Education nationale : Proclamer l’état d’urgence

par Rodolphe
mercredi 2 décembre 2009

Cette fois, la coupe est pleine. Il devient manifeste que nos enfants entrent dans la vie active bien moins armés que par le passé. Le débat n’est plus de savoir si le niveau baisse mais de déterminer l’ampleur de la catastrophe en cours.

Les chiffres récents nous révèlent en effet que plus de 21% des élèves de 16 ans ont des difficultés importantes en lecture. Ces statistiques sont a minima, effectuées par des organismes européens, elles recensent surtout une population encore scolarisée. 1 jeune sur 4 donc doit fournir de lourds efforts pour déchiffrer un texte. Une fois lu, il est fort probable qu’il ne puisse rien en retirer. D’ici une quinzaine d’années, ces chiffres seront ceux de la population adulte. Notre avenir ne s’écrit plus. Chaque enseignant le constate de son côté, mais il est fort probable que plus d’un jeune sur trois est incapable de comprendre a minima un texte, dans certaines classes de collège, il s’agit même d’une majorité ! Dans les voies professionnelles, CAP, BEP, Bac Professionels, maîtrise de la lecture et de l’écriture constitue une denrée rare.

En 10 ans, ce taux d’illettrisme (appelons les choses par leur nom) a progressé de 42% !!

Durant ce même laps de temps, les heures consacrées à l’apprentissage de la langue française ont été réduite de l’école primaire jusqu’à la fin du secondaire. Des centaines d’heures d’apprentissage d’une langue exigeante ont ainsi disparu en fumée.

Dans le même temps toujours, instituteurs et professeurs ont été incités à diminuer drastiquement le taux de redoublement. Autrement dit, un élève notoirement en échec n’a pratiquement plus aucune chance de combler ses lacunes : le collège et le lycée ne sont pas les lieux de l’apprentissage de la lecture !

Depuis quelques années, le phénomène touche, non plus marginalement comme auparavant mais de façon foudroyante l’enseignement supérieur. Les IUT, les Universités et j’en passe, instaurent des épreuves de dictée. Comment accepter qu’un mémoire ou une thèse soient illisibles.

Car bien évidemment qui ne sait pas lire éprouve quelques difficultés à écrire. Le problème ne concerne pas seulement l’orthographe, la grammaire ou la méthode d’apprentissage de la lecture (faux débats au cours desquels chacun continue de jouer sa partition bien rodée : Réformons l’orthographe ! Simplifions ! De toute façon ça n’est pas si important ! Si au contraire c’est fondamental ! La faute à la méthode globale ! Tu parles et les profs qui ne savent même plus écrire ! ...)

L’ampleur du mal qui nous dévore insidieusement mérite une réflexion plus approfondie. Surtout, il mérite que l’on s’y attelle sérieusement et que l’on agisse de suite, à la racine.

Merde à ceux qui veulent faire de l’anglais en primaire, merde à ceux qui veulent voir leur minot pianoter sur un clavier devant un écran, merde à l’éveil, je me fous de Vercingétorix, je me fous des planètes du système solaire, j’emmerde la ferme bio du coin, je ne veux pas du commerce équitable à l’école, je ne veux pas qu’ils trient nos ordures .... j’exige en revanche qu’ils sachent TOUS, lire, écrire et compter. Basta ! Et s’ils n’y arrivent pas me direz vous ? Et bien on les garde, on (re)crée des structures adaptées, des classes relais etc,. Hors de question qu’on les largue dans une structure qui a une autre vocation, un autre but et qui s’appuie nécessairement sur des acquis prérequis !

Et que l’on ne vienne plus nous bassiner à longueur de journées avec les rythmes scolaires inadaptés, ou l’ouverture sur le monde, ou que sais-je encore ?

Nos enfants seront des esclaves, dociles et appliqués, notre pays sera ruiné, enfin débarrassé de ses cerveaux, nous n’arriverons plus à nous comprendre coupés que nous serons entre langue des élites et langue vulgaire.

Cassandre ? Oiseau de mauvais augure ? Rien à cirer, c’est pourtant ce qui nous pend au nez et pour l’heure tout le monde s’en fout, ou feint de ne pas le voir.

Les Français ayant perdu leur alphabet, se trouvèrent fort dépourvus quand le chinois fut venu.

YANN OF THE FOUNTAIN
 

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