Donald Tusk, la vague de migrants « est trop forte pour ne pas être stoppée ». La grande trouille des dirigeants européens
par Renaud Bouchard
jeudi 3 décembre 2015
Le mauvais Génie est sorti de la lampe et il va être très difficile de l'y remettre.
Ils ont la trouille.
Quelque chose de nouveau vient de se produire.
Les dirigeants européens commencent à avoir peur d'une situation dont ils ont compris qu'elle leur échappait. Une peur sournoise, lente, diffuse, impalpable, malodorante, mais une vraie peur. La peur qui rejoint la conscience d'avoir commis une erreur magistrale ou, pire encore, d'y avoir prêté la main, volontairement, par esprit de corps ou, pire encore, par méconnaissance du Réel. Ce maudit réel qui ne rate jamais une occasion de vous sauter à la gorge faute d'avoir été pris à temps par la main et de l'avoir maîtrisé tant qu'il en était encore temps.
C'est bien ce qui en train de se passer à l'échelle européenne, avec cette faute géopolitique majeure qu'aura constitué et que constitue encore la décision criminelle, démentielle, d'ouvrir d'un seul coup, de manière unilatérale, les frontières de l'Europe à un gigantesque flot de réfugiés-immigrants-migrants-demandeurs d'asile.
Ces imbéciles criminels on libéré le mauvais Génie de la lampe dans laquelle il était enfermé.
Donald Tusk, le président du Conseil européen, a peur. Et il a effectivement raison de craindre le choc inéluctable du boomerang ou du retour de flamme, ou les deux à la fois.
I- Pour Donald Tusk, la vague de migrants « est trop forte pour ne pas être stoppée ».
Il est temps de s'en rendre compte !
Voilà que le président du Conseil européen, dans un entretien donné à plusieurs quotidiens internationaux, assure en effet que les autres pays de l'UE ne sont plus prêts à suivre l'Allemagne. Aussi "recommande-t-il à Mme Angela Merkel de cesser de vouloir accueillir de nouveaux réfugiés syriens".
Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a déclaré lundi que l'Union européenne ne pouvait pas accueillir tous les migrants qui tentent d'atteindre son territoire et qu'elle devait s'atteler à une nouvelle politique de retour.
"Je suis réaliste et je pense que nous devons avant tout travailler sur une nouvelle politique de retour, qui consisterait à les renvoyer", dit-il dans une interview publiée dans le Polska Times.
"De manière responsable, nous ne pouvons parler que d'accueillir un groupe défini de migrants. Ceux qui appellent à ouvrir nos portes en grand sont cyniques, puisqu'ils savent que cela n'est pas possible", poursuit-il.
A la question qui lui est posée de savoir si L'UE ne peut pas se reposer sur un pays tiers pour contrôler sa frontière externe et si Angela Merkel doit revenir sur sa promesse, à savoir l'accueil en Allemagne de tous les demandeurs d'asile, l'intéressé donne une réponse dans laquelle transparaît quelque chose de plus fort qu'une simple inquiétude :
"La Turquie, déclare M. Tusk, n'est que le premier maillon d'une longue chaîne. Côté européen, cela signifie que chaque pays doit respecter et appliquer le code de Schengen, y compris la règle qui impose que les demandes d'asile sont déposées dans le pays d'arrivée, par exemple la Grèce, et non pas ailleurs. Nous devons aussi changer d'état d'esprit : cette vague de migration est trop forte pour ne pas être stoppée."
M. Tusk commet une erreur d'appréciation. Une véritable Europe, sûre d'elle, solide, devrait avoir le courage d'exiger de tout pays d'immigration ou de transit ne faisant pas partie de l'UE (cas de la Turquie) l'obligation de garder sur son territoire les populations y résidant et d'y recevoir les demandes d'asile formulées pour entrer dans tout autre pays. Dans le cas contraire l'expulsion devrait être immédiate ou physiquement empêchée.
II- A la question de savoir si Mme A. Merkel devrait donc ravaler sa promesse et refouler les Syriens, M. Tusk tergiverse encore un peu.
"Chacun doit respecter les règles, déclare-t-il, qu'il s'agisse du code de Schengen ou du plafonnement des déficits budgétaires. Personne ne peut s'en détourner et cela vaut aussi pour l'Allemagne. Parallèlement, nous devons aider les pays en première ligne face à l'exode. C'est ça la vraie solidarité européenne. C'est aussi une question de sécurité."
Le mot est lâché : sécurité. Sécurité des frontières, territoriale, économique, financière, sociologique, politique, tout simplement. Mais pourquoi ne pas y avoir pensé préalablement plutôt que de créer un brusque appel d'air ?
III- Berlin propose de « réinstaller » en Europe des dizaines, voire des centaines de milliers de réfugiés qui seraient directement acheminés de Turquie. Qu'en dites-vous ?
"Je suis convaincu qu'il n'existe pas de majorité dans l'UE pour un tel système. Cette fois, déclare M. Tusk, l'Europe centrale n'est pas le seul problème. Même la Suède, pourtant généreuse, juge la situation intenable. Évitons l'hypocrisie : ce n'est plus une question de solidarité internationale, mais un problème de capacités européennes. Les Européens seraient moins réticents si la frontière externe de l'UE était effectivement contrôlée. Il est trop facile aujourd'hui d'entrer en Europe. Pour finir, le débat a changé : il gagné le grand public et échappe aux politiques. Écoutez ce qui se dit dans la rue !"
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Comment les dirigeants européens, dont M. Tusk, ont-ils pu imaginer un seul instant que "le débat" ne gagnerait pas le "grand public" et "n'échapperait pas aux politiques" ?
Quelles conclusions pouvons-nous tirer de ces propos ?
Les Européens ne sont pas réticents. Ils sont simplement hostiles à cette invasion qui procède d'une incurie et d'un amateurisme inacceptables. Comment ne pas s'empêcher d'imaginer que l'UE aurait pu réunir - probablement avec succès - une conférence à laquelle elle aurait associé les Nation Unies, par exemple, ainsi que les pétromonarchies, pour leur demander de contribuer au partage d'un effort humanitaire incontestable ?L'occasion a été ratée mais il n'est pas inenvisageable de la remettre à l'ordre du jour. Après tout, n'avons-nous pas organisé le barnum de la Cop 21 ?
La solution d'urgence qui s'impose désormais est à mon avis très simple :
L'enquête et l'histoire des circonstances qui ont présidé à l'appel migratoire voulu par Mme Merkel est à écrire tant la faute commise est majeure, sinon criminelle.Elle aura lieu.
Il n'est pas exclu que pareille déision ait pu être prise en collusion avec des intérêts "atlantistes" qui auraient vu avec un flot migratoire incontrôlé un moyen parfait de ruiner toute résistance nationaliste ou toute souveraineté européenne.
L'hypothèse, qui en réalité n'en est plus une, se vérifie avec cette défaite diplomatique ; véritable Bataille de Lépante à l'envers, que constitue l'accord d'immigration UE-Turquie du 29 novembre 2015.
On imagine mal que l'UE puisse désormais se défendre et mener une guerre contre le terrorisme international avec, en son sein, des populations allogènes incontrôlées et incontrôlables, sauf par coercition, ce qui se produira très probablement si l'on considère la multiplication des incidents qui se produisent dans les principaux pays d'arrivée (Allemagne, Suède, Danemark).
La Grèce est économiquement à genoux, ruinée. Le flanc sud-est de l'UE est devenu une passoire frontalière. Les navires de Frontex ne sont que des postes humanitaires avancés. Toutes les solutions sont examinées, sauf une seule - comme par hasard -, qui se résume en six points que voici :
-Annonce internationale de l'arrêt immédiat de toute immigration dans l'UE des ressortissants de pays belligérants ou aux situations politiques instables.
-Annonce officielle aux immigrés-réfugiés-demandeurs d'asile qu'ils ne recevront aucune perspective d'installation et de regroupement familial dans leurs pays d'arrivée.
-Obligation signifiée aux immigrés-réfugiés-demandeurs d'asile de rejoindre des camps de transit en vue d'un retour programmé dans leurs pays d'origine avec comme objectif de reconquérir et reconstruire ces mêmes pays qui sont les leurs.
-Obligation de se plier à toutes formalités d'identification, de contrôle de santé, de remise de tous moyens de communication, délivrance par l'UE d'un passeport spécifique à l'image d'un certificat Nansen qui spécifierait la nationalité d'origine des personnes déplacées.
-Coup d'arrêt au chantage conduit par la Turquie faisant du contrôle migratoire une condition de son entrée dans l'UE.
-Obligation signifiée aux pétromonarchies d'accueillir sur leur territoire et de financer les charges relatives aux personnes déplacées que l'UE n'a pas à supporter.
Donald Tusk aurait-il donc eu un éclair de lucidité ou plus simplement n'est-ce pas plutôt la peur d'avoir à répondre d'une erreur, de rendre prochainement des comptes d'une action qui a échappé aux politiques, qui l'a poussé à faire sa déclaration ?
Il va falloir très vite tenter de remettre le Génie malfaisant dans la lampe...Il ne reste plus que deux voeux à formuler. Il ne faut pas se tromper. La survie de l'UE l'exige.
Sources :