Ecce homo !

par Jean Keim
mardi 3 mars 2015

Voilà Pâques qui revient comme tous les ans, elle est la plus importante fête de la chrétienté, elle commémore la résurrection de Jésus-Christ, seulement Jésus a-t-il réellement existé ?

Si comme certains l'affirment, Jésus n’est qu’un être mythique, fabriqué pour une "bonne cause", voire suivants les avis de certains récupéré dans l'amalgame du fond commun de très anciens mythes, d'un savoir immémorial, alors son message qui est contenu dans sa vie est caduc et par la même également toutes les suites que nous pourrions lui donner y compris les deux religions élaborées postérieurement à la propagation du message, y compris ce que peuvent en dire ou (croient) en connaître les théologiens de tous bords, les gnostiques, les agnostiques, les mystiques ainsi que les initiés de quelques courants qu'ils soient.

Je ne suis pas (plus) chrétien de religion et je ne cherche pas à adhérer à une autre croyance, je n'ai pas de révélations sensationnelles à divulguer mais ce que me révèle ma lecture des évangiles, ce qui n'est pas incompatible, est qu’elles recèlent un sens fondamental et il y a dans ce qu'elles nous enseignent entre autres deux voire trois éléments majeurs.

Le premier élément est la résurrection de Lazare, en fait plus exactement la sortie de son sommeil relatée dans l'évangile de Jean, cet évènement est central dans la genèse de la vie de Jésus car elle montre aux yeux de tous, sans voile, sans parabole, ce qu’est une vie authentique, cet épisode est présenté comme un miracle, Jésus aurait eu la capacité de faire revenir un mort à la vie, je ne sais pas si cela est possible mais Lazare n’était pas mort physiquement, il s'éveillait, il abandonnait son ancienne vie pour une autre infiniment plus réelle et Jésus était déjà, en fait EST cette vie là, ce qui explique qu'il ait pris son temps pour intervenir, il fallait que le processus évolue normalement, et d’autres peuvent le vivre, Lazare en témoigne.

Le deuxième élément est dans la continuité de l’évènement Lazare, il est ce que Jésus a répondu aux 12 apôtres après la Cène, ils lui ont demandé qui il était vraiment, il leur a répondu « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Voilà des paroles bien étranges, se prend-il pour un dieu, a-t-il attrapé la grosse tête, en fait il ne fait qu’affirmer ce qu’il est sans fioritures ni emphase, comme une mère peut dire à son enfant « Je suis ta maman », tout le monde a entendu dire cela par celle qui nous a donné la vie et ses paroles sont un fait indéniable. Dans les pensées, les gestes et les faits, Jésus était le miracle de la Vie totalement incarnée, ceci dit il n'y a pas lieu de lui vouer un culte, ni d'ériger une religion mais simplement comprendre son enseignement dans son sens originel abouti.

Le troisième élément est un sujet bien trop sensible pour être seulement envisagé, il s'agit de la résurrection de Jésus, elle choque les esprits rationnels qui l'a refusent, elle échappe pour le moment - et pour la plupart - à notre entendement et à notre aperception. Elle est pourtant la conclusion de la vie physique de Jésus et la clef des temps à venir et de notre humanité. 

L'origine étymologique du mot religion est incertaine, elle viendrait du latin relegere, recueillir, et/ou religare, relier ; un esprit religieux en dehors de toute religion est relié à quelque chose ... à son être véritable, aux autres, à la vie, à l'univers, il recueille ce que le fondamental dépose en lui et ce courant ne peut s'exprimer que s'il y a une ouverture, si l'esprit se fige dans un choix, une préférence, un savoir aussi sublimes soient-ils, il se forme une occlusion et le courant se tari.

Il y a - à leur insu - deux fondateurs de religions Gautama le Bouddha et Jésus le Christ, ils ont un point commun, ils n'ont rien écrit, d'autres s'en sont bien chargé, il existe une littérature abondante écrite en petite partie par des témoins directs mais le plus gros de la production littéraire est issu de commentaires commentant ce que d'autres ont écrit avant eux et comme le courant de ce mouvement est inépuisable il va en grossissant et en se délitant dans une déliquescence sans fin.

Mes centres d'intérêts et plus spécialement mon questionnement sur la source de la vie, mon pays de naissance et donc ma culture chrétienne m'ont conduit tout naturellement vers la Bible et très vite après les premières lectures j'ai fait deux constats.

Le premier constat est que ce livre est une anomalie, un monstre ; des hommes de par leurs pouvoirs, par intérêt et pour asseoir leur autorité ont voulu réunir ensemble un ancien testament avec un nouveau, d'un côté nous avons une compilation de textes venant d'un fond d'âges farouches où l'on résout les problème en combattant et souvent en éliminant les opposants au nom d'un dieu vindicatif et jaloux et de l'autre le récit de la vie d'un fils d'homme parlant d'amour et de fraternité ; cette manipulation du point de vue des falsificateurs se comprend, il leur faut justifier le monde tel qu'il est organisé au profit de ceux qui le dirigent, comment les puissants pourraient-ils structurer et surtout hiérarchiser une société humaine basée sur le profit et sur l'exploitation en suivant un message parlant de solidarité, d'entraide, de partage, il faut être réaliste c'est antinomique et donc comme l'effacer étant impossible tant son impact est fort dans l'esprit de ceux qui l'ont entendu, il ne reste plus comme solution que de le dénaturer en le noyant et le diluant dans un fatras doctrinal.

Le deuxième constat est que les enseignements primitifs ne comportent aucune méthode, technique ou procédé permettant d'accéder ou plus exactement de se hisser au niveau "supérieurs", cela en déroute plus d'un et les pousse à s'orienter vers des courants initiatiques avec prêtres, maîtres ou gourous, doctrine, parcours balisé et évaluation de niveaux atteints, nos habitudes de pensée nous font accroire que le sens de la vie ne peut s'exprimer que par un savoir, un contenu dans un contenant et en passant totalement à côté de la chose la plus simple qui soit : le contenu et le contenant ne font qu'un, une autre façon de comprendre la réponse de Jésus aux apôtres.

Les adeptes d'une religion devraient se poser à son sujet quelques questions du genre : qui l'a réellement fondée, dans quel but, son organisation et sa doctrine sont-ils conformes à son esprit, entre l'adepte et le message y a-t-il des intermédiaires comme un prêtre, une autorité quelconque, y a-t-il des nantis et des profiteurs, ma croyance me rend-elle plus libre, plus ouvert sur les autres ??? 
Mais quand on entre dans ce questionnement peut-on encore adhérer à une conviction confessionnelle ? 
Qu'il y ait ou pas un créateur, en nous se trouve une faculté merveilleuse qui s'appelle le doute.

Il y a un principe fondamental dans la vie qui lui donne un sens et cela nous ne le trouverons jamais dans un livre, les livres sont écrits par la mémoires des hommes.
Les écrits restent dans une implacable et tyrannique permanence et les paroles sérieuses ou frivoles s'envolent libres dans la grande mouvance de l'impermanence de l'être ... 

Il nous faut le silence, le silence des idées.


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