Du consentement des enfants face au viol

par Ariane Walter
lundi 27 août 2018

On oublie trop souvent que la pédophilie existe car elle est, pour l’adulte, une facilité. Il est plus facile de « se payer un gosse », engoncé dans sa timidité, qu’un adulte qui va t’envoyer paître.

L’adulte, qui représente l’autorité, impressionne l’enfant qui ne sait comment se conduire.

Je n’en veux pour preuve qu’une aventure qui m’est arrivée.

 

J’avais douze ans et je partais tous les jours dans un centre aéré à Carnon, organisé pour le personnel des enfants de la préfecture.

Or, ne voilà-t-il pas qu’un jour, un moniteur me prend dans ses bras et m’embrasse. C’était le premier baiser de ma vie et je pense que j’ai dû être fière d’avoir été remarquée par un « grand ».

Il s’est serré fortement contre moi et j’ai senti quelque chose de dur contre mon ventre. Comme nous jouions avec d’autres à plante-couteau dans le sable, j’ai cru qu’il avait gardé son couteau dans sa poche !!!

Là-dessus, il me demande si ça m’intéresse de le retrouver dans les dunes derrière les préfabriqués du centre. Pour parler un peu.

 

J’avais déjà, deux fois, été victime de gestes déplacés de la part d’adultes. Vers l’âge de six ans mon professeur de piano avait soulevé ma robe pour battre le rythme au sommet de ma cuisse. J’en avais aussitôt parlé à ma mère et je lui avais dit que je ne voulais plus le voir. La réaction pour moi, même si en ce temps-là la sexualité était un domaine très lointain, avait été immédiate liée au dégoût de cette main déformée par l’arthrite sur ma jambe. 

Une autre fois, au même âge, le fils d’une voisine qui la voyait rarement avait passé sa main sous moi au moment où je m’asseyais. Je m’étais relevée brutalement. Il avait disparu. Je ne l’avais plus revu.

 

Mais à Carnon, la situation était différente. J’avais douze ans et ce baiser était éminemment romanesque. Moi ! Avoir été choisie ! 

Nous nous sommes retrouvés derrière une dune. Il m’a montré son sexe et c’était la première fois que je voyais un si gros truc. J’en étais restée aux petits limaçons de mes cousins. J’ai été sauvée ce jour-là parce que j’avais mes règles. Quand il a voulu baisser ma culotte, j’ai été gênée de montrer ma serviette hygiénique et je lui ai dit « Non ». En lui en expliquant la raison. Ce qui au demeurant, ouf, a eu l’air de le dégoûter aussi net.

Qu’aurais-je fait en d’autres circonstances ?

Peut-on considérer que j’aurais été consentante ? Aurais-je eu honte de dire « non » puisque j’avais accepté ce rendez-vous ?

Voilà le problème du consentement du mineur face au viol. 

De nombreuses raisons expliquent qu’il se laisse faire. 

Plus jeune, il sera tétanisé par la peur de l’adulte. 

Mais aussi, il ne faut pas oublier qu’un enfant est fasciné par le monde des grands et que ce qui lui arrive, tout à coup, lui montre qu’un adulte, cette classe supérieure, s’intéresse à lui.

Pour une fille, savoir qu’elle plaît peut l’entraîner, très jeune, à dire « oui », sans le vouloir vraiment, sans savoir quoi vraiment, sans juger des conséquences. 

Un autre enfant mineur peut avoir aussi une influence sur sa timidité, sa crainte de paraître idiote. Tant de pressions peuvent exister.

 

Voilà pourquoi sans réfléchir une seconde, TOUTE PENETRATION D’UN MINEUR EST UN VIOL. LE CONSENTEMENT EST UN LEURRE QUI PERMET L’ABUS DE POUVOIR ET LA PÉDOPHILIE.


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