Des petits propriétaires requins ou vertueux !

par CHALOT
vendredi 1er juillet 2022

Nous ne « jetons par tout le monde dans le même panier ».

Même si notre vocation est d'aider les locataires, de les défendre, d'éviter une expulsion, nous rencontrons les gens et cherchons à comprendre pour agir le mieux possible.

Il y a le propriétaire qui loue très cher un garage aménagé ou une pièce sordide à un prix élevé mais aussi celui qui rénove son habitat et soigne ses locataires.

Des « petits » propriétaires comprennent très bien les difficultés sociales qui contraignent des familles à se serrer la ceinture et conduisent à des retards des loyers, ceux-là cherchent des solutions et acceptent un échelonnement de la dette.

D'autres menacent le retardataire, le harcèlent sans même se conformer à la loi et aux étapes qui mènent du commandement à payer, à celui de quitter les lieux.

Il y a plusieurs mois une dame qui vit dans un studio est venue pour expliquer qu'elle devait partir et que son propriétaire lui imposait de payer des frais de rénovation qui ne lui étaient pas imputables.

Je suis allé aux informations et j'ai rencontré le couple de retraités qui voulaient expulser cette femme.

Ils m'ont expliqué le retard de paiement, les dégradations de la porte et qu'il leur fallait reprendre ce studio pour le donner à leur fils qui n'avait pas de logement.

J'appris aussi qu'ils avaient tout bien fait : lettre recommandée adressée dans les délais informant de leur intention.

Le couple, très gêné a accepté ma proposition d'une médiation et la mise en place d'un délai de deux mois pour que la locataire trouve un logement social. Ils étaient même prêts à « s'asseoir sur la dette locative » et attester qu'elle partait à jour ce ces loyers.... Quels vertueux locataires !

Malheureusement la locataire n'a pas bougé.

C'est là où le bât blesse : il aurait fallu une intervention des services sociaux et d'un bailleur social pour que cette femme puisse trouver un studio et qu'elle soit accompagnée.

A côté de ce couple fort sympathique, nous avons côtoyé des voyous comme ce propriétaire qui logeait une famille dans un sous sol humide et qui a menacé de mort son locataire.

Nous avons pu, en relation avec le CCAS de la ville, le 115, la DDETS et la Préfecture, mettre à l'abri la famille menacée, établir avec le locataire un dossier de demande de logement... En quelques semaines, le père a retrouvé l'espoir , le sourire et un logement.

Je pourrais donner des tas d'exemples fort différents qui montrent que les petits propriétaires peuvent être sans pitié ou victimes.

 

Comme je l'ai expliqué un jour à la Commission de prévention des expulsions locatives, la CCAPEX de Seine et Marne où je siégeais ;

quand un propriétaire honnête loue son bien à une famille en difficulté, il y a le risque de voir arriver à une situation qui va faire deux perdants : un locataire qui ne peut pas payer son dû malgré sa bonne volonté et un propriétaire qui à son corps défendant est obligé de commencer une procédure longue.

 

Pour les familles modestes qui ont un bien qu'ils veulent louer il y a des possibilités comme le solibail

« Le Solibail garantit au propriétaire le paiement des loyers et charges, car c'est l'association qui lui règle tous les mois ces montants. Même lorsque le locataire paye son loyer en retard à l'association, cette dernière vous payera à vous, propriétaire, le loyer en temps et en heure, indépendamment des paiements du locataire. »

 

Les associations de solidarités défendent le droit des locataires mais ne foncent pas comme cela contre les propriétaires, notamment les petits, elles cherchent à comprendre et à trouver des solutions qui ne soient pénalisantes pour personne.

L'expulsion sans relogement doit être proscrite mais il est nécessaire de ne pas laisser pourrir des situations. J'ai aidé un vieux couple de retraités qui s'est retrouvé à avoir plus de 50 000 euros de dettes de loyers. Le monsieur et sa femme, expulsés se sont retrouvés à passer d'un hôtel à l'autre pendant trois ans et demi avant qu'un logement social ne leur soit trouvé.

Il aurait été préférable qu'ils partent beaucoup plus tôt et qu'un logement social adapté leur soit proposé !

J'en profite pour préciser, afin qu'il n'y ait pas de mauvaises interprétations ; quand une famille expulsée est mise à l'abri par le 115, c'est un coût pour l'Etat mais elle paie une contribution en fonction de ses revenus... Ce n'est pas un cadeau et d'ailleurs un séjour de plusieurs mois dans un hôtel situé dans une zone industrielle ne constitue pas un bonus !

 

Jean-François Chalot

MERCI A SAPIENS POUR SON DESSIN


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