DSK, Berlusconi, Katsav : des élites sans repères

par Aldous
mercredi 18 mai 2011

L’affaire DSF est elle le naufrage personnel d’un homme particulier ou est-ce le signe du délitement moral de nos élites ? Les frasques d’autres hommes politiques s’accumulent auxquelles viennent s’ajouter les comportement outranciers et parfois puérils de certains politiciens, comportement qui, s’ils ne tombent pas sous le coup de la loi, paraissent aux yeux des citoyens comme autant de marques d’une perte de repères d’une oligarchie au comportement de plus en plus cynique et se permettant de tels excès qu’il est légitime de se demander si elle se considère au dessus des lois.   

Il est loin le temps où on débâtait sur l’excès de l’usage des gyrophares par les élus et où le moindre soupçon de privilège créait l’émoi.

Aujourd’hui, Silvio  Berlusconi soupçonné de prostitution de mineure lors de soirée orgiaques dignes de la décadence de Rome et de collusion mafieuse fait la nique aux juges en changeant la législation à sa guise et à son profit sans qu’aucun contre pouvoir ne parvienne à entraver cette aliénation du droit aux intérêts particulier du chef de l’exécutif.

En Israël, le président Moshé Katzav a eue le bras moins long. Il est passé du statut de chef de l’état à celui de taulard, après avoir été condamné à 7 ans de prison fermes pour le viol de deux subordonnées. Il faut dire que son poste est plus honorifique que politique.

En France, les affaires de ces dernières années, politiques cette fois et non sexuelles, se sont succédées sans qu’aucun homme politique ne soit sérieusement inquiété. Charles Pasqua blanchi dans l’Angolagate, Jacques Chirac a joue la montre dans celle des emplois fictifs, Nicolas Sarkozy se contente de nier dans l’affaire Karachi. Autant de scandales sans conséquences qui rejoignent la longue cohorte des affaire d’état  étouffées sans grand émois, du Crédit Lyonnais à Robert Boulin en passant par Elf et Panama.

Les Européens ne sont pas de reste.

Le gratin de la politique grecque, 15 ministres ou ancien ministres socialistes et conservateurs, ont reçu des pots de vins versés par le groupe industriel allemand Siemens. Le précédent gouvernement de droite (Nouvelle Démocratie) a organisé avec l’aide de la banque Lehmann Bros la falsification des comptes qui a plongé le pays dans la ruine, puis nommé un ex-employé de cette même banque à la tête de l’agence de gestion de la dette grecque.

Cinq Eurodéputés ont été piégé par le Sunday Times qui a obtenu l’insertion d’amendements en échange d’un « salaire » de 100.000 euros par an.

L’enchainement de ces dérives est elle une simple coïncidence ou bien résulte elle d’une perte de repère généralisée de nos élites ?

Je serais d’avis que c’est la seconde hypothèse qui est la bonne et je vais expliquer pourquoi.

J’y vois deux raisons :

1) La mutation des structures de décision, liée à la mondialisation et à primauté de l’économie sur le politique, qui transforme radicalement les fonctions électives, les dépouillant de leurs profondeur stratégiques pour n’en faire que des postes de représentation médiatique, simples engrenages dans un système de prise de décisions qui les dépassent.

2) L’arrivé d’une classe politique décomplexée aux affaires, revendiquant son statut de classe supérieure sans complexe et ne voyant pas pourquoi elle devrait simuler la modestie ou l’indépendance des puissances d’argent.

Le début bling-bling du quinquennat Sarkozien a été à ce sujet un choc pour les français, peu habitués à ce qu’un président affiche aussi clairement sa collusion avec les classes aisées et son amour immodéré pour le luxe.

Mais au fond, ce second point n’est que la résultante de la profonde mutation que nous visons et que je résume dans le 1).

Les politiciens comme DSK comme Sarkozy, comme Tony Blair ou Jozé Manuel Barrosso avant eux, ne sont plus que les VRP des structures de la gouvernance mondiale où se prennent réellement les décisions.

Un pion dans chaque camp permet de neutraliser l’alternance démocratique et assure, à quelques détails cosmétiques près, que cet agenda politique continue de se dérouler avec la constance d’un rouleau compresseur.

Mettons nous un instant à la place de ces hommes de paille et tâchons de saisir quelle mentalité et que l’état d’esprits la situation dans laquelle ils se trouve peut avoir sur leur psychisme et leur comportement.

Vous voilà donc dans la peau de José Tony Strauss-Sarkozy. Repéré très jeune par des gens d’influence, qui vous ont envoyé finir vos études dans une grande université élitiste aux USA, vous voilà convié à participer aux très selects clubs des grands de ce monde où vous fréquentez l’ensemble du gratin politique, médiatique et économique influent, toutes tendances confondues.

Grace aux campagnes médiatiques de vos nouveaux amis, votre carrière politique décolle comme une fusée et vous voilà bientôt en position de briguer des postes de plus en plus élevés.

Les avantages pleuvent, voiture de fonction, conseillers, jets privés, hôtels de luxe, invitations amicales de chefs d’état et d’industriels influents, la belle vie.

Tout ce que vous avez à faire pour continuer à en bénéficier c’est de jouer la comédie devant les caméras pour que ces braves électeurs continuent de croire en vos engagements à servir les intérêts du peuple alors que vous contractez au nom de la collectivité des crédits faramineux que les impôts ne suffiront jamais à couvrir. Vous profitez des « réalisations » pharaoniques que vous avez engagées en endettant le populo pour passer pour un grand visionnaire aux résultats tangibles largement vantés par la presse qui passe sous silence l’insolvabilité de la note. Vous pérorez sur des résultats économiques obtenus en cassant les thermomètres de l’INSEE et en radiant opportunément les chômeurs en période électorale.

 Après quelques alternances politiques dues au mécontentement du peuple asphyxié par les prélèvements et l’inflation cachée,  vous arrivez en sauveur de la situation pour appeler vos concitoyens à consentir à sacrifier les services publics et les protections sociales qui « handicapent »  la relance que vous promettez pour un lendemain qui n’arrive jamais. Pour noyer le poisson vous lancez des polémiques sur les Romanichelles ou l’identité nationale dont vous n’avez rien à cirer, n’étant vous même citoyen que de fraiche date et vivant dans un milieu jet-set à la culture globaliste.

Vous avez changé la constitution pour vendre la souveraineté nationale à l’UE en dépit du vote négatif du peuple lors du référendum que vous avez contourné avec la complicité de l’ensemble de la classe politique.

Quel respect pouvez vous conserver pour ces petites gens qui sont si naïves qu’elles gobent toutes vos salades et continuent à aller voter dans un système sans choix réel ?

Vous avez enterré avec l’aide de vos amis de la presse tous les sandales qui auraient pu vous faire de l’ombre et fait condamner les petites gens qui avaient eu le culot de réclamer réparation à votre fils qui s’était comporté de façon outrancière en se prévalant du long bras de papa.

Quelle respect vous reste-il pour les lois, les flics, les juges ?

Alors pour les soubrettes, vous pensez…

Le pouvoir corrompt dit le proverbe.

La comédie du pourvoir corrompt encore plus surement.


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