Dis Maman, c’est dangereux les Roms ?

par Clojea
mardi 1er octobre 2013

Bonne question mon chéri, voyons ça :
Les Roms, ou Gitans, ou Manouches etc…sont pour la plupart sédentarisés. En fait, nous ne voyons que la minorité visible des Roms. La majorité d’entre eux étant sédentarisé hors de nos frontières.

Cette minorité pose problème. D’une part, le nomadisme ou le semi-nomadisme n’est pratiquement plus possible en Europe, du fait que les terrains et les forêts sont privés ou communaux. Dès lors, l’installation de campements est interdite.

Pour des nomades, c’est un véritable problème. Où s’installer ? Que faire ? Braver les interdits ?

Autre problème. La subsistance : Vivre de quoi ? De la cueillette des pommes ou des vendanges ? C’était faisable dans les années 70/80 mais maintenant, comme tout est ultra règlementé, il devient impossible d’embaucher quelqu’un même pour quelques jours, sans passer par la case URSSAF.

De plus, jusqu'en 2014, les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie ne sont pas totalement bénéficiaires du principe européen de libre circulation et, pour travailler officiellement, ont besoin d'un titre de séjour et d'une autorisation de travail : c'est pour cela qu'ils sont expulsables. De plus, la directive communautaire de 2004 sur la libre circulation des ressortissants de l'UE n'a pas été totalement transposée en droit français, notamment ses dispositions relatives aux garanties accordées aux personnes expulsées.

C’est le serpent qui se mord la queue. Ils ne peuvent pas s’installer n’importe où, et ils ne peuvent quasiment pas travailler. Pour vivre, reste la mendicité, le travail à la sauvette et pour une partie d’entre eux, la délinquance.

Si ce dernier terme va en faire bondir quelques uns, cela reste malheureusement vrai. J’ai une carrière de commerçant, et force à été de constater que, pratiquement à chaque fois que j’ai eu comme client des roms, des vols ont été commis. Rien à faire. A part une fois, c’était un standard.

Il n’y a pas de fumée sans feu. Leur réputation est mauvaise. Remarquez que n’importe quelle communauté, à partir du moment où elle est différente de notre mode de vie, devient pour beaucoup d’entre nous, suspecte. Manque de tolérance et de compréhension.

Pourtant, rien ne justifie la mise au ban d’une communauté. D’abord on ne naît pas voleur, on le devient. On ne naît pas poli, on le devient. Par contre, on peut très bien naître pauvre, dans une cité, un bidonville, ou une caravane dans un terrain boueux, en train de crever de faim.

Tout cela pour dire que les comportements peuvent changer. Un voleur peut s’arrêter de le faire, à partir du moment où on lui montre qu’il y a d’autres possibilités que la délinquance. Et bien sur, il verra que lui aussi à intérêt à prendre responsabilité pour ne plus voler. Ca fonctionne dans les deux sens. On peut toujours adopter le principe qu’un voleur restera un voleur, mais je pense sincèrement que c’est faux. Un individu peut changer.

Mais pour changer, il faut souvent un coup de main des autres. De l’Etat, d’associations, du citoyen lambda.

On force les Maires à mettre à disposition des terrains, souvent insalubres, moches, près d’une autoroute. Environnement poétique…

La polémique et l’exaspération enflent. Manuel Valls pique un coup de gueule, des riverains excédés par des camps de Roms à proximité de chez eux râlent auprès du Maire qui joue les abonnés absents, et les médias n’arrêtent pas de nous abreuver du duel Duflot/Valls sur le sujet. Tout le monde y va de ses considérations, et bien sur personne n’est d’accord. Il y a les pro et les antis, comme d’habitude.

Le problème est mal posé. Les Roms ont le droit d’exister. C’est une certitude. Mais il faut mettre les moyens adéquats, sinon, on ne se sortira pas de cet imbroglio.

La stigmatisation et la violence ne résoudront rien. La mendicité bat son plein. Il suffit de le voir dans les grandes villes. Qui impose le nettoyage du pare-brise de la voiture aux feux rouges ? Qui mendie aux sorties du métro ? Pour beaucoup, des Roms. C’est normal, on ne leur permet pas de travailler. A leur place, on ferait quoi ?

Je comprends que l’on puisse être énervé avec leur mendicité agressive. Je comprends aussi que l’on puisse être exaspéré par la délinquance. N’étant pas un saint, ça m’est arrivé de vociférer contre ça. Mais au-delà des coups de gueules, il est nécessaire de regarder quelles solutions pourraient voir le jour. Finalement, ce ne serait pas si compliqué. Nous ne méritons pas l’appellation de pays des Droits de l’Homme. Pas sur ce sujet en tous cas. 

On peut toujours partir en guerre contre l’immigration. Je pense que cette dernière est nécessaire, à condition bien sur, de ne pas tomber dans l’excès.

Plutôt que de continuer à guerroyer contre les Roms, essayons de les intégrer correctement. Les pousser hors de nos frontières ou les parquer dans des terrains insalubres, ne résoudront rien.

Si je comprends bien Maman, les Roms ne sont pas dangereux ?

Non, mon chéri, il n’y a que l’intolérance et la stupidité qui sont dangereuses. Tout irait bien sans ces deux fléaux. C’est ça qu’il faut combattre sans relâche.


Lire l'article complet, et les commentaires