Elections en Israël : Netanyahou à nouveau premier ministre ?
par Alain Roumestand
mercredi 3 avril 2019
Analysons sans esprit partisan, sans a-priori dogmatique et idéologique, le pouvoir du premier ministre, en utilisant le logiciel de l'historien impartial.
B. Netanyahou est avant tout juif, israélite, sioniste, israëlien. Il ne manque jamais une occasion de fustiger les ennemis de son pays, de rappeler l'holocauste, la mort de millions de juifs et de se rapprocher de tous ceux qui peuvent servir son pays au regard de cette hyper- tragédie de la seconde guerre mondiale.
En octobre 2015 devant le congrès sioniste mondial il insiste sur le fait qu'Hitler a reçu le grand mufti de Jérusalem Husseini, antisémite pro-nazi patenté. Celui-ci suggérant à l'instigateur de l'holocauste, l'utilisation des chambres à gaz.
Il s'accorde avec le gouvernement polonais à propos de la loi mémorielle qui exonère les polonais dans l'extermination des juifs pendant la guerre. Il participe en Hongrie à la création d'un musée de l'holocauste.
Son père, historien, qui a consacré sa vie à l'histoire du peuple juif, son frère décédé dans l'opération de libération des otages de l'aéroport ougandais d'Entebbé en 1976, attestent d'une famille marquée par les combats pour l'existence de l'état d'Israël. Lui- même fait son service militaire dans les forces spéciales.
Pour lui, ennemis extérieurs et ennemis intérieurs se confondent. Il va même jusqu'à accuser la gauche israélienne d' amener les arabes voter. Pour lui les immigrés africains sont infiltrés, illégaux. Il théorise le terrorisme qui s'en prend à son pays et il va influencer ainsi tous les courants néo-conservateurs ( aux USA notamment).
Il craint un holocauste venu d'Iran et l'extinction possible du peuple d'Israël.
A la tête du Likoud il a pratiqué un vrai bras de fer contre Ariel Sharon qui voulait recentrer son parti dans un mouvement, Kadima, s'appuyant sur la droite et la gauche.
Il soutient Bachar el Assad en Syrie car il considère que c'est un moindre mal face à un Hesbollah fanatisé. Il délégitime Mahmoud Abbas chef de l'Autorité palestinienne face au Hamas intransigeant et s'affirme partisan de deux états dès 2009.
Il s'est opposé à la politique menée par le président Obama qui signe avec l' Iran un accord sur le nucléaire. Et lui que l'on nomme Bibi l'américain (car il a passé la moitié de sa vie aux USA où il est né en 1949) se rapproche des Républicains alors que la diaspora juive américaine vote majoritairement pour les candidats démocrates. Il s'appuie même auX USA sur les sionistes chrétiens proches du candidat Trump qui s'engage sur le transfert de l'ambassade US à Jérusalem.
L'Agence juive sera confiée au chef de l'opposition en Israël, le président du Congrès juif international s'oppose à lui : Netanyahou n'en a cure.
Il assiste à l'investiture du nouveau président brésilien Bolsonaro, qui décide lui aussi le transfert de son ambassade à Jérusalem.
Les "bibigates" ont beau s'accumuler contre lui depuis l'accusation portée, contre son épouse, d'un compte en dollars détenu aux USA, il est et reste populaire auprès de la population israélienne.
Lorsqu'il s'en prend à des ONG, 70% des israéliens pensent que les ONG portent tort à l'état d'Israël, et les lois qu'il fait voter à la Knesset ne sont dénoncées comme anti-démocratques que par une gauche israélienne divisée par ses soins, à coup de fakenews qu'il alimente lui-même.
Le seul contre- pouvoir officiel est la Cour suprême malgré la nomination de quelques juges conservateurs. Le président de l'état d'Israël peut s'opposer à lui sur la loi fondamentale, votée il y a peu, il est néanmoins en tête des sondages pour les élections législatives du 9 avril, réputé par ses adversaires comme habile et intelligent, incontournable et courtisé sur la scène internationale, par la Russie, la Chine, les USA, le Brésil, l'Inde.
Sa popularité vient sans doute du fait qu'il n'aime pas la guerre considérant qu'actuellement les guerres du fort au faible voient le faible l'emporter, mais qu'il peut se transformer en combattant quand il découvre, par exemple, les tunnels construits par le Hamas pour passer la ligne frontière clandestinement. Il lance des opérations en Syrie contre des cibles iraniennes. Il peut même s'inscrire en faux contre des avis des électeurs du sud du pays qui veulent en finir avec Gaza et le Hamas, mais mener une lutte sans merci à la suite des incidents avec des palestiniens à la clôture frontalière.
La société israélienne a changé, la lutte contre l'étatisme, le collectivisme, contre les "syndicats gangsters" a remplacé la lutte pour le maintien des valeurs travaillistes de départ, lors de la création de l'état d'Israël. Et surtout Israël s'estime menacé de disparition avec l'Iran (qui s'est imposé en Syrie notamment), avec l'Egypte et la crainte d'un retour au pouvoir des extrêmistes musulmans.