« Digitus impudicis » de Éric Dupond-Moretti - Faut-il en faire toute une histoire ?

par gruni
samedi 11 mars 2023

Cela ne fait plus aucun doute. La justice au Québec se montre plus libérée qu'au pays des Lumières. La preuve avec la décision de ce juge québécois qui a mis l'accent sur le droit fondamental d'utiliser le doigt d'honneur, parce que « cela fait partie de la liberté d'expression » même si ce n'est pas « poli ».  Pour autant, on ne peut comparer un langage ordurier utilisé lors d'un conflit de voisinage au Québec, avec l'expression gestuelle imagée d'un ministre Français incapable de se contrôler dans l'hémicycle, lorsqu'un député de l'opposition semble ignorer la présomption d'innocence d'« Acquittator », mis en examen pour prise illégale d'intérêts.

Certes, à sa décharge, Eric Dupond-Moretti lorsqu'il exprime au moins deux fois son mécontentement suite à l'intervention d'Olivier Marleix de LR, n'est pas coupable d'avoir utilisé le doigt d'honneur dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale, mais le bras. Vous conviendrez que son attitude relativise un peu l'impudeur du geste du garde des Sceaux. Quand même, qu'un ministre de la macronie se laisse aller au point de faire un geste déplacé comme le ferait un vulgaire quidam dans le bar du café du commerce, "ça la fout mal". Même si le Palais-Bourbon, coeur battant de la République et haut lieu chargé d'Histoire, en a vu bien d'autres des petites histoires. Encore récemment, un député avait traité d'imposteur et d'assassin le ministre du Travail Olivier Dussopt. Avant de s'excuser platement pour ce moment d'égarement dû à la grosse fatigue occasionnée par sa présence aux nombreuses séances tardives dans les travées de ces galériens de la parole du peuple. De nombreux élus avant lui ont dans le passé été sanctionnés pour des mots blessants ou des comportements inappropriés. Comment ne pas comprendre que certains députés pour sortir de l'anonymat exploitent des méthodes pour le moins retentissantes et très cathodiques pour se faire connaître du public qui le plus souvent ignore presque la totalité des noms des élus qui siègent au Palais. Sans doute faut-il aussi s'interroger sur trop d'heures passées devant son poste télé à regarder les pitreries hanounesques qui peuvent influencer un esprit fragile.

Pour autant, Faut-il en faire toute une histoire ? Eh bien oui, car le doigt d'honneur, le simple majeur ou le double avec l'index, voire carrément le bras, ont bien une histoire qui mérite notre attention. Car, nombreuses sont les victimes de ce geste obscène. 

Rien que pour vous, l'auteur de ce texte a donc recherché au doigt mouillé les origines du "digitus impudicis" dont le rapport avec le champignon nommé phallus impudicus (comestible) n'est pas dénué de fondement.

Donc, ce geste polémique remonterait au IVe siècle avant notre ère. Le responsable ne serait autre que le philosophe Diogène. Déjà à cette époque le geste avait une signification politique. En effet, Diogène aurait ainsi montré "tout le bien" qu'il pensait de Démosthène, homme d'État athénien.

Une autre expression grecque également originale a une origine très ancienne, vous connaissez certainement la célèbre citation "aller se faire voir chez les Grecs" (euphémisme)

Pour un spécialiste : Le majeur brandi représenterait ni plus ni moins que le pénis, quand les doigts repliés prendraient eux, l'allure des testicules qui vont avec."

Mais l'Histoire ne s'arrête pas là, n'y voyez aucun rapport avec le Brexit, encore que !

En réalité, il faut remonter à la guerre de cent ans (1337 à 1453) où les Français avaient pris la sanglante habitude de "couper l'index et le majeur des soldats anglais pour les empêcher de se servir de leur arc et de leurs flèches. En guise de provocation, les soldats anglais brandissaient ainsi leurs deux doigts intacts face aux Français avant les batailles".

En conclusion.

L'ogre du Nord aura donc après bien des réticences, finalement présenté ses excuses : "Je lui présente mes excuses ainsi qu’à toute la représentation nationale". Elisabeth Borne, aura par obligation grondé l'impudent avec une force froide mais modéré, car ce « comportement n’avait pas sa place dans l’hémicycle ». Certains présidents de groupe à l'Assemblée auront tout à fait normalement décoché leurs flèches sur l'avocat des "voyous", voire comme d'habitude demandé sa démission. Quant au citoyen blasé, d'autres soucis l'occupent que d'écouter les tumultes venus de l'Assemblée Nationale.

 

 


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