Du Tout-Monde, de l’Afrique, pour revenir en Martinique

par nemo3637
jeudi 3 mars 2011

Les évènements qui bouleversent l’Afrique du nord et certains pays du Golfe surviennent au moment où disparait ce grand penseur de l’universel que fut Edouard Glissant. On retiendra de sa pensée notamment l’émergence des cultures autres que celle de l’Europe. Cette vision de la créolité sou tend une conception de démocratie nouvelle de la société. Ne conviendrait-il pas de relire le « Manifeste des neuf » paru en février 2009 et auquel il a activement participé ? Ce petit opuscule est évoqué par bien peu de gens, même parmi ceux qui l’encense à longueur de colonnes en Martinique.

Que voyons-nous naître ainsi en Afrique ?

Le plus grand mouvement libertaire qui n’ait jamais couvert un tel ensemble de pays. En Occident, même les révolutions de 1848, qui finirent d’ailleurs par échouer, n’atteignirent jamais une telle ampleur.

Aujourd’hui, pays par pays, un vent nouveau balaie toutes les vieilles certitudes et la résignation insidieusement distillée. C’est une attaque frontale, sans concession, qui atteint les oppresseurs, les faux libérateurs qui sont démasqués et se retrouvent mis à nu.

Tous les bergers, tous les majordomes, qui s’étaient érigés en spécialistes de la liberté et du socialisme, se retrouvent bien marris, et, une fois de plus, sur le bord du chemin.

Ne nous disaient-ils pas, de façon intéressée, que la démocratie était « une affaire d’Occidental », que les peuples des autres continents, au nom de leur culture, avaient leur façon de voir, qu’ils s’accommodaient donc, voire qu’ils chérissaient leurs dictateurs ? Que n’a-t-on pas entendu sur ces pères du « socialisme », sur ces guides infaillibles dont les statues ornaient les places de leurs pays où le seul idiome autorisé était la langue de bois !

Du Wisconsin, à la Grèce en passant par la Chine, tout le monde aujourd’hui veut sa place Tahir, comme au Caire !

Quelle meilleure illustration pacifiste, universelle et libertaire du Tout-Monde ?

D’un autre côté un vieux monde fait d’illusions, de fausses rivalités, s’estompe aujourd’hui. Non sans effusion de sang, car les tyrans sont souvent prêts à massacrer leur peuple, devenu si « gênant ».

C’est un mouvement frontal, sans concession qui a fracassé les dictatures. Les peuples ne se sont pas retrouvés cependant dans les opposants qui tentaient de dialoguer avec les maîtres, qui s’adonnaient parfois à des connivences, à des jeux politiciens stériles.

Ces opposants, qu’ont cherchés à nous imposer les grands médias internationaux, n’ont pas été reconnus par les peuples. Et si les élections à venir sont nécessaires, elles ne sont pas à elles seules, une garantie de démocratie et de mieux être pour l’avenir. Ce sont les gens eux-mêmes qui tentent de prendre leurs affaires en main en Tunisie où à Benghazi. Qui fera du pain ? Combien sera t-on payé ? Pourquoi garde t-on ce ministre qui a servi l’ancien régime ? De quoi vivra t-on ? Qui déblayera les rues ? Voilà des questions auxquelles il faut répondre bien avant l’organisation desdites élections. C’est en ce sens aussi que l’on voit naître des pratiques nécessaires de Démocratie Directe.

Mais dans leurs discours, celui d’un habituel mensonge déconcertant, les leaders s’étaient emparés de tous ces principes pour en faire tout autre chose. Ainsi le Fou de Libye, le colonel Kadhafi, si longtemps encensé par nombre de gauchistes, par de soit disant anti colonialistes, et en fin de compte plus que toléré par les Etats-Unis, parlait lui aussi de Démocratie Directe et ce pour mieux oppresser avec sa famille et son clan tout un pays.

Partout une nouvelle organisation politique et sociale est discutée. Et il n’est pas sûr qu’elle fasse le jeu ni des partisans du libéralisme économique ni des dictateurs barbichus à casquette. La question de la Justice sociale est en effet prégnante. Comment les grandes sociétés qui profitaient des salaires de misère, vont-elles pouvoir continuer leur exploitation ? Comment mater ces peuples qui veulent s’organiser réellement eux-mêmes sans intermédiaires ?

En Martinique si la tension sociale n’a pas apparemment atteint un tel paroxysme, le peuple sait lui aussi non seulement donner de la voix mais agir à sa façon. Pas toujours, loin de là, comme le prévoit nos « politiques » bien aimés ( !)

Ici aussi, d’ores et déjà, la prochaine fois, nous savons que nos majordomes sexagénaires, seront balayés par une jeunesse en révolte qui ne se reconnait pas en eux. Question de temps.

Et le Tout Monde, porté par un vent fantasque, réapparait, grande idée venant non pas d’Occident mais d’Afrique cette fois, avec une modernité radicale, fracassant les vieilles rivalités, unissant fraternellement les peuples.

Des divergences, des conflits sont encore à naître, comme dans toute société qui surgit enfin libre. Cela prend la forme de lutte de classes qui sont plutôt porteuses d’espoir de réelle Liberté pour tous, nous le Tout-Monde.


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