Dieu reconnaitra-t-il les siens ?

par Henri Diacono
lundi 24 décembre 2012

 Pas si sûr ! Le Créateur aura en effet fort à faire pour classer sa population, celle qui croit en lui ou fait mine d'y croire, par crainte de son Glaive. C'est à dire lorsque la Terre disparaitra avec sa dizaine de milliards de sujets dans une ébouriffante explosion d'atomes, "à la fin du monde biblique".

 « Tu sais Henri, Lui, là haut marque tout ce que fait chacun d’entre nous et s’en rappellera ainsi le moment venu ». Tiens je ne savais pas que Dieu, Allah ou Yahvé et même Bouddha, était comptable et tenait un livre de comptes. Mais par contre, je sais que mon pote à qui je dois cette remarque est loin d’être un idiot.

 Mais alors, comment fera-t-Il donc pour trier. Pour jeter « le moment venu » les uns dans le brasier de l’Enfer, caser les autres dans le salon d’attente du Purgatoire et enfin accueillir à bras ouverts les derniers dans son Palais, Eden fleuri, le nirvana où les pommiers abondent et d’où les serpents ont été définitivement chassés ?

 Comment fera-t-il pour reconnaître les siens dans ces hordes hétéroclites qui ne cessent de s’entretuer en son nom, revendiquant son amour en hurlant que leur foi est la meilleure. La plus saine. La « vraie Vérité » ?

 Inventaire religieux dans lequel, il faut le souligner, ont souvent réussi à se nicher un soupçon de paganisme et des tonnes de traditions et coutumes strictement humaines.

 Sur cette terre, en 2011, disent les férus de la statistique (une science à la mode) pas loin de 6 milliards d’habitants étaient affiliés à un groupe religieux… tandis qu’étaient recensés un peu plus de 1 milliard de « renégats, agnostiques, païens ou athées ». Chez les religieux, on trouvait entre 2 milliards 300 millions et 2 milliards 600 millions de chrétiens, puis, entre 1 milliard 200 millions et 1milliard 600 millions de musulmans, et pas loin de 1 milliard d’hindouistes. Le reliquat était composé d’une très grosse poignée d’autres religions ayant un lien avec le monothéisme, avec, en queue de peloton ô surprise, le judaïsme avec à peu près 15 millions seulement de fidèles. Une toute petite armée de croyants ne pesant pas lourd face aux puissantes chrétientés et musulmanes, et qui pourtant tout en narguant les unes, inquiètent les autres depuis bien trop longtemps.

 Et alors, direz-vous où est le problème ? Il est énorme dès lors que chacune des religions dominantes sont nourries par des courants de pensée et de traductions ou interprétations quelquefois contradictoires, donc de pratiques tellement éloignées les unes des autres donnant lieu à plusieurs guerres sanglantes, que le Seigneur lui-même s’y perdrait sans plus se reconnaitre. A travers des théologiens, des philosophes ou exégètes, donc des hommes, elles ne cessent d’être alimentées par des lectures différentes de livres dits saints farcis de prophéties - du moins les principaux à savoir l’Ancien et le Nouveau Testament - écrits tout au long de six siècles en hébreu et araméen par des inconnus puis de lointains témoins-historiens (leur crédibilité prête à caution), et traduits en grec ancien puis en latin et slave, ou bien encore d’un recueil expurgé des « révélations divines devenues des lois » s’étalant sur vingt-trois ans, mis en forme par des califes, sans tenir compte ni de leur chronologie ni du contexte social de l’époque (le Coran).

 C’est ainsi que les chrétiens se sont partagés (en ennemis bien souvent) entre catholiques (plus de 1 million 200 mille adeptes en 2011), chrétiens indépendants non rattachés à une église (487 millions), protestants (443 millions), orthodoxes (239 millions), anglicans (88 millions), mormons (près de 14 millions) et Témoins de Jéhovah (7 millions 600 mille).

 Excusez du peu ! 

 Les autres ne sont pas en reste. Les musulmans par exemple, sont séparés dans trois branches distinctes, celle des sunnites (les orthodoxes et les plus nombreux), les chiites (les compagnons d’Ali le neveu du Prophète) et enfin les kharidjites (les protestataires). On ne s'aime pas vraiment car, tout ce beau monde a formé plusieurs écoles fondées par des imams, ou théologiens comme par exemple les Malékites, très présents en Afrique du Nord et…en France. Chacune d’entre elles a une interprétation différente de la « sunna » (la loi). L’une d’entre elles, la plus récente crée en opposition radicale à l’Occident a recruté les fameux salafistes (du mot salaf, ancêtre) qui dans la violence et la mort veulent revenir à l’islam originel.

 Pas mal comme « soldats » de Dieu !

 Dans ce concert le judaïsme n’est pas en reste. On y trouve les orthodoxes, les rabbiniques, les réformés, les libéraux, reconstructionnistes ( ?), conservateurs, helléniques et les messianiques. Et ici comme ailleurs chez les chrétiens ou les musulmans force est d’admettre que, question relation généralement admise avec Dieu, l’homme qui veut dominer, préfère l’accommoder à sa façon en formant ses propres adeptes.

 Ben, voyons !

 Pour ma part, je suis tranquille. Je fais partie du milliard et un peu plus de quidams qui sur cette terre ne pratiquent aucune religion connue. Je dis bien connue car, bien entendu, j’en ai une. Bien à moi et rien qu’à moi. La solitude. Au bord de l’océan. Sur une plage déserte face à un horizon sans tache humaine.

 Alors là, dans le silence qui s’accommode si bien du flux et reflux de la vague, il m’est souvent arrivé (depuis l’enfance) de dialoguer avec un au-delà qui, dans le labyrinthe de mon cerveau, n’a jamais eu la forme d’un comptable et à fortiori d’un juge. Il m’écoute sans jamais me répondre. Je le remercie quelquefois et l’engueule rarement. Gentiment.

 Et puis, je ne l’implore plus depuis ce jour où, inquiet à en trembler, j’hésitai à sacrifier mon adolescence au statut d’Homme. Il a su me rassurer en me faisant comprendre, sans que je ne m’en aperçoive, que le paradis était ici-bas et qu’il me fallait le construire en solitaire.

 J’ai inconsciemment suivi son conseil et j’ai trouvé l’Eden avant l’Heure du Jugement.


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