E. Macron : top chef ou Big Mac ? Les saveurs incertaines de la « nouvelle cuisine » électorale

par Politic Angel
lundi 15 mai 2017

Voilà une semaine que le nouveau président et ses troupes travaillent à deux chantiers majeurs : la composition du nouveau gouvernement, et la sélection des candidats En Marche aux législatives.

Et ces travaux donnent l'occasion de voir des manoeuvres humaines qui peuvent sembler étranges, pour un mouvement qui prétend vouloir moraliser et rénover. "On vous l'avait bien dit, tous les mêmes, rien ne change", songeront les "sceptiques". Pas du tout, diront les "réalistes", "En Marche vit ses valeurs, mais on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs".

Alors, quel diplôme de cuisinier les électeurs attribueront-ils en juin au nouveau président : top chef ou Big Mac ? 

Les lumières de la fête se sont à peine éteintes, sur la place du Louvre, que déjà les combats suivants se mettent En Marche.

 

Les combats avec les adversaires clairement déclarés, ceux du Front National, de la France insoumise, les fidèles de M Fillion. ou les Mélenchonistes. Sur ces fronts, rien de nouveau, les codes sont connus, on s’affronte sans pitié,

 

Mais il y a d’autres luttes, internes au mouvement ou en périphérie et, dans ces zones troubles, la forme des batailles est, bien plus qu’ailleurs, un révélateur des pratiques de ce jeune mouvement.

Et là, entre les égards réservés à certains des ministres du gouvernement, la mise en attente des candidats internes dans 140 circonscriptions, les cris d’orfraie poussés par les caciques du Modem, les dénégations du porte-parole d’EM, et les détails des nominations, tant le processus même que certains des profils, un vrai feu d’artifice se déroule sous les yeux des Français.

Or ceux-ci ont finalement élu M Macron largement, mais pas triomphalement, à l’instar de certains citoyens qui sont entrés dans les bureaux de vote en marche… À reculons. Aussi, du résultat de ces approches qui visent à attirer les Républicains du centre, et de la lecture qu’en feront les électeurs, dépend peut-être le sort des élections qui viennent, le critique « 3ème tour ».

 

Alors, que se passe-t-il vraiment dans les cuisines d’En Marche ? Priorité au respect strict des valeurs, ou à la souplesse au nom du « réalisme » ? Voyons d’abord les faits, et tentons de donner les deux lectures, pour chacun d’entre eux :

De fait, cet appel, qui a sans doute rencontré plus de succès qu’anticipé, fait mathématiquement bien plus de dépités que de députés. Il faudra donc pondérer les critiques négatives, si elles ne sont pas étayées par des faits spécifiques. Mais il faut reconnaître qu’il y a des exemples troublants. Ainsi dans la 10ème circonscription du Val d’Oise, où j’habite, le candidat choisi est un jeune loup socialiste, conseiller de ministre, au cursus classique d’homme d’appareil en devenir. Une tête nouvelle, mais pas à l’évidence un goût de changement de système. Et puis, le processus a été conduit sans égard pour les citoyens évinces. Ils n’ont été prévenus, par un message bien fait mais très impersonnel, qu’après les annonces dans la presse. Les croyants diront que, quand on s’engage dans un mouvement, on se met à sa disposition et on attend le retour, un jour, peut-être. Les sceptiques diront que ce manque de respect est un symptôme certain de pratiques d’une élite qui est déjà en place et tire les ficelles.

 

L’élection présidentielle l’a montré, En Marche détient plus ou moins un cinquième des voix qui s’expriment (pour nous les blancs et les nuls sont bien évidemment une expression valide), avec d’importantes variations locales. Dans les semaines qui viennent, les mouvements aux marges des électorats peuvent avoir un impact majeur pour la suite des opérations.

 

Alors, en matière de cuisine électorale, Macron, top chef ? Ou plutôt Big Mac ? Êtes-vous sceptique, êtes-vous croyant ? Cette question pourrait bien peser lourd dans le jugement des Français au moment de voter. Une question aussi que les mitrons d’En Marche feraient sans doute bien de se poser, en prenant le regard des électeurs d’aujourd’hui.

 

F. Lainée

fondateur des Politic Angels


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