Docteur Jean-Luc et Mister Mélenchon. Ou l’inverse …

par Denis Thomas
vendredi 31 mai 2013

L’image du porte-parole de la Gauche de la Gauche est en train de se détériorer comme le portrait de Dorian Gray. Jean-Luc Mélenchon a sérieusement intérêt à se ressaisir, ainsi qu’à recadrer son équipe, s’il ne veut pas subir le même désagrément que celui connu par le héros d’Oscar Wilde.

Depuis quelques semaines, sous l’impulsion dont ne sait quel aiguillon, le candidat du Front de Gauche aux dernières élections présidentielles multiplie les bévues sur le plan de sa communication. En un mot, pour se suicider politiquement on ne s’y prendrait guère mieux.

Il est déjà communément admis que le parler « cru et dru » ainsi que le geste un brin théâtral de celui qui a sorti le Parti Communiste des scores électoraux « confidentiels » en font la cible rêvée des commentaires acerbes. Il n’est nul besoin d’en rajouter dans l’objectif assez confus d’aller siphonner des voix ici et là au risque d’apparaître … siphonné. Précisément.

Le week-end dernier, l’habitué des réseaux sociaux, l’abonné à Tweeter, s’étonnait. Après que Marine Le Pen ait tenté un petit plongeon, séant le premier dans sa piscine vide, on pouvait lire sur le compte enregistré et « vérifié » au nom de Jean-Luc Mélenchon « en attendant je me casse le cul pour les ouvriers pendant qu’elle se casse le cul dans sa piscine ».

On ne sait pas si la patronne du Front national a dit alors « même pas mal » mais ce qui est sûr c’est que le propos Front de Gauche était « même pas drôle ». Le micro texte n’empruntant pas du tout au vocabulaire Mélenchonesque, on se plaît à imaginer que le mot n’était pas de lui mais d’un courtisan quelconque voulant se faire remarquer. C’est réussi.

Mais ce n’est pas tout. Tweet vibrât alors en moins de deux sous l’effet de traits à se tordre : « Je souhaite à Mme Le Pen un prompt restablishment , je préfère l’aplatir à la loyale ». Il ne ne manquait plus que le couteau à se mettre sous la dent. On préférait assurément quand, de son propre « cru », Mélenchon traitait la Marine de « semi démente ». L’absurde habile avait un charme indéniable.

BOUFFON TOI-MEME !

Dans la foulée, au député Lambert (EELV) qui le traite de « Bouffon » pour ne pas être assez présent au Parlement européen de Bruxelles, le compte Tweeter « Mélenchon » lui oppose un très juvenile c’est-celui-qui-le dit-qui-y-est : « je suis à Bruxelles, bouffon ! ». On atteint des altitudes.

Et le pire est à venir. Dans un plan de Com’ sorti de « Camping 2 » ou des « Bronzés amis pour la vie », voilà notre talentueux tribun pourfendeur des marchés financier et du capital qui pointe son nez dans l’irrésistible talk show de Direct 8 (excusez du peu…) intitulé « Touche pas à mon poste », les "enfants de la télé" étant déjà pris.

Et là, un peu à la façon du chef Sitting Bull dans le spectacle de Buffalo Bill, Jean-Luuuuc se retrouve englué dans des facéties rejaillissant d’une enfance maltraitée par des parents accros à Guy Lux (encore que, lui, il savait se tenir). Le clou de la soirée étant de faire dire à l’invité « quoi donc » à l’obsédante question « tu l’as vu ? tu l’as vu ? ». Nous vous laissons le plaisir de l’unique réponse….

Il se trouve que j'ai été surveillant au collège Marie Curie (Les Lilas, 93) où l'animateur Cyril Hanouna a fait ses classes. C'était un enfant timide et étonnament discret. Comme quoi tout le monde peut changer ...

Que diable le "co-président du bureau national du Parti de Gauche" va-t-il faire dans ces galères ? L'y pousse-t-on ? Qui diable l’y pousse alors et pourquoi ?

Sans doute, le « staff » (allez savoir peut-être ont-ils grande joie à s’appeler ainsi…) de Mélenchon veut-il taper dans le « Djeuns » et le populaire. Gagner la ménagère de moins de trente ans en même temps que le cœur des « Ultras » du PSG.

Pour l’heure, il est patent que le Front de Gauche - ou du moins ce qui semble en rester – est en train de semer en rase campagne ceux qui lui ont fait confiance et qui estiment, assez naïvement, que le combat politique passe par la foison de propositions faites à la Bastille et non par « tu l’as vu ? ».

Ce socle de « grognards » se demande aussi avec une vive anxiété si Mélenchon, pourtant réputé pour son caractère « entier », cautionne sans réserve cette nouvelle stratégie d’approche du peuple. Et si le peuple y a sa place.

 

 


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