Dropped : tombés du ciel

par hommelibre
mardi 10 mars 2015

Florence Arthaud est celle qui avait pris place dans un monde d’hommes : le monde de la mer. Rien à dire. La mer a été longtemps un monde d’hommes. Mais depuis que la course océane est devenue un spectacle de plaisance par rapport par exemple à la découverte des Amériques, des femmes y font leur place.

Première remarque

Aujourd’hui il est de bon ton de présenter celles qui conquièrent le monde des hommes comme des héroïnes luttant contre le sexisme misogyne et l’exclusion. Sauf que si la mer a été un monde d’hommes c’est pour des raisons physiques : force, grossesse. C'est pour préserver les mères, donc la reproduction, et le clan. Combien de marins la mer a-t-elle emportés ? Je n’ose compter. Le fait que les hommes aient voyagé sur les mers n’était pas de l’exclusion ni du sexisme, mais au contraire une bienveillante protection.
 


Deuxième remarque

« Le concept de l’émission "Dropped", venu de Suède, consiste à déposer des sportifs professionnels en hélicoptère dans un lieu reculé, avec pour mission de rejoindre la civilisation par leurs propres moyens, afin de recharger leur portable et d'appeler le présentateur de l'émission ».

Ok. Je lis des réactions sur internet. Quelques perles :


« Tout ça pour des jeux et du pognon. Triste monde ! »

Et alors ? Tout le monde fait du pognon. C’est leur choix. Où est le problème ? Va-t-on moraliser la télé ? Et qui le fera ? Remarque inutile et ridicule.

« ... mon dieu quel désastre humain... Une pure folie ces émissions d'avanture" à la Kho-Lanta ».

Nul n’est obligé à regarder l’émission. Si personne ne regarde cela cessera. Si cela continue c’est qu’assez de spectateurs aiment. C’est leur choix, et c’est celui des sportifs de se montrer. Donc inutile de pleurnicher.

« 10 personnes tuées... Dans un crash... Non, c'est trop !. Faut arrêter, nom du ciel, leurs " jeux " avec la mort ».

Waow, quel talent ! Pourrait remplacer n’importe quel commentateur sportif lors de la prochaine Coupe du Monde de foot.

Troisième remarque

Ce commentaire d’internaute sur la difficulté de l’épreuve :

« Je connais bien cette zone pour y avoir fait de la prospection. (...) C'est une zone de moyenne montagne aride à végétation arbustive parfois dense, un Sahel austral. La visibilité parfaite y fait d'une boussole un ustensile utile sans plus. Avec un GPS en cadeau pour conserver votre itinéraire, il vous suffit - au pire, de descendre un oued pour retomber sur vos pattes ».

Un agrandissement de la région sur Google maps montre en effet une zone presque désertique et praticable. On pouvait le supposer : avec une équipe technique caméra au poing et de l'eau fraîche dans la glacière, difficile de faire de vraies prouesses.

Et Fanfrelande...

François Hollande y est allé de son couplet, évidemment. Président de la pluie, il doit justifier ses 15’000 euros de revenu mensuel. Que dit-il de Florence Arthaud (extrait) :

« ... femme exemplaire qui a servi de modèle à des générations de femmes et aussi d'hommes pour aller plus loin, pour défier, à la fois les éléments mais aussi les autres compétiteurs » - tiens, juste pour embêter : à combien de générations a-t-elle servi de modèle depuis sa première traversée de l’Atlantique en 1974 ?

Fille d’une famille aisée, elle est « née dedans ». Selon Wiki : « La navigatrice est la fille de Jacques Arthaud, directeur de la maison d'édition grenobloise Arthaud durant les années 1970, qui a édité notamment les récits de Bernard Moitessier et d'Éric Tabarly. Elle commence très jeune à naviguer avec son frère Jean-Marie et son père et s'aguerrit au club de voile d’Antibes ».

Sans rien ôter aux qualités de Florence Arthaud, femme énergique et battante, combien d’hommes navigateurs l’ont inspirée et lui ont servi de modèle ? Il n'y avait pas lieu ici de politiser son décès. Même pas pour trois voix féministes de plus en 2017.

Ah, l’insignifiance du président.

Et un dernier mot sur Manuel Valls, qui en profite pour ressusciter l'esprit du 11 janvier : « C'est toute la France qui est en deuil ce matin ».

Cela ne mange pas de pain.


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