E. Macron et l’Ukraine : mais encore … ?

par Marcel MONIN
dimanche 6 mars 2022

 

E. Macron et l’Ukraine : mais encore … ?

 

E. Macron s’est beaucoup dépensé dans l’affaire ukrainienne.

Il a, en allant à Moscou, tenté le coup de soutenir en se mettant à la lumière, le dossier des Etats-Unis d’Amérique (1) et de (quelque- uns de) leurs … vassaux européens (dont il préside depuis quelques semaines aux divergences de leurs intérêts) . 

Au peuple français, E. Macron a très clairement demandé de penser que V. Poutine était un « sale type ». Les médias qui ont l’habitude de servir de relai aux déclarations et aux intérêts électoraux du chef d’Etat en exercice, ont alors très bien œuvré dans ce sens. Quant à Bruno Le Maire, il a très martialement annoncé que la République française allait mettre économiquement la Russie à genoux.

Rien à dire en particulier : la France du moment, incarnée par son président de la République, a fait ce « qu’elle » a pu. Ce qui pourrait sembler, au choix, dérisoire pour les uns et méritoire pour les autres, puisqu’on sait « qu’elle » ne pouvait de toute façon pas faire grand’chose … en dehors des directives et sans le soutien matériel des USA.

 

Seulement, avec ces seules déclarations, les Français qui aiment comprendre, restent un peu sur leur faim.

L’Ukraine veut adhérer à l’OTAN et veut adhérer à l’Union européenne. Du moins depuis quelques années. C’est un pays souverain, … donc rien à dire. La Russie qui reste dans le souvenir de promesses américaines ne le veut pas. Rien à dire non plus. Au moins tant que le président Russe est passif et se contente de se lamenter sur les promesses des Américains non tenues … qui n’engageaient que ceux qui les avaient reçues (les Russes).

Tout ce qu’on nous a donné à comprendre, nous l’avons compris. Aidés en cela par les médias qui ont répété et qui répètent en boucle ce qu’il fallait qu’on pense et ce qu’on pouvait savoir.

 

Mais, d’un autre côté, on ne nous dit toujours pas pourquoi les Américains veulent installer sur le territoire ukrainien, des fusées dirigées contre la Russie. Car si ces derniers ne l’avaient pas voulu, l’OTAN aurait répondu « non » (2) aux désirs ukrainiens (à la formulation desquels les USA ont œuvré depuis des années). Et … il n’ y aurait pas eu de « crise ukrainienne » !

Concrètement, quels sont les enjeux et les bénéfices économiques (et financiers), visés par les USA et éventuellement ( ce qui est encore une autre question) par les pays qui les suivent, a) - de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, et, b) - de l’installation de fusées nucléaires américaines sur le sol de ce pays ?

Il serait intéressant, qu’E. Macron, qui ne l’a pas dit au peuple français comme président de la République, le révèle aux électeurs comme candidat à la prolongation de sa gouvernance.

 

Surtout qu’une autre question est liée à la précédente. Qui intéresse nécessairement les Français. (Même ceux qui n‘éprouvent le besoin ni de savoir, ni de comprendre). C’est la question des retombées pour eux ( « effet boomerang ») des « sanctions » prises contre la Russie (3). Effets de ces mesures de rétorsion (autre forme d’hostilités), entre autres, a) - sur les exportations ( baisse du chiffre d’affaire de certains exportateurs ? lesquels ? effets sur l’emploi ?) ; b) - sur les importations, et sur le niveau des prix des produits importés de Russie et d’ailleurs ; c) - sur les questions monétaires (4) et leurs conséquences sur le porte monnaie des Français,

 

Nul doute que les dirigeants français devaient le savoir avant d’avoir fait ces choix et pris ces décisions. Surtout que beaucoup ont fait l’ENA et que certains d’entre eux ont parfait leur savoir en pantouflant dans les entreprises ou la banque. Réponses qui intéressent les Français, spécialement « ceux qui ne sont rien » et qui vivent … avec pas beaucoup.

Car des sanctions pour faire plaisir aux USA … « quoi qu’il en coûte », risquent de leur coûter encore un peu plus (5), soit directement sur leur niveau de vie, soit indirectement (par exemple en matière de maintien ou d’accès aux services publics).

 

On espère qu’ E. Macron pensera à dévoiler ces informations, même si les journalistes des principaux médias oublient de lui poser les bonnes questions.

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités

ancien président de l’Association des Hautes Etudes internationales

 

(1) Certes, la manière dont il a été reçu, indique qu’à Moscou, on fait la différence entre ceux qui jouent le rôle de télégraphiste (d’un lecteur de prompteur), et ceux qui incarnent la République française. Mais quand même …

(2) On se rappelle que lorsque la Grande Bretagne et d’autres pays avaient voulu adhérer au Marché commun, le général de Gaulle, qui ne voyait pas l’intérêt de ces adhésions, avait répondu « non ».

(3) Il faudrait analyser les effets secondaires pour les USA d’une part, et pour les Etats de l’Union européenne d’autre part, dont la France. Ne serait-ce que pour chiffrer l’éventuel prix de l’allégeance.

(4) qui ne se limitent évidemment pas à la question du pouvoir d’achat des Français. Dès lors que la Russie ne pourrait plus utiliser le dollar ou l’euro et que les banques auraient à en subir certains contre-coups.

(5) On pouvait comprendre le « quoi qu’il en coûte » quand il s’agissait de pallier les conséquences de mesures dites de confinement (même si on ne les « comprenait » pas toujours) . Elles mêmes prises pour éviter l’encombrement des hôpitaux (eux-mêmes pris dans le processus d’adaptation au caractère « marchand » de la santé selon les conceptions maastrichiennes) par les consommateurs de « Doliprane » déçus par ce produit…  Mais là … !


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