Du goudron et des plumes pour François Hollande

par gruni
lundi 13 octobre 2014

Cette punition populaire réservée aux tricheurs et aux voleurs remonterait aux Croisades. Plus tard au Far West, à l'époque des frères Dalton, la sanction qui consistait à enduire un hors-la-loi de goudron avant de le rouler dans des plumes, persistait encore. De nos jours, l'humiliation publique a prise une forme d'expression bien différente. Désormais, pour salir se moquer ou condamner, les victimes, supposées ou réelles d'une injustice, prennent la plume et de l'encre pour régler leurs comptes. Voire plus certainement un clavier, pour flinguer plus rapidement le sujet de leur courroux. 

Et les Lucky Luke de la publication politique dégainent à tout va en ce moment, ça tire dans tous les sens, à gauche comme à droite. Et si le goudron chauffé à 60 degrés employé dans le passé, brûlait la peau des bandits. Aujourd'hui, l'acide corrosif déversé par pages entières est encore plus néfaste pour la popularité de la cible visée. Mais qui sont tous ces auteurs fauteurs de troubles.

D'abord Cécile Duflot en robe à fleurs, qui contrairement à Calamity Jane, ne rentrera sans doute pas dans la légende de l'histoire littéraire avec son brûlot, "De l'intérieur. Voyage au pays de la désillusion". Un livre dédié à la bande organisée des machistes de l'Assemblée Nationale et du gouvernement. D'ailleurs, la verdeur de l'ancienne ministre du logement, lorsqu'elle ne parle pas chiffon, se loge plutôt dans la critique d'un système qu'elle connaissait pourtant avant de rentrer dedans. Est-ce pour se tenter de se disculper ou simplement exister.

Certes, tout le monde peut comprendre l'irritation de la dame verte, lorsqu'un député de droite, lors de son apparition en robe dans l'hémicycle, avait crié "Allez va-y enlève les boutons". Pourtant, était-il nécessaire de se justifier, presque d'excuser son choix vestimenaire, " Je suis une femme pas spécialement mince. Quand il fait chaud, je mets des robes, comme beaucoup de femmes". Alors que dans le passé le port du pantalon était interdit aux femmes à l'Assemblée.

Mais la mode et son look ne sont pas les seules motivations de l'ex ministre. Dans un autre passage elle revient sur l'affaire Cahuzac, "On dit de lui qu'il est brillant et bel homme, je le découvrai méprisant et brutal" dit-elle. Cécile Duflot qui "n'en revient pas", car tout le monde savait qu'il avait un compte en Suisse. Elle aussi d'ailleurs, qui selon ses dires avait reçu les confidences de plusieurs ministres et députés dont elle ne révélera pas les noms. Comment expliquer son propre silence, serait-il dû a une ancienne relation politico-sentimentale..

Et si dans la célèbre bande dessinée de Morris vous avez toujours un méchant, vous avez aussi un pauvre cowboy solitaire qui tire plus vite que son ombre pour faire respecter la loi. Même si dans le livre de Delphine Batho, l'héroïne de l'"Insoumise"serait plutôt rantanplan.

L'ex ministre qui avait osé parler d'un "mauvais budget" suite aux coupes budgétaires décidées par Matignon pour le ministère de l'Écologie. Et suprême affront, qui avait ensuite résisté à une charge de la cavalerie légère de Jean-Marc Ayrault qui lui demandait de rectifier le tir. Virée !

Dans son livre la jeune femme vide son chargeur et fait un carton sur plusieurs de ses ex collègues en dénonçant encore une fois "le poids des lobbies sur la politique".

"Pour l'énergie aussi, c'est maintenant la finance qui décide dit-elle". Les Oursel (Areva), Proglio (EDF), ou De Margerie (Total). Des grands patrons à qui elle ne pardonne pas ce profond dédain pour son insignifiante personne.

Est-il utile de rappeler le tirage exceptionnel du livre de Valérie Trierweiler, un véritable baril de poudre noire déposé dans le jardin de l'Elysée pour dire "Merci pour ce moment" à François Hollande. L'explosion avait été retentissante pour son ex campagnon qui avait allumé la mèche.

Mais ce n'est qu'un début et les prochaines semaines devraient déverser quelques seaux de goudron supplémentaires sur le chef d'Etat, déjà dans tous ses états.

Et comment imaginer un bon western sans un chef peau rouge. Vous avez deviné, c'est Mélenchon l'indien de service.

"Je n'aurai jamais cru qu'il trahirait ses électeurs aussi vite, aussi grossièrement, aussi totalement" écrit l'homme qui appelait a voter pour l'actuel Président après le premier tour de la présidentielle. Bien décidé à ne pas enterrer la hache de guerre, le visage empourpré par les peintures guerrières, celui qui parle le langage dru et cru des hommes blancs décoche ses flèches qu'il voudrait mortelles. Et après avoir arraché une plume de sa parure, il décrit dans son parchemin en peau de bête "L'Ère du peuple", son ex ami socialiste comme un homme "fourbe et servile, ami de la finance et glauque".

Mais à droite également, ça décape. Patrick Buisson, un ex tunique bleue, a juré d'avoir le scalp de Nicolas Sarkozy et prépare actuellement la sortie en librairie d'un bréviaire qui pourrait faire des étincelles et donner un sacré coup de mou à la "longue marche" du candidat vers un second mandat. Surtout que l'ancien conseiller Georges-Marc Benhamou sort également un bouquin la semaine prochaine.

Quant à François Hollande, couvert de goudron par les plumes, pas sûr que toute la pluie qui tombe sur lui pourra effacer les traces noirâtres des écritures avant les prochaines élections.


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