Des petits trous, des petits trous... qui mènent aussi en Egypte(14)

par morice
samedi 15 août 2009

L’historien Franz Tauber, en 1967 l’annonçait clairement : « un passé d’agent de la Gestapo, de la SS et des services d’espionnage n’empêche pas d’accéder à des carrières attractives au ministère égyptien de la propagande » : l’Egypte de Nasser était envahie d’anciens nazis, dont beaucoup ont hérité de postes en vue. L’antisémitisme du dictateur égyptien était une évidence, mais seules des archives récentes ont montré l’ampleur de l’imprégnation nazie du régime. L’armée d’où était issue Nasser était plus que gangrenée : elle l’avait aidé à renverser le roi Farouk, jugé pas assez coulant avec les dignitaires hitlériens, alors qu’il fut à l’origine de leur accueil. Il est évident qu’aujourd’hui encore, cette terrible filiation nuit à un apaisement au Proche et au Moyen-Orient. L’Egypte a longtemps joué un fort mauvais rôle, et il reste, cinquante ans après trop de vestiges de cette période : sur les étals du Caire, on trouve aujourd’hui encore Mein Kampf, traduit en arabe. Retour sur la filière égyptienne, pas moins pire que l’Argentine.

 
Parmi les filières de sortie celle vers l’Egypte va en effet présenter beaucoup d’attrait. Un débat récent sur la mort d"Aribert Heim, le médecin tortureur de Mauthausen, annoncée par une télévision allemande avait rappellé l’existence de ce refuge pour nazi qui s’entendait parfaitement avec l’antisémitisme flagrant d’un Nasser. "Selon la télévision publique allemande ZDF et le quotidien New York Times, Aribert Heim serait mort le 10 août 1992 d’un cancer à l’intestin au Caire où il vivait caché sous l’identité d’un musulman. Pour d’autres Heim était au Chili.... ce qui ne semble pas avoir été le cas, pourtant... L’Egypte était bien devenue un havre de paix pour nazis en fuite. Heim, devenu Tarek Hussein Farid, y jouait les touristes au bord des plages, sans remords aucun. Un fils de fuyard témoigne : « Mon père était un espion nazi dans les Balkans, agent de liaison auprès des nationalistes serbes. Nous sommes venus ici grâce à des relations à la cour de Farouk. Puis il a travaillé dans l’industrie militaire sous Nasser ». Et encore une fois, ce n’est pas le fait d’être au Caire qui gêne : non, c’est plutôt le mutisme de l’administration allemande qui fait tiquer : "M. Zuroff (du centre Wiesenthal), citant les recherches de ZDF et du New York Times, a estimé "très probable" que l’ambassade allemande ait été au courant d’une demande de Heim de prolongation de titre de séjour, en 1981, parce que celle-ci faisait mention de son numéro de passeport allemand." Ces personnes étaient bien les protégées de l’ambassade allemande. 
 
La liste des réfugiés et leur nouvelle activité à de quoi faire frémir. En effet, elle comprend un nombre considérable de fuyards nazis : Ali Bella, le chef régional des SD, et des Affaires juives en Galicie réfugié tout d’abord en Égypte, puis devenu instructeur de camps palestiniens, Hans Appler, chargé de l’Information sous Goebbels qui se retrouvera au ministère de l’information (1956) de Nasser sous le nom de Salah Chaffar, Franz Bartel, Adjoint au chef de la Gestapo à Kattowitz (Pologne) qui travaillera en 1959 à la section juive du ministère de l’Information au Caire sous le nom d’el-Hussein, Baurnann, SS Standartenührer qui a participé à la liquidation du Ghetto de Varsovie et finira au Ministère de la Guerre égyptien avant de passer instructeur du Front de Libération de la Palestine lui aussi. Ou encore Hans Becher, issu de la Gestapo de Vienne qui jouera les insructeurs de la police du Caire, avec Bernhardt Bender, ancien de la Gestapo de Varsovie, devenu Béchir Ben Salah, ou Friedrich Buble, SS Obergruppenfùhrer de la Gestapo, alias Ben Amman en 1952, conseiller lui aussi de la police égyptienne. Comme Weinmann Erich, SS Standartenführer chef des SD à Prague conseiller de la police à Alexandrie. Boeckler Wilhelm, SS Untersturmführer responsable de la liquidation du Ghetto de Varsovie arrivé en Égypte dès 1949, au département Israël du Bureau d’informations de Nasser, avec Bunzel Erich, SA, l’Obersturmführer collaborateur de Goebbels. Ou encore le gardien de Mauthausen Wilhelm Boerner, SS Untersturmführer, devenu Ali Ben Keshir, et qui travaillera au ministère de l’Intérieur égyptien avant de devenir instructeur du Front de Libération de la Palestine (encore un !), Aloïs Brunner , activement recherché pendant des années par les français, et "rebaptisé" en Egypte Georg Fischer ou Ali Mohammed, l’ancien Chef du camp de Drancy qu’on localisera finalement et tarivement à Damas, comme conseiller des services spéciaux de République Arabe Unie puis des syriens, Franz Bünsch, le collaborateur de Goebbels à la propagande, co-auteur, avec Eichmann, des "Habitudes sexuelles des juifs" qui lui aussi était passé responsable des Services de renseignements d’Arabie saoudite, Joachim Daemling , le chef de la Gestapo de Düsseldorf, devenu Jochen Dressel ou Mustapha Ibrahim, qui conseillera le système pénitentiaire égyptien, et travaillera également à Radio-Le Caire, et la liste est loin d’être clause. Le roi Farouk, recrutait déjà du nazi à tour de bras, Nasser n’a fait que continuer le mouvement. Les nazis, finalement, choisirent eux-même de se rallier à Nasser pour renverser Farouk : "on July 23, 1952, the deed was done and Newsweek marvelled that, “The most intriguing aspect [of] the revolt ... was the role played in the coup by the large group of German advisors serving with the Egyptian army... The young officers who did the actual planning consulted the German advisors as to ‘tactics’... This accounted for the smoothness of the operation.”Au milieu des nazis, l’un d’entre eux, plusieurs fois cité ici, revient : Gehlen, l’homme de main de la CIA en Allemagne, qui va proposer son meilleur candidat à Nasser : Otto Skorzeny. "To build Egypt’s spy and security forces, Gehlen hired the best man he knew for the job – former SS colonel Otto Skorzeny. At the end of the war, Skorzeny organized the infamous ODESSA network to facilitate the escape of high-ranking Nazis to Latin America (mainly Peron’s Argentina) and Egypt. With Skorzeny now on the job of assisting Nasser, Egypt became a safe haven for Nazi war criminals". Sur le réseau Odessa, je ne reviens pas : la documentation sur son organisation, depuis le célèbre roman de Frederick Forsyth est très abondante. L’homme n’a pas fait œuvre d’historien, loin de là, mais a réveillé les recherches historiques sur le sujet.
 
Y figuraient encore Farmbacher Wilhelm, lieutenant Général SS de la Wehrmacht sur le front Est, le responsable de l’armée de Vlassov, passé conseiller militaire de Nasser, Leopold Gleim chef du SD à Varsovie, alias le Lt-Col. Al Nashar, qui fera une belle carrière de cadre de la sécurité d’État égyptienne, chargé des détenus politiques, Ludwig Heiden, devenu el-Hadj, un ancien journaliste à l’agence antijuive Weltdienst du NSDAP qui traduira Mein Kampf en arabe, en se convertissant également à l’islam. Ou encore le cas sidérant de Dr Johannes von Leers, proche adjoint de Goebbels, et ancien chargé de la propagande antisémite qui était devenu logiquement le responsable de la propagande anti-israélienne au Caire sous le nom d’ alias d’Amin Omar. Ce n’est pas un inconnu : c’est le grand ami du négatonniste Rassinier ! et "un des propagandistes antisémites les plus prolifiques et les plus vicieux de l’Allemagne nazie". L’homme était un véritable fou furieux de l’antisémitisme : "Dès avant la guerre, il avait préconisé l’extermination physique des Juifs. En 1933 il publiait un ouvrage avec des photos de juifs connus (dont Einstein) avec la légende « pas encore pendu ». En 1944, il publiait un ouvrage intitulé La nature criminelle des Juifs, où il décrivait les Juifs comme « héréditairement criminels », « représentant le principe de l’anti-Dieu, du Satanisme en action ». En conséquence de quoi, l’extermination des Juifs était une nécessité. Dans le même ouvrage, von Leers attribuait l’assassinat de Lincoln à un complot juif..."
 
Mais encore Karl Luder, le chef des jeunesses hitlériennes et responsable de crimes antisémites en Pologne qui se retrouvera au Ministère de la Guerre au Caire, Aloïs Moser, Gruppenführer SS recherché en URSS pour crimes contre les juifs qui finira instructeur des mouvements paramilitaires de jeunesse au Caire, Oska Münzel, ancien Général SS de blindés devenu Conseiller militaire, ou Seipel, SS Sturmbannführer, alias Emmad Zuher, de la Gestapo de Paris, retrouvé au Service de sécurité du ministère de l’Intérieur au Caire, converti lui aussi à l’islam, Sellmann Heinrich, appelé Hassan Suleiman le chef de la Gestapo à Ulm retrouvé dans les Services spéciaux égyptiens, Et parmi eux le cas de Georges Albert Oltramare alias Charles Dieudonné, "« Le petit Duce de Genève", agent de l’Abwehr, et le directeur du Pilori de sinistre mémoire en France sous l’Occupation, devenu responsable de l’émetteur "La Voix des Arabes" au Caire. Condamne à mort par contumace le 12 janvier 1950 par , la cour de justice de la Seine. Ce qui ne l’empêchera pas de ressortir le Pilori en France en 1958..... N’en jetez plus, la cour est pleine !
 
Cette liste impressionnante de nazis réfugiés en Egypte (elle est incomplète évidemment) s’explique facilement par la célèbre rencontre du grand mufti Hadj Amin Al Husseini avec Hitler le 28 novembre 1941. On retrouvera le leader religieux lui-même plus tard à la tête d’une division de la Waffen SS composée de bosniaques musulmans. Réfugié en Suisse puis en France après guerre sans jamais être inquiété, il finit en Palestine où il prit la tête du mouvement nationaliste, son antisémitisme jugé "viscéral" par beaucoup n’ayant pas changé d"un iota. Ses propos alors ne sont pas sans rappeler ceux du dirigeant actuel de l’Iran, Al Husseini n’hésitant pas à proclamer que l’holocauste était "normal" (en résumé de la faute des juifs !). L’homme avait à plusieurs reprises annoncé son plein accord avec la solution finale nazie. Chez Nasser, beaucoup de responsables de l’armée seront d’ancien nazis expatriés, au nom à peine "islamisé". Aujourd’hui, hélas, des directives controversées de l’état d’Israël instrumentalisent à nouveau la célèbre rencontre du grand Mufti avec Hitler : le ministre des affaires étrangères israëliens n’a rien trouvé de mieux que de l’imposer dans toutes ses administrations et sa centaine d’ambassades, en affirmant que c’était pour soutenir la colonisation de Jerusalem-Est. Venant d’un individu proche du mussolinisme, c’est une provocation fort mal venue. Le magazine qui relate l’histoire fait habilement remarquer que l’immeuble que détenait le grand Mufti à Jerusalem-Est, annexé en 1987 par Israël, fut vendu onze ans après sa mort à un millionnaire juif américain...
 
L’armée égyptienne ira assez long dans la connivence, allant jusqu’à tenter en aviation militaire de réaliser un projet de chasseur indigène en rappelant Willy Messerchmitt lui-même. Messerchmitt étant interdit de construction aéronautique militaire après guerre avait trouvé la parade .... chez les franquistes, en Espagne en créant Hispano Aviacion. C’est là qu’il développa un chasseur léger qui intéressait les Egyptiens, le HA-300, plus petit encore que le Gnat anglais, une véritable prouesse technologique, à l’aile super-mince annonçant les chasseurs comme le Starfighter US. Un avion qui vole pour la première fois le 7 mars 1964. A l’époque, l’Inde cherche aussi à s’équiper de chasseurs fabriqués maison et le Pandit Nehru est un grand ami de Gamal Abdul Nasser. L’Inde envisage donc elle aussi de construire ce qui deviendrait le HAL-300. L’Inde travaille alors avec Kurt Tank, sur le HF-24 Marut. Tank, à l’origine du Focke-Wulf 190, était lui parti après guerre en Argentine développer le Pulqi ( il y en eût deux), une resucée de son projet Ta 183... Pour le Pulqui, Kurt Tank avait retrouvé un français : Emile Dewoitine, qui avait joint en son temps Henry Ford, et qui avait fui la France en 1944 par peur de se faire arrêter pour collaboration. On le voit, même en aviation les liens se perpétuent. Les prix à la baisse des chasseurs russes Mig, produits à la chaîne, auront raison dans les deux pays des coûts de développement d’avions sur le sol de l’ Egypte ou de l’Inde.
 
D’autres avaient choisi l’expatriation vers l’Amérique du Sud, via la filière espagnole. Klaus Barbie en est le plus connu : lui a bénéficié de la filière Draganovic,  le secrétaire de la Confraternité de San Girolamo, en 1951 (il ralliera sur le tard Tito et ne sera jamais inquiété, jusqu’à sa mort à Sarajevo en juin 1983 !). Devenu Klaus Altman en Bolivie, Barbie se lance dans l’exploitation du bois comme couverture à ces activités de la CIA et fournit en même temps des armes via sa deuxième entreprise, une compagnie maritime qui fait dans le trafic d’armes. L’une des activités principales, déjà, de la CIA en Amérique du Sud. La filière Argentine fut aussi prolifique, sinon davantage encore, avec là aussi comme par hasard un expatrié Oustachi : "la présence enfin dévoilée du criminel oustachi Dinko Sakic a rouvert une vieille blessure au flanc de l’Argentine, véritable cimetière des éléphants des hiérarques et supplétifs du régime nazi. En même temps était identifié, à Florida dans la banlieue de Buenos Aires, Wilfried von Oven, qui fut secrétaire du chef de la propagande du IIIe Reich, Joseph Goebbels. Entre menu fretin et gros requins, ce sont 60.000 à 80.000 Allemands, Autrichiens, Croates, Lettons, dont environ 5.000 ont participé à la solution finale, qui ont un jour abordé la rive droite du Rio de la Plata : Adolf Eichmann, Josef Mengele, ’l’Ange de la mort’ d’Auschwitz, Erich Müller collaborateur du docteur Goebbels, Eduard Roschmann, le ’Boucher de Riga’, Erich Priebke, l’assassin des fosses Adréatines condamné à Rome, Klaus Barbie ou Ante Pavelic, führer de Croatie ont ainsi bénéficié des bienfaits de la terre prodigue des gauchos. On pense encore à Martin Borman, condamné à mort par contumace à Nuremberg ; et il se murmure qu’Aloïs Brunner, qui dirigea le camp de Drancy d’où partirent vers la mort 130.000 juifs, se sentant menacé en Syrie, aurait trouvé refuge dans le pays ou au Paraguay voisin". En argentine, en 1999 seulement on retrouvera des preuves de l’implication directe d’...Hudal, toujours le même  : "In 1999, however, Italian researcher Matteo Sanfilippo revealed a letter drafted on 31 August 1948 by Bishop Hudal to Argentinian President Juan Perón, requesting 5,000 visas, 3,000 for German and 2,000 for Austrian « soldiers ». In the letter Hudal explained that these were not (Nazi) refugees, but anti-Communist fighters whose wartime « sacrifice » had saved Europe from Soviet domination".
 
Klaus Barbie avait été exfiltré par le prêtre Draganovic, qui était aussi membre de la CIA, recruté par deux agents US en Autriche, Jim Milano et Paul Lyon : "Klaus Barbie escaped prosecution for war crimes by means of the infamous Rat Line, a well-funded escape route established with “official approval” by the US Army 430 Counter Intelligence Corps in Austria. It was created by Jim Milano and Paul Lyon in 1947 to assist US agents, informants, and sympathizers, referred to as “visitors” in US intelligence jargon, to flee or “relocate” from the Soviet Sector in Vienna to the US Sector in Salzburg"
 
Pour Adolf Eichmann, ce fut encore une autre histoire : les américains, de récents documents le prouvent, le protégeaient,  (sous le nom d’Otto Eckmann) et ce n’est que grâce à un coup d’éclat des services secrets israëliens qu’il a pu être enlevé le 11 mai 1960 et ramené de force en Israël pour y être jugé. Et pendu. Il s’était réfugié en Argentine sous le nom de Ricardo Klement. Le Mossad, ce jour là, avait fait un pied de nez aux américains : ce ne sera pas le premier. Dans le cas Eichmann, il y a tout ce qu’on vient d’exposer : "Après la capitulation du Reich en mai 1945, Eichmann est arrêté sous une fausse identité par les troupes américaines et interné dans un camp de prisonniers. Mais par deux fois il réussit à s’évader. De 1946 à 1950, réfugié en Autriche avec des papiers falsifiés, l’ancien SS travaille dans une scierie allemande. Sa femme Vera a elle aussi rejoint l’Autriche avec ses trois fils, où elle vit sous son nom de jeune fille. En 1948, elle tente de faire passer son époux pour mort, sans doute à l’instigation d’Eichmann lui-même, en demandant au tribunal civil de sa résidence de reconnaître officiellement son décès. A l’appui de sa requête, elle présente une déclaration signée d’un employé au ministère tchécoslovaque de l’agriculture, Karl Lukas, jurant avoir vu le cadavre d’Eichmann à Prague le 30 avril 1945." Il y a déjà deux choses : l’incroyable faculté (suspecte) à s’évader des prisons américaines (à deux reprises !), puis l’aide autrichienne et tchéque... et la filière Gênoise signée Draganovic : "Après un temps d’errance, qui le conduit peut-être au Moyen-Orient et en Italie, Eichmann émigre en Amérique du Sud avec l’aide d’un mouvement clandestin d’ancien SS. A Gênes, un moine franciscain lui procure un faux passeport au nom de Ricardo Klement, ce qui lui permet d’obtenir un visa pour l’Argentine pour laquelle il s’embarque le 14 juillet 1950. Il s’installe à Buenos Aires sous son nom d’emprunt. A Pâques 1952, sa femme Vera, nantie d’un passeport à son nom de jeune fille, le rejoint avec ses trois enfants. Sur place, Eichmann monte une affaire de blanchisserie puis d’élevage de lapins, mais fait faillite par deux fois. Il trouve ensuite du travail comme vendeur dans une succursale de Daimler-Benz. Il coule alors des jours tranquilles durant plusieurs années." Le fameux moine franciscain, c’est bien entendu Krusnolav Draganović installé au San Girolamo degli Illirici...le séminaire de Rome. A noter qu’en 1937, Eichmann avait rempli une bien étrange mission pour Hitler : il s’était rendu en Palestine, alors sous mandat britannique, pour étudier une possible émigration de juifs allemands déjà arrêtés ou futurs prisonniers. C’est au Caire où il rencontrera un membre de la Haganah, la future branche militaire de l’Agence Juive, qui formera plus tard Tsahal. On n’a jamais eu d’élèments sur ce qui a pu s’être échangé entre eux ni d’un côté, ni de l’autre. Nul ne saura jamais ce qui s’était dit ce jour-là.
 
Au final, on a une vaste organisation, centralisée au Vatican, placée sous la houlette des plus hauts responsables du lieu, qui a servi à faire fuir des nazis dont certains condamnés à mort. Historiquement, c’est un fait gravissime, que soulignent encore aujourd’hui tous les historiens, et sur lequel Rome a toujours refusé de communiquer. "Les dictatures du continent latino-américain utilisèrent la compétence des vaincus de la guerre dans leur croisade anticommuniste, mais que penser de l’attitude du Vatican ? Quels intérêts inavouables justifient que le Saint-Siège ait soustrait à la justice quelques-uns des pires assassins que l’histoire ait engendrés ? Plus que jamais, il convient d’éclairer le rôle obscur de Pie XII. Ce qu’a évité de faire l’Eglise dans le texte récent où elle reconnaît ses torts et faiblesses vis-à-vis du génocide des juifs..." affirmait déjà Gérard Devienne en 1998. On est fort tenté d’y rajouter Paul VI et le cardinal Ratzinger.... alias Benoît XVI. Au XXI eme siècle, l’église romaine tire toujours son boulet, celui de son soutien évident au nazisme. Le pape actuel est donc plutôt fort mal placé pour nous parler aujourd’hui de "l’enfer sur terre", qu’étaient les camps, avec dans ses rangs le cas d’un franciscain surnommé "frère Satan"... Comme le signalait si justement Michel Onfray, "Anne Frank aurait le même âge ou presque que l’actuel pape". En Egypte, un antisémitisme sévit toujours de manière virulente qui tient ses racines dans l’après-guerre. Le monde n’en a toujours pas terminé avec une idéologie qui conduit à la négation de l’être humain.
 

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