Effondrements

par Elric Menescire
lundi 3 février 2020

Bulldozer 

Macron semble aujourd’hui inarrêtable.

Tel un bulldozer cocaïné, il enchaîne les provocations et les coups bas en direction de « ceux qui ne sont rien », abrité en permanence derrière un mur de 10 000 CRS.

Alors que le pays entame son deuxième mois de grève, que des secteurs entiers résistent encore, et que les deux tiers de la population, fait remarquable et inédit, est toujours contre son projet de destruction du système de retraites solidaire, il persiste et signe.

 

Sa Seigneurie va au théâtre.

Sa Majesté singe Chirac à Jérusalem.

Son Altesse nous rabâche que si nous sommes, nous, les gueux, contre sa « réforme juste et équitable », c’est parce que nous n’avons pas bien compris. Il faut « expliquer, encore et encore ».

Cette attitude a un nom : ça s’appelle le mépris.

Et pour tout dire, pour l’instant ça a l’air de ne pas trop mal lui réussir : qui résiste, finalement ?

 

Résistances

 

Les gilets jaunes ? Ils ont beaucoup donné, mais tellement reçu en retour, que désormais ils semblent mener un combat perdu d’avance : les troupes se sont considérablement éclaircies, et malgré le courage de ceux qui restent, et qui continuent de manifester, d’occuper les ronds-points et autres lieux de politisation, la menace qu’a pu constituer une journée comme celle du 1er décembre 2018, où le pouvoir vacilla et fut à deux doigts de tomber est bien loin…force est de constater qu’aujourd’hui les choses semblent bien avoir été reprises en main par Castaner et ses complices.

 

Les partis politiques d’opposition ? Ils ont été bien timides pour certains, parfaitement inaudibles pour d’autres. Que la FI ou le PC aient pris position contre les effroyables violences étatiques (et non pas policières) de la répression qui s’est abattue sur les gilets jaunes, c’est la moindre des choses. Qu’ils aient aussi « fait le job » à l’Assemblée, et dans les médias, est incontestable : si une majorité de français est aujourd’hui toujours contre cette réforme, c’est sans doute grâce à ce combat. Quand on voit la médiocrité d’une Pénicaud, qui est incapable d’expliquer sans se ridiculiser en quoi cotiser sur 40 ans sera mieux que sur 25 ans (forcément, c’est juste impossible !), et qu’en face, on a le niveau et le sérieux et le calme d’un Quatennens par exemple, qui connait ses dossiers, et ridiculise systématiquement le gouvernement et ses séides sur les plateaux télé et sur les ondes, on se dit que tout ce cirque médiatique aura servi à quelque chose.

Mais gagner la bataille des idées est manifestement insuffisant : les partis politiques d’opposition sont de fait enfermés dans la logique électorale. Et une grosse partie du problème se situe bien là : si vous prétendez changer ce système, mais qu’en même temps vous agissez selon ses règles, à l’intérieur du cadre qu’il a lui-même défini pour vous contraindre, vous ferez au mieux du surplace, fatalement.

La FI l’a payé aux élections européennes : comment prétendre être pour un virage démocratique et citoyen, tout en restant dans le carcan antidémocratique que constitue, à la fois la 5eme République, l’UE et l’euro ?

 

Les syndicats ? - ou plutôt, pardon, les bases syndicales ? - Ils sont certes remontés et mobilisés, et le combat mené depuis maintenant presque deux mois est exemplaire… mais clairement, la stratégie adoptée ne semble pas devoir faire plier l’excité de l’Elysée et la bande de casseurs qui l’accompagnent. Un peu comme si les syndicats, malgré l’engagement, et même le courage de nombreux militants (qui peut honnêtement accuser quelqu’un de faiblesse, quand cette personne est allée jusqu’à perdre 50 jours de salaire, voire à se faire licencier ou arrêter, comme à la RATP ou dans d’autres secteurs ?), n’avaient pas réalisé la nature fondamentalement différente de ce gouvernement par rapport aux autres… Ils ont aussi beaucoup de mal à se réinventer : bloquer l’économie, ça va dans le bon sens, mais face à quelqu’un comme le Thatcher de l’Elysée, est-ce suffisant ? Pour résumer les syndicats semblent avoir été au bout de leur capacité d’action, et clairement ils ont été dans l’incapacité de mobiliser les deux tiers des français qui se disent toujours « opposés » à la réforme, autrement qu’avec des caisses de grève et autres pétitions de « soutien ».

 

Diagnostic

 

Plus clairement que jamais aujourd’hui, le nœud du problème se situe ici : la passivité de la majorité de la société française.

Là où, logiquement, si une majorité est opposée à quelque chose, elle doit d’abord le dire –ce qui a été fait et refait depuis deux mois, au travers des nombreuses enquêtes d’opinion-, elle devrait ensuite, si elle n’est pas entendue, le manifester…nous avons ici une très grande majorité de français qui fait le dos rond.

Dès le 5 décembre nous l’avons constaté : au plus fort des journées de mobilisations, pas plus de deux millions de manifestants, sur plus de trente millions de salariés que compte le pays.

Et qu’on ne vienne pas nous ressortir l’argument du « le privé ne peut pas, lui ». Argument nul et non avenu quand on a assisté à des mobilisations autrement plus massives en faveur de la liberté d’expression (je fameux « je suis Charlie, et ses 4 millions de manifestants), ou quand on constate l’ampleur de l’attaque, et le niveau de celle-ci : cette contre-réforme néolibérale touche absolument tout le monde, du plus petit précaire au mieux payé cadre sup, à tel point d’ailleurs que le syndicat CFE-CGC, représentant les cadres et autres, pour le coup, réellement « privilégiés », et qui n’est pas connu pour être d’un bolchévisme forcené, est vent debout contre cette réforme. Finalement, les seuls qui en tireront profit, on les connaît : ils reçoivent la légion d’honneur des mains du squatteur de l’Elysée, ou sont reçus en douce par lui, loin des caméras, tel le patron de Blackrock (reçu 4 fois en l’espace de deux ans, en tête à tête avec le petit banquier).

De par ces seuls éléments, la majorité de la société française qui se lève le matin, c’est-à-dire environ 30 millions de salariés (dont 80% en CDI) aurait dû se retrouver dans la rue. Et sans doute les choses eussent-elles été pliées en une semaine, pas plus.

Là où le banquier placé à l’Elysée affirmerait, comme tous les pantins à sa solde, à longueur de temps et d’antenne, que « si on n’est pas d’accord, il faut le dire aux élections », nous savons désormais tous ce qu’il en est : les élections sont une farce, une pantomime destinée à désamorcer toute possibilité de réel changement grâce à un système savamment calculé et verrouillé dans les grandes largeurs. La passivité du RN peut d’ailleurs aisément s’expliquer de ce point de vue : au début timidement « opposée à cette réforme que les français rejettent », Marine s’est muée en grande muette, voire en ce qu’elle est réellement, c’est-à-dire à perpétuellement jouer un numéro d’équilibriste (« oui je suis contre cette réforme, mais non, je ne manifesterai pas »), pour éviter de froisser trop ses électeurs, tout en se ménageant une porte de sortie…il faut bien donner des gages à ceux qui ont mis bébé Rotschild au pouvoir, non ? Les fascistes n’ont-ils pas été, de tous temps, les idiots utiles, la roue de secours des exploiteurs, quand les choses semblaient se gâter pour eux ?

Comédie électorale donc, car il faut bien se ménager pour ce qui se profile en 2022, encore une fois ! Qui peut encore croire d’ailleurs, vu l’ampleur des moyens dont il faut disposer pour se présenter à une élection (argent, mais aussi réseaux, et allégeances…), que le système représentatif mis en place depuis 1793, par ceux qui refusèrent au peuple de se représenter directement, puisse donner autre chose qu’une injustice permanente, et une société toute entière tournée vers la conservation des privilèges de quelques-uns, au détriment de la majorité ?

Un seul chiffre : 30% d’ouvriers en France, et 0,5% d’enfants d’ouvriers à l’Assemblée Nationale.

La réalité est toute simple : la révolution française, glorifiée et prise en exemple partout, considérée comme « le summum de la démocratie » et « porteuse de progrès social » –y compris par l’éborgneur de l’Elysée-, a juste été confisquée au Peuple Français. Elle a juste permis d’évincer une classe, la noblesse, au profit d’une autre : la bourgeoisie. Et cette dernière défendra becs et ongles ses privilèges durement acquis, à l’image d’un Luc Ferry bien propre sur lui, appelant les policiers à « se servir de leurs armes, à la fin ! ».

Non : la seule chose capable de changer la donne, c’est une mobilisation massive, pas dans les urnes, mais dans la rue.

Non : si la société française, majoritairement se comporte comme « les veaux » que décrivait un De Gaulle désormais porté aux nues, c’est bien parce que nous payons plutôt le résultat de 40 ans de dépolitisation forcenée, de 40 ans de culte de la consommation, de 40 années de chacun pour soi.

Ce qui nous fait dire qu’il y a un espoir, mais que cet espoir semble encore bien lointain…

Car tant que la majorité, c’est-à-dire la classe moyenne, aura toujours le frigo plein, et toujours les moyens d’acheter de quoi se distraire (ahhh, les écrans et toutes ces choses qui occupent !) elle ne bougera pas. Même si elle est « opposée » à quoi que ce soit. Elle laissera faire : que lui importent les Zineb, les Steve, les Cédric, les Rémi Fraysse, et tous les autres à venir… Que lui importent le bilan effroyable de la répression qui s’est abattue sur ceux qui se sont soulevés parce qu’ils avaient faim, et soif de justice. Elle a suffisamment de gadgets à disposition, et surtout encore les moyens de se les offrir. Le Crédit à la consommation aide beaucoup, il faut le rappeler…

Mais un frigo plein, ça a juste tendance à faire une seule chose : se vider.

Tout dépend juste de la vitesse à laquelle il le fait, et de la vitesse à laquelle on peut le remplir.

Et, de ce point de vue, le néolibéral placé à la tête du pays a un sacré avantage : il avance vite, fort, et profite à fond de l’effet de sidération provoqué par sa brutalité inédite.

 

Sombre avenir

 

Et ainsi, nous en sommes rendus là :

Après avoir fait sauter une bonne partie des garanties collectives (prud’hommes, assurance chômage, code du travail…), après avoir verrouillé les institutions (assemblée-playmobil aux ordres, gouvernement par ordonnances, justice instrumentalisée, état d’urgence institutionnalisé, principaux médias complices et verrouillés, police autorisée à tuer et mutiler avec la garantie de ne jamais être inquiétée), il s’apprête à parachever le job pour lequel il a été placé là : la destruction du système qui fait de notre pays une République Sociale (c’est écrit dans la Constitution, et dans sa devise même), à savoir les conquis sociaux du Conseil National de la Résistance.

Car la pierre angulaire de ce système de solidarité, c’est bien l’assurance retraite par répartition.

Déjà, les signaux faibles sont en train de se transformer en signaux forts : l’article 50 du futur projet de loi le dit très clairement, d’ici 2022 les CARSAT, ces caisses régionales gérant le paiement des pensions, mais s’occupant aussi de la tarification des Accidents du Travail, perdent leur délégation… de fait, elles disparaissent purement et simplement.

C’est non seulement extrêmement grave, mais aussi très clair : le petit prodige que la finance a donné à la France ne s’arrêtera pas là.

Dans le collimateur, et surtout selon les directives de l’Union Européenne, la grande majorité de ce qui reste de la Sécurité Sociale de 1946 : l’Assurance maladie, les Accidents du Travail, les indemnités journalières…La branche recouvrement étant en train de suivre le même chemin que la branche vieillesse d’ailleurs : fusion avec les impôts, donc disparition, à moyen terme, des URSSAF.

Ceci est fort logique, d’ailleurs : du moment que l’on saccage un système qui, malgré tous les aléas (crises économiques, mais surtout baisse régulière des budgets, multiples exonérations de cotisations patronales voire suppression des cotisations salariales, toutes mesures constituant de fait, une asphyxie des budgets de ces organismes) , a tenu bon, et a permis que les citoyens et retraités de notre pays ne finissent majoritairement dans la misère -contrairement aux pays ayant adopté la retraite à points, ou par capitalisation, comme la Suède, ou ayant un système de protection sociale géré par le privé : au hasard les USA, champions du monde de l’inefficacité des soins pour un pays riche : espérance de vie en constant recul depuis 2016 et mortalité infantile très élevée, qui place ce pays « le plus riche du monde », qui dépense 16% de son PIB pour les soins (record mondial) à la 33ème place mondiale sur 35…

Petite précision concernant le vocabulaire, d’ailleurs : ce que les patrons appellent « charges » sont en fait des cotisations, c’est-à-dire du salaire socialisé. Ces cotisations font partie du salaire de manière indirecte, et n’appartiennent donc pas aux patrons, ou ne leur sont pas « imposées », comme Léa Salamé et compagnie aiment à le répéter à longueur d’antenne. Ces cotisations sont de la richesse créée par ceux qui font tourner la machine, et leur appartiennent. Elles sont redistribuées à travers ces Services Publics que sont l’Assurance maladie, l’Assurance vieillesse, l’Assurance-chômage…toutes choses que le gentil libéral macron-qui-protège s’emploie à détruire méthodiquement depuis trois ans maintenant.

 

Des raisons d’espérer

 

Là où on peut éviter de trop désespérer de ce qui se passe en ce moment, c’est qu’il y a quand même deux points intéressants : premièrement, une évolution des modes d’action de « ceux qui se battent ».

Il ne fait vraiment pas bon être lrem en ce moment... 

Leurs cérémonies de vœux, partout, sont chahutées.

Leurs permanences dégradées.

Leur campagne électorale, empêchée.

Leur tranquillité perturbée.

Leur morale, questionnée. Ou plutôt, leur absence de morale : comment peut-on appeler « une erreur » ce qui vient de se passer avec le vote contre l’allongement du congé accordé aux salariés en cas de mort de leur enfant ?

Et le fait même de voir dans leurs yeux de l’incompréhension pure et simple suffit à nous conforter : ces gens-là s’offusquent de « la violence » qui consiste à faire irruption chez eux, à perturber leurs petits cocktails entre amis, et il suffit de regarder l’incompréhension dans leurs yeux, d’écouter leurs paroles outrées pour se rendre compte avec effroi qu’ils sont convaincus d’être du bon côté de la barrière. Que les Français soient contre cette réforme inique dans leur grande majorité, ils s’en foutent : ils invoquent le fait que leur champion a été élu « pour mettre en œuvre son programme ». Et si d’aventure on leur fait remarquer qu’il a juste été élu pour « faire barrage au fn », ils bottent en touche… Ils représenteraient « la démocratie qu’on attaque »…

Mais au fond, qui est attaqué dans cette affaire, ceux qui majoritairement sont menacés dans leurs conditions d’existence (retraités, chômeurs, salariés, assurés sociaux etc.) par ces réformes antisociales, ou la « démocratie » du flashball ? La démocratie est décidément un concept bien commode pour assimiler un président mal élu, qui a magouillé depuis son entrée dans la vie active, homme de réseau et de copinages (contrairement à ce qu’il affirme en permanence)avec les principes républicains qui devraient s’appliquer à tous, et en particulier au sommet de l’état.

Quoiqu’il en soit, partout, ceux qui se font attaquer, les vrais dépossédés de cette affaire, passent la seconde : après les manifs plan-plan, Bastille-Nation (ou Vieux-Port-Castellane si vous êtes marseillais) une fois tous les quinze jours ou toutes les semaines, que la macronie adore (car ça lui permet de s’asseoir dessus en invoquant « la démocratie » et « la liberté d’expression »), ceux qui s’organisent, et organisent leur colère, adaptent leurs modes d’action à cette nouvelle réalité.

Et on ne peut dire, aujourd’hui, si « ça fonctionne » totalement, mais ça a l’air de fonctionner au moins partiellement : sur la bataille de l’opinion, le gouvernement est depuis le début des grèves, en minorité. Les sondages quasi quotidiens -autre signe que « les médias démocratiques et libres » sont à l’affût du moindre essoufflement qui leur permettrait de triompher…- sont stables depuis deux mois : 60 à 69% des français interrogés sont tout simplement opposés à cette réforme qui s’apparente tout simplement à une casse de la pierre angulaire de la Sécurité Sociale.

Chiffre remarquablement stable malgré la propagande intensive, et pour tout dire particulièrement lourdaude, des séides de la macronie, à longueur de journée et d’antenne, sur tous les supports : les Léa Salamé, les Christophe Barbier et autres Dominique Seux en seront pour leurs frais. Malgré la puissance entre leurs mains, les médias mainstream, possédés à 95% par 9 oligarques, n’ont pas réussi à convaincre les Français des bienfaits de cette réforme absolument dégueulasse. Il faut dire que la médiocrité des macronistes, leur amateurisme aussi, comme je l'ai dit plus haut, a beaucoup aidé également. 

Second point qui nous permet de ne pas immédiatement avoir envie de se suicider : la situation actuelle est la somme de toutes les situations passées…pour le dire autrement, si d’aventure, la destruction du système de retraites par capitalisation passait en force comme cela semble se dessiner, malgré l’avis majoritaire, et malgré l’état social du pays après plus d’un an de contestations sociales fortes…l’erreur politique majeure de macron serait consommée.

Car non seulement il le paierait dans les urnes -et là-dessus je fais partie de ceux qui pensent qu’il le sait, et qu’il s’en fiche, car il n’est pas là pour être réélu, mais pour accomplir le job-, mais surtout cette attitude préparerait la suite inéluctable des évènements historiques que notre pays vivra à court-moyen terme.

 

Mouvement souterrain

 

Un courant souterrain est à l’œuvre dans ce pays : le mouvement des gilets jaunes a été réprimé dans le sang, mais les gilets jaunes n’ont pas disparu. Ils ont muté, et se sont transformés : de larges pans de la population française, qui étaient auparavant dépolitisés, sont aujourd’hui conscientisés.

La vision du réel de centaines de milliers de personnes a changé : la vision de la police, des médias, de la justice, a énormément changé pour toute une catégorie de la population. La répression ahurissante qui s’est abattue sur ce soulèvement authentiquement révolutionnaire n’aura fait que remettre le couvercle sur la marmite des colères. Elle n’a rien réglé, elle a juste déplacé le problème dans le temps. Pas de retour en arrière possible pour des millions de français : désormais, ils savent.

Et ils préparent l’après : partout sur les ronds-points, dans les manifestations, des convergences sont opérées, et effectives. Alors oui, encore une fois ces couches de population sont minoritaires, mais il s’agit de minorités agissantes : le temps viendra où elles feront basculer le reste, la majorité silencieuse.

 

Révolutions

 

Et nous voyons ici trois scénarios probables se dessiner :

 

Scénario 1/ La macronie fait passer sa réforme en force, et la contestation est étouffée pour quelques mois.

 

Aux élections de 2022, la macronie appelle bien sûr à « faire barrage au fascisme » mais la manœuvre échoue. L’extrême droite est élue, et en quelques mois le pays s’enfonce dans la conflictualité, car de nombreux éléments de la société (à commencer par les cités), sont fortement antagoniques par essence avec ce type de régime. Il est possible que l’état de dictature permanent soit instauré, ce qui se traduira forcément par un effondrement du pays à court terme. La France n’étant pas, historiquement parlant, l’Allemagne ou les USA : l’opposition politique y est moins consensuelle, et fortement traversée par des courants révolutionnaires. Ce qui se traduira par une guerre civile.

Outre les cités, toute la Gauche radicale n’acceptera pas sans sourciller la menace qu’un gouvernement d’extrême droite fera peser sur elle. Il ne s’agira que d’une question de temps avant que ce pouvoir ne montre son vrai visage, d’ailleurs : encadrement voire interdiction des syndicats, instrumentalisation de la justice, lois d’exception permettant l’emprisonnement des opposants politiques, agressivité expansionniste à l'extérieur et « lâchage » contre les boucs-émissaires habituels à l’intérieur. Rien de bien reluisant, mais rien de définitif non plus…lrem, de ce point de vue, à montré la voie... 

 

Scénario 2/ La macronie fait passer sa réforme en force, mais la contestation ne faiblit pas, elle évolue de nouveau... 

 

Elle s’accentue, mute, et prend un tournant prévisible. A savoir, la résurgence de groupes de lutte armée, sur le modèle d’Action Directe, ou des Brigades Rouges des années de plomb en Italie. Cet enchaînement de faits est possible, car après tout, quand tous les moyens d’actions traditionnels ont échoué, que restera-t-il à certains ? Est-ce que les millions d’opposants à cette réforme se résigneront tous à leur sort, comme l’escompte la macronie ? Rien n'est moins sûr. Certes la majorité des français est pacifique, et même la majorité des gilets jaunes l'est. Mais lorsque la seule option est de n'en plus finir de crever, que vous reste-t-il ? 

Ce qui sera qualifié de « terrorisme » par le pouvoir -et a contrario permettrait à macron de renforcer son emprise, en instaurant l’état d’exception permanent, sur le modèle américain par exemple- prendra alors la forme peu enviable d’une déstabilisation permanente des institutions. Institutions complètement délégitimées par l’acte anti démocratique initial : appliquer une décision honnie par la majorité des français… Là aussi, le risque d’une guerre civile est très fort, mais le risque d’une « reprise en main » authentiquement dictatoriale (où à tout le moins, très autoritaire) est sans doute le plus probable.

La surveillance de masse, déjà bien amorcée, se généralisera. Au prétexte de lutte contre la sédition et le terrorisme, les libertés restantes seront encadrées, rognées, internet sera verrouillé sur le modèle chinois, et il deviendra carrément impossible d’exprimer un désaccord politique sans risquer l’emprisonnement grâce aux lois d’exception qui ne manqueront pas d’être votées « pour sauver la démocratie ».

 

Scénario 3/ L’effondrement de la macronie.

 

Peu probable en ce moment, mais pas impossible non plus à court terme, vu l’instabilité historique de ce gouvernement, sa fragilité intrinsèque, et les retournements accélérés de situation qui surviennent régulièrement.

Dès la mi-février le gouvernement tente de faire passer sa réforme coûte que coûte : passage par ordonnances, procédure accélérée à l’Assemblée, voire 49.3 si l’opposition arrive à ralentir la procédure avec une bataille d’amendements, par exemple. Une fois le simulateur de retraites du gouvernement mis en ligne, et quelques mois passés, les Français s’aperçoivent qu’ils devront cotiser entre 200 et 300 euros supplémentaires mensuels aux fonds de pensions et autres assurances, pour espérer avoir une retraite décente après une vie de travail, et ne pas finir à la soupe populaire.

 En quelques jours la contestation enfle, et passe un cap : plus de 6 millions de manifestants sur plusieurs journées, et le nombre augmente tous les jours. Rien n’y fait, ni les mensonges médiatiques, ni les violences policières, ni les manœuvres politiques et/ou des directions syndicales.

La contestation menace de devenir incontrôlable.

Macron serait alors lâché par ses soutiens, et il dissoudrait vraisemblablement l’Assemblée de Playmobils qui lui avait permis d’asseoir son pouvoir depuis 2017.

Les législatives verraient une cohabitation se mettre en place, mais bien sûr dans le carcan européiste actuel cela ne changerait absolument rien : la réforme serait au mieux, reportée…

Un macron « cramé », qui n’aurait d’autre choix que de se résigner à abandonner son programme, et à cohabiter, ne pourrait, vu le personnage, décemment continuer : cet individu a toujours raison, il n’y a qu’à le regarder et l’écouter pour s’en convaincre. Il serait donc logique qu’il démissionne dans la foulée, et que le président du Sénat prenne l’intérim, le temps d’organiser des élections anticipées…

Cet « entre-deux » pourrait être fatal au mouvement social : le risque de coup d’état serait très élevé, mais le risque qu’un remplaçant tout trouvé soit sorti par miracle du chapeau également. Dans la majorité des cas, si un candidat authentiquement progressiste émergeait du lot… il aurait du souci à se faire. Car les « démocraties » européennes n’hésiteraient pas, s’il était élu, à continuer d’exiger du président nouvellement élu ce qu’elles sont en mesure de lui imposer, comme à ses prédécesseurs : les fameuse"réformes structurelles", c'est à dire la vente à la découpe des Services Publics et de la Sécurité Sociale au privé. Ce président n’aurait alors que deux choix possibles : faire son Tsipras(et nous verrions alors revenir « la réforme » par la fenêtre !), ou sortir de l’UE.. 

Dans le premier cas, cela ressemblerait à notre scénario numéro deux décrit plus haut : qui pourrait accepter une capitulation en rase campagne, après des mois d’insurrection populaire ?

Mais, dans le second cas, cela signifierait l’explosion de l’UE …

 

Les mois qui viennent promettent d’être, dans tous les cas, très mouvementés.

 


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