Dissonance cognitive et « vaccins » ARNm
par Luc-Laurent Salvador
vendredi 13 mai 2022
La notion de « dissonance cognitive » est très large, immense même car on peut la définir très simplement comme un état… :
- causé par deux représentations discordantes
- amenant un sentiment d’inconfort psychologique
- qui motive le sujet pour réduire la discordance initiale
En général le grand public n’entend parler que des points 1 et 2. La plupart des journaleux qui utilisent cette notion sont, en effet, incapables de comprendre ce qui se joue au point 3 et tellement incapables de prendre conscience de cette incapacité (le premier pas pour se disposer à apprendre) qu’ils font comme si cet aspect n’existait pas. Or, cette attitude est justement une parfaite illustration de ce qu’est la dissonance cognitive, à savoir, ajuster ses représentations afin d’instaurer, préserver ou restaurer une confortable congruence entre elles.
Ainsi, ça commence souvent par le fameux « je ne veux pas savoir ! » qui, étant un refus d’intégrer des représentations possiblement discordantes avec ses convictions, permet de garder l’esprit tranquille dès lors qu’on peut se satisfaire de laisser à d’autres le soin de régler les problèmes. Les éducateurs (parents, enseignants) n’ont souvent aucune difficulté à répondre cela aux enfants dont ils ont la charge, ce qui traduit l’absence d’une représentation claire de leurs responsabilités. Pas de nouvelle perspective, pas de représentation discordante, pas de dissonance, pas d’inconfort. Voilà la logique royale de la bêtise humaine.
Quoi qu’il en soit, la chose essentielle à comprendre dans le phénomène de dissonance cognitive c’est que c’est toujours la représentation la plus faible qui fait le chemin pour se rapprocher de la plus forte. Et comme de manière générale « les faits sont têtus », c’est l’idée qu’on s’en fait qui va évoluer plutôt que le fait lui-même.
Par exemple, le renard de la fable, qui désire les belles grappes de raisin mais ne peut les atteindre, se raconte après coup qu’elles étaient vertes. La représentation forte c’est le fait têtu de l’incapacité à mordre dedans, la représentation faible car mobile ou, plutôt, labile, c’est la perception que le renard se fait des raisins : il lui semble a posteriori qu’ils sont verts et donc, finalement, pas très désirables, de sorte que l’impossibilité de les consommer n’est pas une perte douloureuse.
Lorsque j’étais encore étudiant en psychologie et que j’allais au restaurant universitaire, j’ai pu assister en direct à une scène semblable lorsqu’une belle fille est entrée dans la salle. Un de mes compagnons de tablée en était tout excité et ne tarissait pas d’éloges pour signifier le caractère hautement désirable de cette belle personne mais après que sa tentative pour entrer en contact avec elle se soit avérée vaine, il s’est empressé de lui trouver tous les défauts possibles et imaginables, de manière à réduire autant que possible l’inconfort de la frustration, c’est-à-dire, la distance entre le fait de « non consommation » de l’objet du désir et la perception de cet objet jugé finalement peu désirable.
Tout ça pour en venir à un constat psychologique absolument terrible : comme ces processus opèrent à l’insu de notre plein gré, nous sommes aisément manipulables par les tactiques de dissonances cognitives que le pouvoir serait susceptible d’utiliser pour nous amener à nous conformer à ses directives avec, notamment, la technique du « pied dans la porte » qui amène à réaliser un acte qui ne semble pas porter à conséquence alors qu’en raison de sa nature de « fait accompli », il amène des changements de représentation et engendre l’air de rien un consentement à tout ce qui viendra ensuite…
La dictature sanitaire mondiale actuellement en marche vers la vaccination‑généralisée-et-perpétuelle-jusqu’à-ce-que-mort-s’ensuive en constitue un exemple remarquable. Constatons en effet que c’est via la menace assez légère d’une privation d’accès aux lieux de restauration et de loisirs que les autorités ont obtenu de la population qu’elle se fasse vacciner. Comme il est idiot de mettre sa vie en danger plutôt que son petit confort de consommateur hédoniste, il y a un risque de dissonance cognitive. Par conséquent, les vaccinés se sont précipités pour se trouver de bonnes raisons de s’être fait vacciner et ce sera justement les bonnes raisons grâce auxquelles le pouvoir pourra ensuite les vacciner ad libitum. Cela se vérifie aisément : les vaccinés, supposément protégés, sont ceux qui cherchent le plus à se protéger et qui se font le plus menaçants à l’égard des non-vaccinés ou de ceux qui ne portent pas de masque. Ils sont donc tout prêts à consentir aux prochaines campagnes de vaccination.
Mais le fait accompli n’est pas qu’individuel : il est devenu collectif car il s’agit de l’inoculation de masse d’un sérum expérimental ARNm en dépit d’effets secondaires et d’une mortalité à des niveaux jamais constatés auparavant. L’existence de ce « fait social accompli », en raison du grégarisme intellectuel qu’il favorise plus encore peut-être que les médias eux-mêmes, signifie que la dictature sanitaire est d’ores et déjà en place. Elle a gagné. La résistance des dissidents se fera contre la foule et il faut savoir qu’on n’a jamais raison contre la foule. Surtout quand elle est du côté du pouvoir, donc du côté de la force. Les Gilets Jaunes en savent quelque chose.
De toute façon, s’il y avait le moindre risque de retournement de l’opinion publique, celle-ci serait mise en état de sidération par des évènements encore plus catastrophiques, comme la guerre, surtout si elle est mondiale.
Mais revenons à nos moutons et constatons qu’au bout du compte, ou plutôt au fond du pot aux roses de la dissonance cognitive, on trouve cette grande loi de la psychologie selon laquelle l’homme est souvent incapable de suivre les bonnes raisons qu’il a de faire ceci ou cela alors que, par contre, il sait trouver toutes les bonnes raisons justifiant pourquoi il a fait ceci ou cela — les représentations venant alors se caler sur le « fait accompli » afin de le justifier. Aristote s’est donc trompé en présentant l’Homme comme un animal rationnel au sens de guidé par sa raison. Comme l’a si bien dit Pascal, « la raison est la dupe du cœur » et l’Homme n’est finalement qu’un animal rationalisant : il rationalise au sens psychanalytique du terme, c’est-à-dire, qu’il excelle à trouver les bonnes raisons justifiant ses actes. Il excelle donc à se donner l’apparence de la perfection, à sembler impeccable ou se faire innocent. Mais c’est une autre histoire dont nous avons déjà commencé à traiter ici.