Edgar, la réplique citoyenne à Edvige

par Bernard Dugué
jeudi 4 septembre 2008

L’Etat français a légalisé le fichier Edvige, alors, la meilleure réplique ne serait-elle pas de créer le fichier Edgar ? Un fichier où les citoyens, les internautes, consignent toutes les données concernant les hommes politiques, les hauts fonctionnaires, les administrateurs locaux, afin de garantir la sauvegarde de la République. Une idée à creuser.

Création du fichier Edgar


Edgar se veut la réplique à Edvige. Basé sur le principe spinozien de l’opposition de forces de même essence. Il s’agit donc d’un fichier créé sous responsabilité des citoyens du net. Edgar signifie :


Exploitation démocratique et généralisée des atteintes à la République


Le fichier Edgar, on doit le concevoir sur le mode de Wikipédia. Ce devrait être un fichier participatif alimenté par tous les citoyens et les internautes disposant d’informations sur les hommes politiques et les personnages de haut rang impliqués dans la finance, l’industrie, l’administration. Toutes les données relatives à des comportements suspects seront consignées dans ce fichier et mises à disposition de chaque citoyen qui sera cordialement invité à le consulter au moment des élections. Par comportement suspect, on regroupera un certain nombre de faits délictueux. Notamment les condamnations dont été frappés les intéressées. Ainsi que les mises en examen, même assorties d’un non-lieu.


Ces données triviales seront complétées par d’autres informations fournies par les citoyens. Les appartenances religieuses, les affiliations à des sociétés, franc-maçonnerie, lion’s club, rotary… les origines nationales ou régionales, les affinités financières, jetons de présence, les orientations sexuelles, les décisions administratives, par exemple, octroi de permis de construire, classement des zones urbaines, les dépenses diverses, du simple apéritif de quartier aux frais de bouche les plus extravagants, aux cigares inclus dans les dépenses de fonctionnement des collectivités locales, aux voyages d’études en tout genre ; les liens familiaux existant entre les élus, les administrateurs et certains emplois locaux. Les subventions octroyées à des entreprises, des associations, les décisions effectuées sur les marchés publics ; les données concernant les décisions des cabinets ministériels, par exemple, fixation des prix des médicaments par des hauts fonctionnaires dont on examinera le portefeuille en action dans les sociétés pharmaceutiques ; les achats immobiliers effectués par les notables locaux et nationaux… les véhicules automobiles utilisés, les bateaux de plaisance, la marque des tenues de soirées des épouses, les présences dans les jet-set parties… et ainsi de suite.


Le fichier Edgar est un fichier citoyen et républicain respectueux des lois de la République et des recommandations de la Cnil. En vertu de ces dispositions, tout homme politique, notable, personnage d’Etat, aura accès aux informations le concernant. Il n’aura aucune demande de formulaire à remplir car le fichier sera en libre consultation comme pour tout internaute. Et naturellement, chaque individu fiché aura un droit de rectification des informations le concernant. Par exemple, Mme Dati aura un droit de rectification s’il est écrit qu’elle serait lesbienne ; tandis que Jack Lang pourrait saisir le comité de validation d’Edgar s’il est écrit qu’il posséderait une villa sur deux hectares dans le Lubéron, estimée à 15 millions d’euros, alors qu’en vérité il n’aurait comme résidence secondaire qu’un deux-pièces dans une maison au centre de Manosque.


Ce fichier Edgar ne respire pas les bonnes vibrations de la liberté et semble fleurer les tristes époques de la délation. C’est certain, mais Edvige est du même acabit. L’idéal serait de privilégier dans cette démarche les députés qui ont voté pour la création d’Edvige. Comme ça ils verront ce que ça fait de savoir que des données personnelles sont accessibles à des inconnus, les RG et autres officines de l’Etat lorsque nous sommes citoyens ; et par réciprocité, les citoyens lorsque les intéressés sont des députés. Edgar n’a pas vocation à perdurer. Lorsque les dispositions liberticides d’Edvige seront abrogées par les dignes représentants de la République, le fichier Edgar sera détruit. Quoique le côté démocratique et républicain de ce dispositif puisse se révéler utile lors des votes, auquel cas, seraient exclues de ce fichier toutes les données personnelles, mais pas celles concernant les décisions et informations publiques, relevant de la République, et dont l’exposé serait apte à signaler des connivences et des prises d’intérêts incompatibles avec l’exercice d’un mandat politique.


Edgar est une idée lancée sur Agoravox. Si vous la jugez efficace et utile, vous n’avez plus qu’à vous en emparer et la réaliser, ce ne doit pas être très difficile avec un minimum de conviction et motivation. De la conviction, il en faut et, sur ce point, je ne suis pas certain que ce contre-fichier citoyen soit une si bonne idée. Alors, que la discussion se fasse, au sein de l’assemblée ici autoconstituée des internautes.


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