Destitution d’un Imam et liberté religieuse

par C BARRATIER
mardi 27 juillet 2021

Avec la destitution d'un imam ressurgit dans le domaine de l'enseignement privé sous contrat avec l'Etat, l'épineuse question du"caractère propre" introduit dans la loi Debré, contre le gré du rapporteur de l'époque (1959), qui avait annoncé le grand danger de cet ajout, et qui ? placé devant le fait accompli, avait demissioné.

 

Le 22 juillet 2021 l’imam de la mosquée Arrakwa de St Chamond a été suspendu à la demande du Minsitre de l’Intérieur et de la préfète.

 

Lui sont reprochés des propos discriminatoires vis-à-vis des femmes..

 

Sa destitution est officielle depuis le jeudi 22 juillet 2021.

Dans son prêche prêche du 20 juillet 2021, fête de l'Aïd el-Kébir, il a déclaré :

"Restez dans vos foyers et ne vous exhibez pas de la manière des femmes d'avant l'islam et ne soyez pas trop complaisantes dans votre langage",

Il s’est exprimé tantôt en arabe, tantôt en Français lors de son prêche de l'Aïd el-Kébir. Madame la Préfète relève qu’il demande aux"femmes musulmanes désireuses d'entrer au Paradis d'obéir à leur mari (...), de veiller aux droits d'Allah et à ceux de leur époux".

Une pétition demande l’annulation de cette révocation et pose des questions :

 « Cette interdiction ne transgresse pas de façon attentatoire les principes constitutionnels de liberté de conscience et de culte ? »

- Pour un imam, s’exprimer au nom de valeurs religieuses est-il désormais blâmable ? 

- ; « Les religieux, de n’importe quelle conviction, n’ont-ils plus le droit de prêcher la pudeur ? » ;

 « La relation interpersonnelle des couples au sein de leurs foyers doit-elle être placée en dehors du domaine de la foi ? »

L’imam destitué est comorien. Il dit

- « Ce ne sont pas mes mots, mais ceux du prophète 

J’ai une femme, deux enfants, bientôt un troisième. Nous n’avons pas de papiers français. Que va-t-on devenir si notre titre de séjour n’est pas renouvelé ? »

A cette inquiétude justifiée, il est facile de répondre : Un pays est libre d’accorder, de refuser, de reconduire une autorisation de séjour ou pas. L’imam n’est pas un réfugié politique. Donc, il retournera aux Comores, son pays, ce qui n’a rien de problématique au mlan juridique. Il a pris ses responsabilités..

Les questions posées par la pétition indiquent la grande compétence juridique de ses auteurs.

Il peut y avoir un recours administratif, qui pourrait annuler la destitution de l’imam, sans pour autant lui faire obtenir un nouveau titre de séjour.

 

Certes, les questions posées par les défenseurs de l’imam ne concernent pas la neutralité de l’enseignement, mais me rappellent celles que pose le secrétaire général de l’Enseignement catholique à propos de ce qu’il appelle lui aussi une liberté religieuse pour les enseignants de l’Ecole ? Au passage, il donne une leçon de laïcité.

Il réagit dans La Croix au projet de loi sur le séparatisme, qui relève pour lui d’une mauvaise lecture de la laïcité.

« Dire, comme on l’entend, qu’une fois franchie la porte de l’école, l’enfant doit oublier les convictions qui s’expriment à la maison est absurde", déclare Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique dans La Croix. "L’esprit de ce texte est préoccupant. L’État donne l’impression de vouloir prendre entièrement en charge l’éducation et reléguer les parents au second plan. Des parents qui à nos yeux doivent demeurer les premiers éducateurs de leurs enfants", dit-il. "En soumettant l’instruction à domicile à une autorisation préalable, à titre exceptionnel, là où jusqu’ici suffisait une simple déclaration, on remet en cause la liberté de choix. La loi « séparatisme » aboutit ainsi à une privation de liberté". Le secrétaire général de l'enseignement catholique craint aussi l'application de la loi aux établissements privés sous contrat. "Nous ne voudrions pas qu’à la faveur d’un amendement parlementaire, on ne cherche à étendre à l’enseignement catholique le principe de neutralité de l’État. Nos enseignants bénéficient bien sûr d’une liberté de conscience mais ils doivent a minima accepter le caractère propre de leur établissement. On ne peut pas exiger de nos agents une neutralité."

Pour le conseil d’état, le caractère propre de l’enseignement catholique est lié à uneanthropologie et à une culture dont la source est le crédo de l’Eglise catholique et le Christ.

Citer, « le prophète » revient ici à citer l’Evangile chrétien.

En inscrivant dans la loi Debré de 1959 le caractère propre des établissements privés sous contrat d’association, le législateur permet, à mon sens, d’enseigner en plus du programme officiel ce qui relève du caractère propre de chaque religion, existante ou à venir.

Voir en table alphabétique des news :

 

Religion nouvelle, de paix celle là : le Pastafarisme

http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=285

 

J’imagine mal que ce qui serait permis à un enseignant d’une école privée sous contrat d’association puisse être refusé à unimam qui, quelque part, enseigne ses paraoissiens.

 


Lire l'article complet, et les commentaires