Ecritures et images parallèles

par L’enfoiré
jeudi 5 juillet 2007

Free a annoncé les premières télévisions libres. Nous y sommes. Après l’esprit démocratique révélé par des mots et l’écriture dans les blogs, nous voilà à la renaissance démocratique par l’intermédiaire des images et de la vidéo de particuliers. Rien oublié au passage ?

Un article d’Agoravox TV perso de Free, la télévision vous regarde m’avait fait réagir en sens divers. Les télévisions officielles souvent décriées par leur manque de consistance ou leur parti pris ont jusqu’ici été à la base de l’information. L’idée de Free est bien entendu de laisser parler par l’image les spectateurs habituels de l’autre côté de l’écran. Idée louable et qui va être appréciée par la plupart des jeunes qui en veulent et qui sont prêts à montrer leur présence effective.

Le SVM de juillet en parlait avec le maximum de détails. Du côté technique, de l’archivage, tout est désormais possible. Les prix de l’accès et de réalisation de "show" privés sont à la hauteur des ambitions. Pas de problème.

Le côté fonctionnel est plus sujet à question.

Revenons à ce qui s’est passé pour l’écriture des blogs. Tout était lancé en "free" mode, sans bourse déliée. La pub allait combler les trous et le manque à gagner.

Et ça à marché, à plein tube. Un blog par seconde sort toujours de la toile publique.

Les invites de ces fournisseurs d’accès étaient claires : laisser apparaître toutes les idées, toutes les images qui avaient toujours été imaginées sans jamais oser le demander. Il n’y a qu’à s’inscrire. Les annonces provocatrices même ne pouvaient qu’attiser le feu interne de tout citoyen qui se respecte.

Alors, parlons sérieux. Les images de "bobonne à la plage" des débuts, ça intéressait qui ? Et, la petite pensée, vite fait, bien fait en quelques mots qui plane dans un esprit ombrageux ? Ce sera lu par les copains que l’on espère nombreux. Ils le feront d’ailleurs dès le début, ils laisseront même un commentaire bien banal, en somme : "excellent". Mais après ?

La vie de tous les jours est ce qu’elle est. Préoccupante, agressive, qui ne laisse que peu de temps à l’interlocuteur le mieux préparé à l’ouverture plurielle. Le soir, le journal officiel reprendra son job d’information traditionnelle même s’il est en perte de vitesse.

Alors, chez le citoyen, on s’organise. On se centralise. On se réuni sur un site plus contrôlé, plus censuré, n’auront de cesse de conclure les frustrés de liberté sans limites.

Retour à la case départ du contrôle ?

Le risque existe bel et bien. C’est sûr. Tout est une question de s’assurer d’un maximum de pluralisme de l’équipe en charge du contrôle. La modération n’est pas une censure. Je connais, ça passionne et ça prend aussi du temps, beaucoup de temps. Est-ce une manière de mettre l’"église au milieu du village" ? Mais, faut-il une église dans le village ? Non, certainement. Seulement, un aiguillage et un peu d’ordre qui se veulent pluralistes, oui.

Les réactions et commentaires sont plus nombreux quand les articles sont concentrés. C’est un fait. Ailleurs, on daigne lire, mais pour, en plus, commenter en y mettant du sien, faut pas rêver.

L’esprit "journal" n’est pas mort. Qu’il soit sous forme de papier ou électronique style "internet". L’intérêt est évident pour les deux bords, rédacteurs ou lecteurs. Les articles sont mûris et modérateurs, il y a souvent des articles que j’aurais aimer avoir pu écrire moi-même.

Dans cet environnement, tout est-il pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Non.

Les bons commentaires sont mélangés à beaucoup de "fioritures en désynchro" et aucun système pour éliminer le trop-plein ne pourra l’éviter malgré les essais drastiques. Quand c’est bon, je dirais même que certains commentaires dépassent en consistance certains articles eux-mêmes. Les journalistes se sont sentis attaqués dans leur profession avec cet afflux d’information en parallèle. Ces nouveaux acteurs ont bien essayé de mettre une couche dure sous forme de renom en "cinquième pouvoir" pour confirmer leur présence, leur existence.

Il faut montrer les dents et afficher une détermination sans failles pour se faire respecter, pour cela, avoir son franc parlé, le faire ressentir et le défendre. Rien n’est plus vrai. Et cela doit le rester, mais, il y a un "mais".

Il ne faut pas être dupe. Rester humble. Pas de connaissances en journalisme. Pas d’études en se sens. Pas de budget en support. Fermeture du premier rideau.

Alors, où va nous mener les images en plus ? Une image, une caricature pouvait déjà remplacer un texte de plusieurs pages. On bénit l’idée.

You Tube et d’autres, première étape. Passer la tête à la télé perso, deuxième. Chouette.

Celui qui fait des photos pour un article sur le net, entendra, un jour, la question "Est-ce que j’étais sur la photo ?". Amusant, ce besoin de notoriété !

Tribunes libres, la télé avec caméscope après la radio avec micro. On va se mobiliser. Car, on se modernise même dans le libre.

Une question de média technique ? Les budgets de réalisation ont fondu. Pas de problème, donc. Question de moyens fonctionnels ? Avoir quelque chose à dire, à montrer qui intéressera tout le monde n’est pas une question de gratuité. Mais où seront les filets de protection, même si on oublie le direct dans l’aventure ?

Quelques pépites, certainement, passeront mais après combien d’heures de vision perdues ?

Les blogs avaient généré quelques excès tout à tour sanctionné en justice ou relaxés pour manque de consistance juridique.

Prendre des responsabilités à bon escient n’est pas si simple et nécessite également des connaissances qui dépassent ce "fameux citoyen lambda". Des spécialistes vont sortir du lots. Des semi-professionnels. Des professionnels cachés.

Nouveau laboratoire pour un futur en construction. L’audience, l’audimat pour la télé officielle, restera les champions de la qualité. Le challenge est lancé.

On n’arrête pas le progrès. Les adaptations vont suivre chez lesdits "anciens" et plus tard pour les "nouveaux". Usure de pouvoir ? Un peu. Retour de flammes ? Aussi.

C’est dur de parler contre ses propres convictions. Je devais m’y atteler objectivement.

A vos marques ou à vos manques "Télé Libres".

 

  • "Il y a des gens qui parlent de tout et de rien. Une chose m’ennuie chez eux : ils parlent beaucoup de rien et peu de tout", Philippe Geluck

  • "La vie a beaucoup plus d’imagination que nous", François Truffaut

  • "Ce n’est pas parce que c’est un succès qu’un film est bon et ce n’est pas parce qu’un film est bon que c’est un succès", William Goldman

  • "Si je fais un film et qu’il marche aux Etats-Unis, je sais que je vais être plus riche, mais s’il marche en France et particulièrement à Paris, je sais que j’ai fait un bon film...", Hugh Grant

  • "Un film, c’est toujours une tentative, jamais une finalité", François Ozon


Lire l'article complet, et les commentaires