Deux enfants naturels de Hannah Arendt : Stéphane Courtois et Hélène Carrère d’Encausse

par Michel J. Cuny
mercredi 10 mai 2017

Professée par Hannah Arendt dans la Préface rédigée au fil des années 1966-1971 pour son livre « Les Origines du totalitarisme  », la doctrine de l’inutilité des preuves dans le cas des crimes commis sur des millions de victimes par Staline a connu une consécration magistrale dans un ouvrage publié chez Robert Laffont, en 1997, sous la direction du Français Stéphane Courtois : Le Livre noir du communisme – Crimes, terreur, répression.

Rédigeant à son tour une sorte de mise en bouche sous le titre « Les Crimes du Communisme  », celui-ci écrivait très tranquillement :
« Les crimes que nous exposons dans ce livre ne se définissent pas au regard de la juridiction des régimes communistes, mais du code non écrit des droits naturels de l’humanité. » (page 13)

Nous avons bien lu : il est question ici d’un code « non écrit  ». Décidément, ces gens-là sont fâchés avec les documents quels qu’ils soient…

Ce qui, pas plus que Hannah Arendt, ne les empêchent de formuler des conclusions massacrantes. En effet, dès la page suivante, Stéphane Courtois nous offre un résultat manifestement brut de décoffrage :
« Nous pouvons […] établir un premier bilan chiffré qui n’est encore qu’une approximation minimale et nécessiterait de longues précisions mais qui, selon des estimations personnelles, donne un ordre de grandeur et permet de toucher du doigt la gravité du sujet. » (page 14)

« Estimations personnelles  »… dont nous allons voir, aussitôt, qu’elles concernent tout simplement des cadavres par dizaines millions… Pas de documents, mais une très forte « personnalisation » des avis… Sans doute l’auteur a-t-il tout dans la tête… rien que dans la tête… Dites : « Je le jure »…

Et voici ce que c’est :
« – URSS, 20 millions de morts,
– Chine, 65 millions de morts,
– Vietnam, 1 million de morts,
– Corée du Nord, 2 millions de morts,


– Cambodge, 2 millions de morts,
– Europe de l’Est, 1 million de morts,
– Amérique latine, 150.000 morts,
– Afrique, 1,7 million de morts,
– Afghanistan, 1,5 million de morts,
– mouvement communiste international et partis communistes non au pouvoir, une dizaine de milliers de morts.
Le total approche la barre des cent millions de morts. » (page 14)

Reprenons cela sous une forme un peu plus parlante. 100.000.000 de morts, du seul fait du communisme cher au camarade Staline

Ouvrons maintenant la biographie de Lénine publiée, en 1998 chez Fayard, par madame Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française (et fille de Georges Zourabichvili, qui a travaillé en 1943 et 1944 pour les nazis à Bordeaux… avant d’être tenu pour mort le 10 septembre de cette dernière année dans des circonstances qui laissent à penser qu’il n’avait pas vraiment plu à la Résistance…)

Voici comment la biographe de Lénine rédige la toute dernière phrase de l’ouvrage qu’elle a consacré au fondateur de l’Union soviétique :
« Il est tentant de conclure que, théoricien fort moyen, il n’en fut pas moins un « inventeur » politique exceptionnel – le seul de ce siècle où tous les dictateurs ont suivi des voies peu ou prou frayées par d’autres sans guère laisser de traces de leur action, si ce n’est dans la terre meuble des charniers. » (page 623)

Lénine aurait-il, lui aussi, abandonné sur son chemin quelque « terre meuble des charniers » ?

Grands dieux, oui ! Et c’est la quatrième de couverture du même ouvrage qui nous le dit :
« En dépit du bilan terrible du régime qu’il a institué – plus de cent millions de morts -, le constat s’impose : génie politique, Lénine a été l’inventeur d’un système de pouvoir sans équivalent dans l’histoire de ce siècle. »

D’où vient donc ce chiffre un peu trop rond pour être vraiment honnête ?

Madame Carrère d’Encausse ne nous le dit pas… Et sa discrétion est vraiment remarquable… Nulle part, dans le corps du texte, n’apparaît l’ouvrage abominable que j’ai précédemment évoqué… Aurait-elle honte d’avouer se fonder sur pareil torchon ?

Et pourtant… Et pourtant… Voilà que deux notes, des pages 642 et 643, nous renvoient en toute discrétion au Livre noir du communisme, Paris, 1997… Ainsi, chez elle, c’est maintenant Lénine qui hérite – à rebrousse-poil ? – des victimes dénombrées en URSS, en Chine, au Vietnam, en Corée du Nord, au Cambodge, en Europe de l’Est, en Amérique latine, en Afrique, en Afghanistan…

Pourquoi tant de hâte à s’emparer des cent millions de la caisse à ce cher Stéphane ?…

C’est que, peut-être, madame d’Encausse a surtout apprécié ce passage qui renvoie les maîtres nazis de son chez papa à une sorte d’amateurisme de très bon aloi :
« Les faits sont pourtant têtus et montrent que les régimes communistes ont commis des crimes concernant environ cent millions de personnes, contre environ 25 millions de personnes au nazisme. » (page 25)

C’est même beaucoup mieux. Et là, pour elle, quel régal… Comme les nazis, son papa avait une excuse parfaitement à la mesure des petits jeux du Struthof et de Buchenwald. Lisons attentivement la prose du comparse Stéphane Courtois :
« Les méthodes mises en œuvre par Lénine et systématisées par Staline et leurs émules non seulement rappellent les méthodes nazies, mais bien souvent leur sont antérieures. À cet égard, Rudolf Hoess, chargé de créer le camp d’Auschwitz, et son futur commandant, a tenu des propos fort indicatifs : « La direction de la Sécurité avait fait parvenir aux commandants des camps une documentation détaillée au sujet des camps de concentration russes. » » (page 25)

Bien sûr, tout ceci est aussi argumenté que le réclame la sémillante Hannah Arendt, puisque cela a été établi par des personnages forcément objectifs et en dehors de l’avis intéressé desquels il n’est pas nécessaire de retenir la moindre confirmation par les faits et par les documents :
« Sur la foi de témoignages d’évadés, les conditions qui y régnaient étaient exposées dans tous les détails. On y soulignait particulièrement que les Russes anéantissaient des populations entières en les employant au travail forcé. » (page 25)

« Foi de témoignages d’évadés  »… C’est tout.

Mais qu’on se rassure : nous étudierons un témoignage d’évadé tout ce qu’il y a de plus fiable, puisqu’il s’agit du sioniste émérite Julius Margolin… Gare aux émotions !…

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