Diminuer la durée du temps de travail et vite !

par Denis Szalkowski
samedi 29 août 2009

C’était une proposition programmatique Europe Ecologie : reprendre la marche vers la réduction du temps de travail partout en Europe et, par voie de conséquence, dans notre “beau” pays, la France.

Source : Voie Militante

Travailler plus pour gagner plus ?

A l’heure du Travailler plus pour gagner plus, la proposition peut sembler totalement iconoclaste. Et pourtant… La crise en Europe ne fait que commencer : le taux de chômage en Espagne atteint désormais les 20%. Dès l’automne, attendons-nous à un regain du chômage. Les experts les plus optimistes prédisent, après l’effondrement financier de l’Islande et de l’Etat de Californie, celui d’un grand pays européen : le Royaume-Uni, l’Espagne ou la Hongrie. Quid de l’Euro et d’une construction monétaire de l’Europe dans ces conditions ? Les pessimistes envisagent, depuis que la Chine se dégage des bons du trésor américain, l’effondrement financier des Etats-Unis. La confiance des prêteurs (pays arabes et asiatiques) ou le racket des pays du Nord touchent à leur limite. Tous les pays du Nord, sans l’oxygène des pays du Sud, sont, de facto, en cessation de paiement. Et nous y sommes. Je passe sur les détails de la signification qu’une telle rupture (chaos ?) entraînerait dans le système économique mondial. Faites travailler un peu votre imagination à moins que vous ne préfériez la politique de l’autruche. 3% des transactions financières mondiales concernent l’économie réelle.

En France, nous avons des mécanismes qui permettent de supporter financièrement la réduction globale de la quantité de travail de la population : le RMI et le RSA. Personne ne s’est d’ailleurs curieusement posé la question de l’empressement du gouvernement à allonger la durée d’indemnisation des chômeurs dans le cadre de la CRP (Convention Reclassement Professionnel). Avons-nous le choix ? La réalité de cet accord - et du RSA - peut d’ailleurs s’exprimer de la façon suivante : travailler moins pour gagner plus ! La schizophrénie semble avoir contaminé les “élites” politiques françaises depuis bien longtemps.

Entropie et effet papillon

La reprise à la hausse du prix de l’énergie et des matières premières du fait des anticipations rationnelles des agents économiques va continuer à augmenter les budgets incompressibles des ménages : logement, transport et alimentation. Patrick Viveret, lors de la dernière plénière de l’université d’été Europe Ecologie - Les Verts à Nîmes parlait de faire une grande pause. Subie ou choisie, elle est désormais inéluctable ! D’ailleurs, l’augmentation du chômage ressemble depuis le milieu des années 70, après la période des trente voleuses, à cette grande pause forcée contre laquelle le système capitaliste lutte désespérément : inflation, dérégulation, bulles financières à répétition. Que nous le voulions ou pas, le mythe de la croissance infinie est mort. Le temps de l’organisation de la décroissance est arrivé. Quant à la croissance verte, c’est la nouvelle rhétorique du capitalisme pour continuer le business as usual. The show must go on !

Or, face à l’augmentation de la productivité liée aux outils et au progrès technique en corollaire à l’épuisement des ressources naturelles, la seule réponse reste la diminution de l’activité économique. Mais là où nous y mettions exclusivement une dimension sociale, force est de constater que c’est la dimension écologique qui, à l’heure du dérèglement climatique, nous oblige à poursuivre irrémédiablement dans la voie de la diminution du temps de travail. Quant au financement de la mesure, essayons de réfléchir à mettre en place une fiscalité écologique qui abonderait un fonds dédié à la réduction du travail, au financement des retraites et du chômage.


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