Église catholique : Scandales d’abus sexuels et pédophilie

par Martin de Wallon
mardi 14 janvier 2020

La majorité des actes de pédophilie se déroulent dans les familles, comme dans les institutions scolaires ou dans d’autres religions.

La société dans son ensemble est devenue de plus en plus sensible sur les questions de pédophilie. Elle a été perçue comme ne mettant pas la priorité absolue sur la protection des enfants. Pour l'avenir, l'Église est attendue sur ce plan.

Il faut tout de même rappeler que l'Église catholique a été l'une des premières institutions à prendre en main ce problème, dès 1960. Il faut aussi dire que toutes les religions et confessions luttent contre ce problème. Évidemment, dans l'Église catholique, le fait que les prêtres soient célibataires a rendu le problème plus marquant.

Une déviance sexuelle

Nombre de pédophiles commettent leurs premiers abus au cours de leur jeunesse. Les traiter depuis leur enfance, d’après certains spécialistes, donne de bons résultats. Encore faut-il les identifier suffisamment tôt.

En effet, un adulte ne devient pas pédophile du jour au lendemain, par contre la peur et la haine qu’inspirent les pédophiles sont telles que les gens se refusent à comprendre à quel point ce que ces individus ont vécu dans leur enfance est important.

Tous sans exception ont eu une enfance qui ne devrait pas même être tolérée dans une société à visage humain. Selon une enquête, un quart d’entre eux ont subi des violences physiques, 74 % des violences émotionnelles, 71 % des violences sexuelles ; 92 % ont été exposés à la violence domestique et 73 % sont issus de familles brisées.

Certains spécialistes, notamment des pédopsychiatres, identifient une phase de développement, révélant une étape critique où les pédophiles commencent à nourrir des fantasmes sexuels et à amorcer un comportement préjudiciable à d’autres enfants. C’est à ce moment, s’ils ne sont pas aidés, que certains enfants sexualisés peuvent en venir à commettre des abus sexuels sur d’autres enfants à la maison ou à l’école, puis à se masturber devant des images sexuelles d’enfants et à s’installer dans des schémas de véritables violences sexuelles envers les enfants. La pédophilie concerne d’abord la déviance d’un individu. Pour autant, l’Eglise doit s’interroger sur les causes structurelles qui ont favorisé les abus en son sein. Parmi lesquelles : l’abus de pouvoir et certains discours sur la sexualité.

Pédophilie et célibat

Dans l’Église latine, l’appel au presbytérat n’est adressé qu’à des hommes qui, en réponse à l’appel de Dieu, choisissent librement de vivre la chasteté dans la continence. Ce choix de vie comporte des exigences. Il demande une bonne connaissance de soi et de ses limites, une maturité affective suffisante, la capacité à nouer des relations saines et heureuses, ainsi qu’une lucidité sur les joies et les difficultés du choix du célibat sacerdotal, notamment l’absence de relations sexuelles. Certes un tel choix de vie n’est pas toujours facile à vivre dans la durée et face aux aléas des rencontres. La vie conjugale, elle aussi est exigeante, et comporte ses joies et ses peines.

La notion de célibat est une excuse pour certains de tenter de comprendre la transgression des hommes de foi.

Les questions de la pédophilie relèvent de situations complexes et douloureuses face auxquelles il est nécessaire et urgent de lutter en apportant des éléments précis et concrets. L’Eglise doit, avec d’autres institutions, prendre une part active à ce combat, d’autant que l’opinion publique attend des prêtres une attitude irréprochable. Ce qui est le cas, faut-il le rappeler, de la très grande majorité des prêtres de notre pays.

Scandales sur la pédophilie

La plupart des témoignages concernent des faits commis depuis les années 50 à nos jours par des ecclésiastiques, mais aussi des professeurs de religion ou des accompagnateurs de mouvements de jeunesse. Il a été établi qu'aucune institution, ni aucun établissement scolaire, à plus forte raison lorsqu'il est doté d'un internat, n'échappe à l'abus sexuel de mineurs par un ou plusieurs de ses membres. La plupart des témoignages proviennent d'hommes et femmes, en moyenne âgés de 50 à 60 ans aujourd'hui. Leur calvaire a commencé alors qu'ils n'avaient en moyenne que 12 ans. Pour certains, les faits ont débuté alors qu'ils n'étaient âgés que de deux ou cinq ans.

Parmi les témoignages on retrouve notamment celui d'une femme abusée à l'âge de 17 ans par un prêtre, qui avait tenté de se confier à un évêque en 1983. Ce dernier lui aurait alors répondu : Cessez de le regarder, il vous laissera tranquille, rapporte-t-elle. « J'avais 17 ans quand la relation abusive a commencé », écrit une autre victime, exilée aujourd'hui aux États-Unis. Quand je ne passais pas chez lui le soir, il téléphonait à mes parents, leur donnait une raison pour que j'y aille, il était un grand ami de la famille ».


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