels des médias et comme nous ne disposons pas des mêmes moyens, à défaut de marronniers, nous nous contenterons de leurs fruits, les marrons plus cultivés, selon les castanéiculteurs, que les châtaignes.

 La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, dans son article 13 crée l'égalité devant l'impôt et nous ne comprenons pas que les détenteurs de la carte de presse épris de justice, si soucieux d'éthique et si prompts à stigmatiser le riche en partance pour la Belgique ou autre paradis fiscal, le politicien oublieux et phobique, ne dénoncent pas avec plus de vigueur le privilège que constitue l'abattement dont ils bénéficient.

Le mauvais exemple vient du plus intègre d'entre eux, le chevalier blanc de Médiapart à la moustache inquisitrice qui ne s'insurge pas devant cette absurdité fiscale et se permet même de s'auto appliquer le taux de tva qui lui convient.

Imaginez la tête du vendeur de la dernière tablette d'Apple qui se verrait sommer par un acheteur sourcilleux de céder sa dernière merveille au taux réduit de TVA sur les produits frais sous prétexte que la marque et le logo évoquent plus le magasin de primeurs que la boutique ''High Tech''.

Depuis 1934 et jusqu'à sa suppression par le gouvernement Juppé en 1996, tout détenteur de la carte de presse pouvait retrancher 30% de son revenu imposable. Le gouvernement Jospin de retour aux affaires en 1997 a rétabli l'abattement sous la forme d'un montant forfaitaire de 7650€ au titre des frais professionnels pourtant remboursés par leurs employeurs.

Les syndicalistes de la profession invoquent aussi les heures de travail démentielles puisque même en vacances alors que le commun des mortels joue aux boules en sirotant son pastis, le journaliste lui, doit rester en éveil, acheter les journaux, regarder les JT, consulter Internet, toutes ces démarches entrainant des coûts non remboursés par l'entreprise.

Ce raisonnement imparable énoncé par l'ancien secrétaire du syndicat national des journalistes CGT Michel Diard postule évidemment que durant les congés payés les salariés des autres entreprises se voient offrir le jeu de boules, la bonbonne de pastis, les magazines de mots fléchés et sont pris en charge pour les éventuels troubles musculo-squelettiques et neuronaux inhérents à ces dangereuses activités.

Évidemment, objectivité oblige, nous aurions pu renvoyer à la niche fiscale, outre les journalistes, les arbitres sportifs professionnels par exemple, mais nous n'avons pas la même virtuosité qu'eux pour sortir le carton rouge, aussi à l'approche de cette période de fêtes, c'est à nos amis de la presse, volontiers donneurs de leçons, que nous avons souhaité offrir nos marrons.


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