Du masque et des virus

par Jérôme R.
mercredi 9 septembre 2020

Au sujet du port du masque généralisé, je ne résiste pas à l'envie de partager cette vidéo (3'). Dès les premières secondes, elle illustre bien l' "efficacité" de ces masques. C'est drôle à voir et mieux vaut en rire !

Dans quelle mesure le propos de cette vidéo est-il pertinent ?

Précisons d'abord la terminologie : on désigne par aérosol des particules solides ou liquides de tailles inférieures à 5µm (pour mémoire, le micromètre désigne le millième de millimètre). La limite de 5µm est une convention. Au-delà, les particules liquides sont appelées gouttelettes. Cette limite vise à distinguer les particules qui ont tendance à tomber « assez vite » (moins de 20 minutes) de celles qui restent en suspension dans l’air plus longtemps, parfois des heures.

Dans le domaine de la pollution atmosphérique, les particules solides sont appelées particules fines. On distingue communément les PM10 et les PM2,5 (« PM » pour particle matter – 10 et 2,5 désignant la taille maximale en µm).

Comme l’explique l’auteur, la « vapeur » d’une cigarette électronique est un aérosol. En effet, celle-ci est constituée de particules fines solides et liquides dont les tailles sont inférieures à 2,5µm. Sans rentrer dans les détails, la distribution des tailles se situe entre 0,1 et 1µm (1).

Le fait que le virus SARS-CoV-2 se propage, comme les virus de la grippe, par aérosol ne semble plus faire débat. Sa taille est de l'ordre de 0,12µm. Il est transporté dans l’aérosol de la respiration constitué de particules d’eau salées (chlorure de sodium) (2). Ces particules restent longtemps en suspension dans l'air, certaines se déposent sur les surfaces.

Il est important de comprendre que  l'aérosol de la respiration est émis à chaque expiration, sans même tousser, éternuer ou parler. Ainsi, le seul fait de respirer produit cet aérosol dont les particules ont pour l'essentiel une taille autour de 1µm et inférieure à 3µm. Lors d'une toux, la quantité d’aérosol émise est supérieure d'environ 50 % : c’est davantage mais on ne tousse pas aussi régulièrement que l’on expire ! En outre, lors d'une toux, la distribution des tailles des particules reste inchangée. (2)

L’expérience de la vapoteuse montre clairement que les masques sont incapables de faire barrages à cet aérosol, du moins à l’émission. Non seulement leur "maille" est de 3µm, mais en plus ça fuit largement par les bords !

Un rapport du CLLIN de janvier 2007 corrobore ce constat (Centre de Coordination de Lutte contre les Infections Nosocomiales - rapport ici, cf. page 20). D'après ce rapport, seuls les masques type FFP (ceux en coquilles) peuvent protéger le porteur, et le porteur uniquement. Ainsi, les masques FFP2 sont très importants pour protéger le personnel soignant qui évolue en milieu clos contaminé, ainsi que les personnes fragiles.

En ce qui concerne les masques chirurgicaux « 3 plis », le fait est qu’il ne sont pas conçus pour cela. D’ailleurs, si je prends pour exemple la boîte de masques que j'ai achetée, elle ne spécifie pas qu'ils protègent des virus, alors que les mentions spécifient la protection contre les bactéries (dont la tailles est de plusieurs micromètres) et d'autre poussières (type ciment, pollen...) (3).

Il paraît - je n'en ai pas vu - que certaines boîtes spécifient même que ces masques ne protègent pas des virus.

L'utilité première de ces masques est d'éviter que les projections du nez et de la bouche (salive, nez qui coule, morceaux d'aliments, bactéries,...) ne viennent encrasser le patient dont le corps est ouvert et évidemment fragilisé.

Quant à protéger l’entourage, l’expérience de la vapoteuse montre qu’il n’en est rien. D’ailleurs, autant que j'ai cherché, aucune étude ne met en évidence une réduction importante de l’émission d'un virus par le port du masque (2). Dans les pays asiatiques, porter un masque quand on est malade est une pratique bien intentionnée entrée dans la culture mais qui n'a pas de fondement scientifique. Certes, le masque interceptera les postillons de la parole ou de la toux -également contaminants- mais pas les particules fines qui sont pourtant largement présentes et surtout restent en suspension. D’une certaine façon, cette coutume est surtout une marque de prévenance, comme de ne pas éternuer dans la face de ses interlocuteurs ou de mettre la main devant la bouche quand on baille.

J'ajoute que les "Décodeurs" du Monde et autre "debunker" ne sont pas en reste pour trouver des arguments à l'intérêt du masque. D'après l'article des Décodeurs, les particules d'aérosols -bien qu'effectivement plus petites que la maille- seraient piégées par un phénomène électrostatique. L'illustration par le "vapotage" montre bien qu'il n'en est rien, ou pas grand chose. Ceci est un exemple de plus des techniques d'enfumage des citoyens par des arguments qui semblent scientifiques mais qui ne sont pas corroborés par l'expérience.

Certains pourraient conclure que la seule façon de nous protéger est de tous porter un masque FFP2 ! Glurps ! Ce ne serait pourtant guère plus productif puisqu'il faudrait, en outre, respecter les gestes strictes pour les manipuler correctement.

Pour finir, il me semble surtout important de rappeler :

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(1) A propos de la "vapeur" des cigarettes électroniques :

(2) Voir la présentation vidéo Transmission of Viruses in Droplets and Aerosols par Lindsay C. Marr (Virginia Tech - mars 2020 - anglais).
4 parties très clairement présentées, (environ 1 heure pour l’ensemble).

 

(3) Dimensions de diverses particules fines (en µm - échelle logarithmique)

(graphique Wikipedia + indication de la limite des masques)


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